Yoré Déa | יורה דעה
Des animaux purs et des animaux impurs | הלכות סימני בהמה וחיה טהורה
Jean de Pavly & R. Abel Neviasky (1899)
Introduction des traducteurs
Après avoir indiqué les deux marques distinctives des quadrupèdes purs : la rumination et la fourchure des pieds, l’Écriture (Deuter., XIV 4) énumère les animaux purs; alors que chez les oiseaux (ibid., 12, et Levit., XI, 3), elle spécifie les animaux impurs. Le Talmud (traité ‘Houlin, 63b) en déduit que, chez les quadrupèdes, c’est le nombre des impurs qui l’emporte sur celui des purs, tandis que, chez les oiseaux, il en est autrement. C’est donc par raison de brièveté que l’Écriture énumère les purs de ceux-ci et les impurs de ceux là : תניא רבי אומר גלוי וידוע לפני מי שאמר והיה העולם שבהמה טמאה מרובה מן הטהורות לפיכך מנה הכתוב בטהורה.
Quant aux raisons qui ont motivé la prohibition de certains animaux, elles peuvent être hygiéniques ou mystiques. Ainsi Strabon (liv. XVI) attribue le tempérament vindicatif des Arabes à la quantité de chair de chameau qu’ils mangent. Hippocrate attribue au lapin et au lièvre la propriété d’échauffer et d’engendrer le « tempérament mélancolique » (Sanctorius, Med, Statist., section III, aphor. 23). Les Égyptiens avaient le porc en horreur, vu les maladies lépreuses qu’il occasionne encore dans cette contrée. Il paraît que les anciens Arabes ne mangeaient pas de la chair de pourceau; et leur Prophète, par sa défense, semble n’avoir fait que suivre l’aversion commune de la nation pour cette viande (Solin, De Arab. XXXIII). Mahomet, qui a copié les Juifs sur tous les articles d’aliments défendus, telle que la défense du sang, de la chair de porc et de tout animal qui meurt de mort naturelle, etc., permet cependant la chair de chameau.
Plusieurs personnes pieuses d’entre les Chrétiens de la primitive Église s’abstenaient de vin et de viande de porc (Hyeronim., In Sorani, liv. II, chap. 6). Quelques-uns même1 allèrent jusqu’à en condamner l’usage, comme étant un grand péché (Hyde, De rel. vet. Pers., chap. XXI). L’usage de la chair de cheval, nous apprend un philosophe hindou, prédispose à la paresse (Madhousou dana Saraswati’, dans le Prast’ hâna-bhêda, IV, 3) ; celui de la chair de fauves et d’oiseaux de proie, nous dit un autre auteur (Atharva-Veda, III, 6, 2), prédispose à la cruauté et à la rapacité. D’après Diodore de Sicile (livre II, chap. 26), la chair de poissons sans écailles était regardée, en Perse, comme « agent des fièvres ». Une loi de Numa avait exclu ces poissons des festins en l’honneur des dieux (Pline, liv. XXXII, chap. 3).
À côté des marques distinctives des animaux purs (§§ 79, 80, 82, 83 et 85), le présent traité s’occupe aussi des aliments émanant des animaux impurs (דברים היוצאים מן החי), tels que le lait (§ 81), les œufs (§ 86), etc.
1 C’était l’hérésie des Encratites et Aquariens. Le mage Khwaf aussi en déclara l’usage illégitime ; mais ce fut après le temps de Mahomet. Cf. Smith, De Moribus et Institulis Turcar., ep. II, p. 28.
Rituel du judaïsme. Traduit pour la première fois sur l’original chaldéo-rabbinique et accompagné de notes et remarques de tous les commentateurs, par Jean de Pavly avec le concours de M. A. Neviasky. Quatrième traité : Des animaux purs et impurs. Orléans, 1899. [Version numérisée : archive.org].