Les traductions araméennes du TaNaKh (targoum)

Depuis l’époque du Second Temple, il existait plusieurs traductions orales du TaNaKh en araméen élaborées par des Juifs. Ces traductions sont nommées par le terme de targoum (pluriel targoumim, un pluriel francisé en targoums est également utilisé par plusieurs spécialistes) et elles étaient récitées dans les synagogues en accompagnement de la lecture des textes hébreux pour un public de moins en moins hébraïsant. Comme beaucoup d’enseignants oraux, les différents targoumim ont été progressivement mis par écrits. Certains de ces targums élaborés en Palestine ont été adaptés et canonisés par les Sages de Babylonie. Ces targoums ont acquis un caractère officiel et ont peu à peu éclipsé d’autres traductions dites palestiniennes. Il s’agit pour la Torah du Targoum attribué à Onqelos (dit également Targum de Babylonie) et pour les Ketouvim du Targoum attribué à Jonathan Ben Ouziel (Talmud de Babylone, Traité Meguilla 3 a). Les autres traductions ont continué de survivre plus sporadiquement dans les communautés juives. Des auteurs juifs du Moyen-Âge — tels que Nahmanide (Moshe ben Nahman dit le Ramban) dans son commentaire sur la Torah et Nathan ben Yehiel dans son grand lexique du Talmud intitulé Aroukh — y font référence. Certains de ces targoums palestiniens figurent en regard du texte biblique dans les premières impressions des Bibles rabbiniques à la fin du XVIe siècle. Aujourd’hui, les spécialistes ont identifié les targoums suivants à travers des écrits rabbiniques et des découvertes archéologiques (Gueniza du Caire et Qoumran) :

Targoums de la Torah Targoums des Neviim Targoums des Ketouvim
1. Onqelos ou Targoum de Babylonie Jonathan ben Ouzziel Job
2. Yeroushalmi (ou Pseudo-Jonathan) Fragments Palestiniens Psaumes
3. Yeroushalmi II : Targoum de Jonas Proverbes
– Gueniza du Caire Chroniques
– Néofiti Les Cinq Méguillot :
– Cantique des Cantiques
– Ruth
– Lamentations
– Qohélet
– Esther

Aucune traduction française n’existe concernant les deux targoums « officiels » de la tradition juive. Cette situation peut sembler paradoxale d’autant que le texte original attribué à Onqelos figure à coté du texte hébreu de la Torah dans de nombreux ‘Houmash hébreu/français publié en France (voir exemples ci-dessous). En revanche, de nombreux autres targoums issus des traditions palestiniennes ont été traduits en français.

Bibliographie générale

Les Targoums Palestiniens de la Torah

Le Targoum Néofiti
Un targoum a été identifié par Alejandro Diez Macho dans le Collège des Néophytes à Rome en 1956 et dont le titre est targoum ḥoumash Yeroushalmi. Ce targoum complet de la Torah fut copié à Rome en 1504. Le targoum Néofiti est l’un des plus anciens et se situerait entre le Ier et le IIe siècle. Il semble que Néofiti ait pu avoir un caractère « officiel » chez les Rabbins de Palestine car les textes rabbiniques de la Mishnah, du Talmud de Jérusalem (Berakhot, Meguilla), du Midrash (Genèse Rabba, Psaumes) citent à plusieurs reprises des traductions araméennes qui se retrouvent dans le Néofiti (voir en anglais : M. McNamara, « Some early rabbinic citations and the Palestinian Targum to the Pentateuch », Rivista degli studi orientali Vol. 41, Fasc. 1, 1966, pp. 1-15).
Le Targoum Pseudo-Jonathan
Roger Le Déaut a publié un ouvrage qui présente côte à côte une traduction du Targoum Neofiti et du Targoum Yeroushalmi (ou Pseudo-Jonathan). La mise par écrit définitive du Targoum Yeroushalmi se situerait au début du IXe siècle. Il est cité à plusieurs reprises par le Rabbin Menahem Recanati (1250–1310) dans son commentaire de la Torah intitulé Perush Al ha-Torah :
  • Targum du Pentateuque, traduction et présentation de Roger Le Déaut, Le Cerf, collection Sources chrétiennes [1978-1981] :
    • Volume 1, Genèse (1978)
    • Volume 2, Exode et Lévitique (1979)
    • Volume 3, Nombres (1979)
    • Volume 4, Deutéronome (1980)
    • Volume 5, Index analytique (1981)
Responsa du Rav Haï ben Sherira Gaon
Le rabbin et historien Moïse Ginsburger a publié un extrait d’une lettre du rabbin babylonien Haï Gaon (939 – 1038) qui répond à une question qui lui a été posée concernant le statut du targoum de Palestine appelé ici « targoum eretz Israël » (sans préciser de quelle version il s’agit). Le Gaon répond que le targoum de Palestine peut être considéré comme « notre targum » en employant une expression talmudique qualifiant le Targoum d’Onqelos (TB Kiddouchine 49 a) :

Les Targoums des Ketouvim

Le Targoum des Psaumes
Le Targoum des Psaumes est cité dans le Midrash sous le titre général de Targum Yeroushalmi (Tan’houma) et par Nahmanide. Pour ce targoum, on pourra lire l’article suivant :
Le Targoum de Ruth
Le targoum de Ruth accompagne les éditions rabbiniques de la Bible. Il contient à la fois du matériel halakhique et aggadique. Il servait le culte synagogal lors de la fête de Shavouot (cf. Madeleine, Tardach, Midrash, p.129-132).
Le Targoum du Cantique des Cantiques
D’origine palestinienne, le Targoum du Cantique des Cantiques contient des traditions exégétiques anciennes, datées du Ier siècle av. l’ère commune. Sa réduction définitive est quant à elle plus tardive. Ce targoum est connu et cité par Nahmanide — sous le titre de Targum Yeroushalmi — dans son commentaire d’Exode 30,34 (cf. Madeleine, Tardach, Midrash, p.134-135). Il existe plusieurs éditions de ce texte en français :
Le Targoum de Qohelet
Le targoum de Qohelet est probablement d’origine palestinienne. Sa date de rédaction se situerait entre 500 et 1100 (Madeleine, Tardach, Midrash, p.143-144).
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