Pirkei Avot | משנה אבות

Le Traité des Pères

Traduction Moïse Schuhl (1878)


Chapitre 1

1. Moïse a reçu la Loi[1] sur le Sinaï et l’a transmise à Josué. Josué l’a transmise aux anciens, et les anciens aux prophètes ; ceux-ci à leur tour l’ont transmise aux membres de la Grande Synagogue[2] . Ces derniers ont émis les trois maximes suivantes : « Soyez circonspects dans vos jugements ; formez de nombreux disciples ; et faites une haie[3] autour de la Loi. »

2. Siméon le Juste, un des derniers membres de la Grande Synagogue, disait : « Le monde repose sur trois bases : sur l’étude de la Loi, sur le culte et sur la charité. »

3. Antigone de Socho, disciple de Siméon le Juste, disait : « Ne soyez pas comme des serviteurs qui servent leur maître afin de recevoir un salaire ; mais soyez comme des serviteurs qui servent leur maître sans attendre aucune rémunération[4] , et soyez pénétrés de la crainte de Dieu. »

4. Iosée, fils de Ioézer, de Zéréda, et Iosée, fils de Iochanan, de Jérusalem, furent les continuateurs de la tradition, après Antigone de Socho et Siméon le Juste. Iosée, fils de Ioézer, de Zéréda, disait : « Que ta maison soit un lieu de réunion pour les savants ; baise la poussière de leurs pieds, et recueille[5] leurs paroles avec avidité. »

5. Iosée, fils de Iochanan, de Jérusalem, disait : « Que ta maison soit largement ouverte (à tous), et que les pauvres soient considérés comme membres de ta famille[6] . Ne multiplie pas les conversations (inutiles) avec les femmes avec ta femme, disent les sages, à plus forte raison avec la femme de ton prochain. De là la sentence des sages : Celui qui s’entretient trop avec les femmes s’attire du mal, néglige l’étude de la Loi, et finira par aller en enfer[7] . »

6. Josué, fils de Perachiah, et Nitaï d’Arbel furent les continuateurs de la tradition après les deux docteurs cités précédemment. Josué, fils de Perachiah, disait : « Procure-toi un précepteur, acquiers-toi un compagnon d’étude, et juge tout le monde avec indulgence[8] . »

7. Nitaï d’Arbel disait : « Éloigne-toi d’un méchant voisin[9] , ne te lie pas avec l’impie, et ne t’imagine pas que tu échapperas au châtiment[10] (que tu as mérité). »

8. Iehouda, fils de Tabbaï, et Siméon, fils de Schatach, furent les disciples de ces derniers. Iehouda, fils de Tabbaï, disait : « Ne t’érige[11] pas toi-même en juge[12] . Aussi longtemps que les plaideurs sont devant toi, considère-les tous deux comme également coupables[13]  ; mais dès qu’ils t’auront quitté, regarde-les comme innocents puisqu’ils se sont soumis à ton jugement. »

9. Siméon, fils de Schatach, disait : « Interroge longuement les témoins[14]  ; et pèse bien les paroles que tu leur adresses, afin qu’ils n’apprennent point par elles à fausser la vérité. »

10. De Rabbi lehouda, fils de Tabbaï, et de Siméon, fils de Schatach, la tradition passa à Schemayah et à Abtalion. Schemayah disait : « Aime le travail[15] , fuis les honneurs[16] , et ne recherche point la faveur des grands[17] . »

11. Abtalion disait : « Sages, mesurez vos paroles[18]  ; car vous pourriez être condamnés à l’exil et déportés dans un endroit où les eaux sont malsaines[19]  ; les disciples qui vous suivent pourraient en boire et mourir, et le nom du Seigneur serait ainsi profané. »

12. Après Schemayah et Abtalion, la tradition fut continuée par Hillel et Schammaï. Hillel disait : « Soyez les disciples (les imitateurs) d’Aaron, qui aimait la paix et la recherchait sans cesse, qui aimait les hommes et les amenait à l’étude de la Loi. »

13. Hillel disait aussi : « Celui qui veut acquérir une trop grande célébrité, perd même la réputation dont il jouit déjà[20] . Celui qui n’ajoute pas à ses connaissances, les diminue. Celui qui ne cherche à s’instruire n’est pas digne de vivre. Celui qui se sert de la couronne de la Loi (dans une vue intéressée) [21] périra. »

14. Le même Hillel disait encore : « Si je n’ai pas soin de moi, qui donc aura soin de moi ? Et si je prends soin de moi, que suis-je ? Et si ce n’est pas maintenant, quand le pourrai-je[22]  ? »

15. Schammaï disait : « Fais de l’étude de la Loi ton occupation principale[23] . Parle peu et agis beaucoup[24]  ; et accueille tout le monde avec affabilité[25] . »

16. Rabban Gamaliel disait : « Adresse-toi au maître (au docteur de la Loi) pour éviter le doute ; et ne donne pas la dîme par approximation. »

17. Siméon, fils du précédent, disait : « J’ai passé toute ma vie au milieu des sages, et je n’ai rien trouvé de plus salutaire que le silence[26] . Ce n’est pas l’étude qui est l’essentiel, mais la pratique[27] . Celui qui parle trop occasionne des péchés[28] . »

18. Rabbi Siméon, fils de Gamaliel[29] , disait : « Le monde se maintient par trois choses[30]  : par la vérité, la justice et la concorde, ainsi qu’il est dit (Zacharie, VIII, 16) : “Faites régner dans vos murs la vérité, la justice et la paix.” »

Chapitre 2

1. Rabbi[31] disait : « Quelle est la bonne voie que l’homme doit choisir ? C’est celle qui l’honore à ses propres yeux et qui lui procure l’estime des hommes. Applique-toi à observer les préceptes les moins importants aussi bien que les préceptes les plus graves[32] , car tu ne sais pas quelle est la récompense attachée à l’accomplissement de chacun d’eux. Compare la perte que pourra t’occasionner une bonne action avec la récompense qu’elle te procurera, et aux avantages que tu peux retirer d’un péché, oppose la peine qu’il te fera subir[33] . Pénètre-toi de ces trois choses, et tu ne tomberas pas dans le péché : Sache qu’il y a au-dessus de toi un œil qui voit tout, une oreille qui entend tout, et n’oublie pas que toutes tes actions sont inscrites dans le livre[34] . »

2. Rabban Gamaliel, fils de Rabbi Iehouda ha-Nasi, disait : « Il est beau de joindre l’étude des lois religieuses à celle des lois sociales[35] , car le respect pour les unes et pour les autres nous fait éviter le mal. Toute étude religieuse qui n’est pas accompagnée d’un travail[36] est stérile et conduit au péché. Que ceux qui s’occupent des intérêts publics le fassent dans des vues religieuses[37]  ; ils seront soutenus dans leur tâche par le mérite de leurs ancêtres ; le souvenir de leur équité subsistera à jamais, et Dieu leur tiendra compte du bien qu’ils ont voulu faire, comme s’ils l’avaient fait[38] . »

3. Il disait aussi : « Soyez circonspects dans vos relations avec les grands, car ils ne se rendent accessibles que lorsque leur intérêt le leur commande[39]  : ils se disent vos amis quand ils ont besoin de vous ; mais si vous êtes dans l’adversité, ils vous refusent leur appui[40] . »

4. Le même disait encore : « Exécute sa volonté (celle de Dieu) comme la tienne, afin qu’il considère ta volonté comme la sienne. Sacrifie ton désir au sien, afin qu’il sacrifie à ton désir celui des autres. »

5 (Mishna 4). Hillel disait : « Ne te sépare pas du public[41] . Ne réponds pas de ta vertu avant le jour de ta mort[42] . Ne juge pas ton prochain avant que tu te sois trouvé dans la même situation que lui. Ne t’exprime pas en termes inintelligibles dans l’espoir d’être compris plus tard. Ne dis pas[43]  : j’étudierai quand j’aurai le temps ; peut-être n’auras-tu pas le temps. »

6 (Mishna 5). Il disait aussi : « Le sot ne craint pas le péché, et l’ignorant ne peut être véritablement pieux[44] . L’élève timide n’apprend rien[45] , et le maître irascible enseigne mal. Celui qui se laisse trop absorber par le commerce n’acquiert pas la sagesse[46] . Là où il n’y a pas d’hommes[47] , efforce-toi d’être un homme. »

7 (Mishna 6). Hillel aussi, voyant un jour un crâne flotter sur l’eau, dit : « Parce que tu as noyé d’autres personnes, tu as été noyé toi-même ; et ceux qui t’ont noyé seront noyés à leur tour. »

8 (Mishna 7). Le même disait : « Augmenter sa chair, c’est augmenter les vers[48]  ; augmenter sa fortune, c’est augmenter ses soucis[49]  ; plus on a de femmes, plus on a de superstition dans sa maison ; plus on a de servantes, plus on voit s’accroître l’inconduite ; plus on a de serviteurs, plus on est volé[50] . Augmenter ses connaissances religieuses, c’est prolonger sa vie ; augmenter le nombre de ses élèves, c’est perfectionner son instruction[51]  ; consulter souvent développe la prudence ; faire beaucoup d’actes de charité, c’est propager la concorde. Celui qui acquiert une bonne réputation se procure un bien (dont il profite ici-bas) ; mais celui qui acquiert la connaissance de la Loi divine se procure la vie éternelle. »

9 (Mishna 8). Rabbi Iochanan, fils de Zaccaï, continua la tradition après Hillel et Schammaï ; il disait : « Si tu t’es beaucoup appliqué à l’étude de la Loi, ne t’en fais pas un mérite, car c’est pour cela que tu as été créé. »

10 (Mishna 8). Rabbi Iochanan, fils de Zaccaï, avait cinq disciples, savoir : Rabbi Éliézer, fils d’Hyrcan ; Rabbi Josué, fils de Chanania ; Rabbi Josée le Cohen (prêtre) ; Rabbi Siméon, fils de Nathaniel, et Rabbi Éléazar, fils d’Arach.

11 (Mishna 8). Voici comment il caractérisait leur mérite : « Éliézer, fils d’Hyrcan, est une citerne bien cimentée qui ne perd pas une goutte de ses eaux[52]  ; Josué, fils de Chanania, heureuse celle qui lui a donné le jour ; Iosée le Cohen est un homme pieux ; Siméon, fils de Nathaniel, craint le péché ; et Éléazar, fils d’Arach, est comme une source qui va toujours en grossissant. »

12 (Mishna 8). Il disait aussi : « Si tous les sages d’Israël se trouvaient dans un des plateaux d’une balance et Éliézer, fils d’Hyrcan, dans l’autre, il l’emporterait sur tous. » Abba Saül rapporte ainsi cette parole : « Si tous les sages d’Israël, y compris même Éliézer, fils d’Hyrcan, se trouvaient dans un plateau de la balance et qu’Éléazar, fils d’Arach, se trouvât dans l’autre, il l’emporterait sur tous. »

13 (Mishna 9). Un jour Rabbi Iochanan dit à ses disciples : « Qu’y a-t-il, à vos yeux, de plus avantageux pour l’homme ? » Rabbi Éliézer répondit : « Le contentement[53] . » Rabbi Josué : « Un ami sincère. » Rabbi Iosée : « Un bon voisin[54] . » Rabbi Siméon : « La prévoyance[55] . » Rabbi Éléazar : « Un bon cœur. » « Je préfère, répliqua le maître, l’opinion d’Éléazar, fils d’Arach, car vos réponses sont contenues dans la sienne[56] . »

14 (Mishna 9). « Maintenant, continua-t-il, dites-moi ce que l’homme doit éviter avec le plus de soin. » Rabbi Éliézer répondit : « Le mécontentement [57]  ». Rabbi Josué : « Un ami faux. » Rabi Iosée : « Un mauvais voisin ». Rabbi Siméon : « Celui qui emprunte et ne paye pas, car emprunter à l’homme, c’est emprunter à Dieu[58] , ainsi qu’il est écrit (Psaumes, XXXVII, 21) : “L’impie emprunte et ne paye pas, mais le juste est compatissant et donne avec générosité” ». Rabbi Éléazar dit : « La chose la plus pernicieuse, c’est un mauvais cœur. » « Je préfère encore l’opinion d’Éléazar, fils d’Arach, répliqua le maître, car vos réponses sont contenues dans la sienne[59] . »

15 (Mishna 10). Ces disciples ont chacun émis trois maximes. Rabbi Éliézer disait : « Que l’honneur de ton prochain te soit aussi cher que le tien[60] , et ne sois pas prompt à te mettre en colère. Fais pénitence un jour avant ta mort[61] . Chauffe-toi au feu des savants, mais prends garde de t’y brûler[62] , car leur morsure est comme celle du renard, leur piqûre comme celle du scorpion, leur sifflement est le sifflement de la vipère, et toutes leurs paroles sont comme des charbons ardents. »

16 (Mishna 11). Rabbi Josué disait : « L’envie[63] , les mauvaises passions et la misanthropie abrègent la vie de l’homme[64] . »

17 (Mishna 12). Rabbi Iosée disait : « Que les intérêts de ton prochain te soient aussi chers que les tiens. Applique-toi à étudier la Loi, car on n’en acquiert pas la connaissance par héritage[65] . Que le but de toutes tes actions soit de plaire à Dieu. »

18 (Mishna 13). Rabbi Siméon disait : « Sois exact à réciter le Schema[66] et à faire ta prière ; quand tu pries, ne considère pas la prière comme une affaire d’habitude[67] , mais comme une humble supplication adressée au Seigneur, de qui il est dit (Joël, II, 13) : “Car il est clément et miséricordieux, tardif à la colère, plein de grâce et revenant sur sa rigueur.” Ne te considère pas comme impie à tes propres yeux[68] . »

19 (Mishna 14). Rabbi Éléazar disait : « Étudie assidûment la Loi sacrée, et apprends à réfuter les arguments des incrédules. Considère pour qui tu travailles[69] et quel est le maître qui te rémunérera selon tes efforts. »

20 (Mishna 15). Rabbi Tarphon disait : « La journée est courte[70] et le travail considérable ; les ouvriers sont indolents, cependant le salaire est important et le maître presse. »

21 (Mishna 16). Le même disait : « Tu n’es pas obligé d’achever le travail, mais tu n’es pas non plus libre de t’y soustraire complètement[71] . Si tu as bien étudié la Loi, ta récompense sera grande et ton maître sera fidèle à acquitter le salaire de ton travail ; mais sache que la véritable récompense des justes est réservée pour le monde à venir[72] . »

Chapitre 3

1. Akabia, fils de Mahalallel, disait : « Pénètre-toi de ces trois choses et tu éviteras le péché : pense à ton origine et à ta fin[73] , et rappelle-toi devant qui tu auras un jour à rendre compte de tes actions. Ton origine, c’est une vile matière[74]  ; ta fin, c’est la tombe où tu deviendras la pâture des vers[75] . Et celui à qui tu auras à rendre compte de tes actions, c’est le Roi des rois, le Saint, béni soit-il. »

2. Rabbi Chanina, suppléant du grand-prêtre, disait : « Prie pour le salut de ceux qui sont à la tête de l’État, car, sans la crainte qu’ils inspirent, les hommes s’entre-dévoreraient[76] . »

3 (Mishna 2). Rabbi Chanania, fils de Téradion, disait : « Si deux hommes se trouvent ensemble et ne s’entretiennent pas de la Loi (sacrée), leur réunion est une réunion d’hommes frivoles, dont il est dit : (Psaumes, I, 1) : “Heureux celui qui ne siège pas parmi les hommes frivoles.” Mais si deux hommes, se trouvant ensemble, s’entretiennent de la Loi, le Seigneur résidera au milieu d’eux[77] , ainsi qu’il est dit (Malachie, 1, 16) : “Ceux qui craignent Dieu s’entretiennent l’un avec l’autre ; l’Éternel prête l’oreille à leurs paroles et inscrit leur mérite dans le livre du souvenir, établi pour ceux qui craignent l’Éternel et qui respectent son nom.” Dans ce verset de Malachie, il est question au moins de deux hommes ; mais si un homme isolé s’occupe de l’étude de la Loi, sera-t-il aussi récompensé de Dieu ? Oui, car il est dit (Lamentations, III, 28) : “Celui qui est seul et se livre à la méditation aura sa part assurée[78] .” »

4 (Mishna 3). Rabbi Siméon disait : « Si trois hommes qui mangent à la même table ne s’entretiennent pas de la Loi, c’est comme s’ils mangeaient d’un sacrifice offert aux idoles, ainsi qu’il est dit (Isaïe, XXVIII, 8) : “Toutes leurs tables sont remplies de mets immondes, car Dieu en est absent[79] .” Mais si trois hommes, mangeant à la même table, s’entretiennent de la Loi, c’est comme s’ils mangeaient à la table du Seigneur, dont il est écrit (Ézéchiel, XLI, 22) : “C’est ici la table qui est devant l’Éternel.” »

5 (Mishna 4). Rabbi Chanina, fils de Chakinaï, disait : « Celui qui, ne dormant pas la nuit ou voyageant seul, ne songe qu’à des choses vaines, compromet[80] sa vie. »

6 (Mishna 5). Rabbi Nechounia, fils de Hakkanah, disait : « Celui qui se soumet aux lois religieuses sera délivré du joug des exigences politiques et sociales[81]  ; mais celui qui se soustrait à l’autorité des lois religieuses deviendra l’esclave des exigences politiques et sociales[82] . »

7 (Mishna 6). Rabbi Chalaphta, fils de Dosa, de Kefar Chananiah, disait : « Si dix hommes se réunissent pour s’occuper de l’étude de la Loi, l’Éternel résidera au milieu d’eux, ainsi qu’il est dit (Psaumes, LXXXII, 1) : “Dieu assiste aux assemblées[83] divines”. Il en est de même de cinq, de trois ou de deux[84] hommes qui s’entretiennent de sujets religieux. Enfin, si un homme seul médite la Loi, il est également inspiré par la présence de Dieu, ainsi qu’il est dit (Exode, XX, 24) : “Partout où mon nom sera invoqué, je viendrai vers toi et je te bénirai.” »

8 (Mishna 7). Rabbi Éléazar de Bartotha disait : « Donne-lui (à Dieu) ce qui est à lui, car toi et tout ce que tu as, vous êtes à lui. C’est ainsi que David a dit (I, Chroniques, XXIX, 14) : “Car tout vient de toi et ce que nous t’offrons vient de ta main.” »

9 (Mishna 7). Rabbi Jacob disait : « Celui qui, en voyageant, médite la Loi et interrompt sa méditation pour s’écrier : Que cet arbre est beau ! que ce champ est bien cultivé ! celui-là, selon l’Écriture[85] , compromet sa vie[86] . »

10 (Mishna 8). Rabbi Dostaï, fils de Iannaï, disait : « Celui qui oublie[87] ce qu’il a appris, compromet sa vie[88] , car il est dit (Deut. IV, 9) : “Garde-toi bien, pour ton salut, d’oublier les choses que tes yeux ont vues.” Mais cela s’applique-t-il aussi à celui qui oublie parce qu’il n’a pas bien compris[89]  ? Non, car l’Écriture ajoute (Deut. l. c.) : “Que ces choses ne sortent jamais de ton cœur[90] .” Ainsi l’on n’est coupable que lorsqu’on les oublie par une négligence volontaire. »

11 (Mishna 9). Rabbi Chanina, fils de Dosa, disait : « Si vous placez la crainte du péché au-dessus de la sagesse[91] , votre sagesse se maintiendra ; mais si vous mettez la sagesse au-dessus de la crainte du péché, votre sagesse ne saurait être durable[92] . »

12 (Mishna 9). Le même disait : « Si vos bonnes œuvres surpassent votre science[93] , vous verrez votre science se maintenir ; mais si votre science est supérieure à votre vertu, elle ne se maintiendra pas. »

13 (Mishna 10). Il disait encore : « Celui qui est aimé des hommes est aussi aimé de Dieu[94] , et celui qui n’est pas aimé des hommes n’est pas non plus aimé de Dieu. »

14 (Mishna 10). Rabbi Dosa, fils de Horkinas, disait : « Le sommeil du matin[95] , le vin de midi[96] , les conversations frivoles[97] et la fréquentation des ignorants abrègent la vie de l’homme. »

15 (Mishna 11). Rabbi Éléazar de Modéïn disait : « Celui qui profane les choses saintes, qui affecte du dédain pour les fêtes religieuses, qui fait rougir son prochain en public[98] , qui enfreint l’alliance de notre père Abraham[99] , et qui donne une fausse interprétation à la loi divine, un tel homme, eût-il étudié la Loi et exercé de bonnes œuvres, n’aura point part à la vie future. »

16 (Mishna 12). Rabbi Ismaël disait : « Sois empressé envers le chef[100]  ; sois bienveillant pour la jeunesse, et accueille tout le monde avec aménité[101] . »

17 (Mishna 13). Rabbi Akiba disait : « La raillerie et la légèreté conduisent l’homme au libertinage. — La Massorah (tradition) est le rempart de la Loi[102]  ; la dîme est le rempart de la fortune[103]  ; les vœux sont le rempart de l’abstinence[104] , et le rempart de la sagesse, c’est le silence[105] . »

18 (Mishna 14). Il disait aussi : « L’homme est aimé de Dieu, puisqu’il a été créé à son image ; une preuve plus grande de cet amour, c’est que Dieu a annoncé à l’homme qu’il l’a créé à son image[106] . Les Israélites sont aimés de Dieu puisqu’ils ont été appelés ses enfants ; une preuve plus grande de cet amour, c’est que Dieu lui-même les a appelés de ce nom, comme il est dit[107]  : “Vous êtes les enfants de l’Éternel votre Dieu.” Les Israélites sont aimés de Dieu, puisqu’il leur a donné un joyau précieux ; une preuve plus grande de cet amour, c’est que Dieu leur a annoncé lui-même qu’il leur a donné ce joyau précieux pour lequel il avait créé le monde, ainsi qu’il est dit[108]  : “Je vous ai donné une bonne doctrine, c’est ma loi ; ne l’abandonnez pas.” »

19 (Mishna 15). « Dieu prévoit tout, et cependant l’homme a son libre arbitre. Le monde est jugé avec bienveillance, et tout dépend de la majorité des œuvres. »

20 (Mishna 16). Il disait encore : « Tout est fourni moyennant gage ; un filet est tendu sur tous les vivants[109]  : l’entrée du magasin est libre[110] et le marchand fait crédit[111]  ; mais le registre est ouvert et une main inscrit[112] . Quiconque veut emprunter peut venir, on lui prêtera ; mais les collecteurs font chaque jour leur tournée et se font rembourser bon gré mal gré[113]  ; ils ont des titres sur lesquels ils peuvent appuyer leur droit, et le jugement qu’ils exécutent est conforme à l’équité. Tout sera en règle à l’époque du grand festin[114] . »

21 (Mishna 17). Rabbi Éléazar, fils d’Azariah, disait : « Sans la loi, point de bonnes mœurs ; sans mœurs, point de loi. Sans la sagesse, point de piété ; sans la piété, point de sagesse. Sans la science, point d’intelligence ; sans l’intelligence, point de science. Sans pain, point d’étude[115]  ; sans étude[116] , point de pain. »

22 (Mishna 17). Il disait aussi : « Celui dont la science[117] surpasse les œuvres ressemble à un arbre qui a beaucoup de branches et peu de racines[118]  ; vienne une tempête, il est déraciné et jeté à terre, ainsi qu’il est dit (Jérémie, XVII, 6) : “Il sera comme la bruyère[119] dans une lande, il ne jouira pas de l’arrivée du beau temps, il habitera « les lieux arides dans le désert, dans un terrain stérile et inhospitalier.” Mais celui dont les œuvres surpassent la science ressemble à un arbre qui a peu de branches et beaucoup de racines ; tous les vents du monde se déchaîneraient contre lui, qu’ils ne parviendraient pas à l’ébranler, ainsi qu’il est dit (Jérémie, XVII, 8) : “Il sera comme un arbre planté sur le bord de l’eau, qui étend ses racines vers la rivière ; lorsque les grandes chaleurs arriveront, il ne s’en apercevra même pas ; ses feuilles seront toujours vertes ; il ne redoutera point les années stériles, et il ne cessera pas de produire des fruits.” »

23 (Mishna 18). Rabbi Éléazar, fils de Chisma, disait : « Les prescriptions relatives aux Kinnin[120] et à la Niddah[121] constituent des lois essentielles (qu’il importe d’étudier) ; l’astronomie et la géométrie sont des sciences préparatoires[122] . »

Chapitre 4

1. Ben Zoma disait : « Quel est le vrai sage ? C’est celui qui ne dédaigne les leçons de personne, ainsi qu’il est dit (Psaumes, CXIX, 99) : “J’ai mis à profit les leçons de tous mes maîtres[123] .” Quel est le véritable héros ? C’est celui qui sait vaincre ses passions, ainsi qu’il est dit (Proverbes, XVI, 32) : “Celui qui peut réprimer sa colère est plus fort qu’un héros, et l’homme qui est maître de ses passions surpasse celui qui s’empare des villes[124] .” Quel est le vrai riche ? C’est celui qui est content de son sort[125] , ainsi qu’il est dit (Psaumes, CXXVIII, 2) : “Si tu te nourris du travail de tes mains, tu seras heureux et content ; heureux dans ce monde et content dans l’autre.” Qui est digne de respect ? Celui qui respecte son prochain ; il est dit (I Samuel, II, 30) : “J’honore ceux qui m’honorent, et ceux qui me méprisent seront méprisés.” »

2. Ben Azaï disait : « Accomplis avec empressement les préceptes même peu importants[126] , et évite le péché ; car une bonne œuvre en amène une autre, et un péché attire un autre péché[127] . La récompense d’une bonne œuvre est d’être suivie d’une nouvelle bonne œuvre, et la conséquence d’un péché est de nous conduire à pécher encore[128] . »

3. Il disait aussi : « Ne dédaigne aucun homme[129] , et ne rejette aucune chose ; car il n’y a point d’homme qui n’ait son heure, et il n’y a pas de chose qui ne trouve sa place. »

4. Rabbi Levitas de Jamnia disait : « Sois humble, bien humble ; car la destinée de l’homme, c’est de devenir la pâture des vers[130] . »

5 (Mishna 4). Rabbi Iochanan, fils de Berokah, disait : « Celui qui profane le nom du Seigneur en secret sera puni publiquement, que ce sacrilège ait été commis avec préméditation ou par légèreté. »

6 (Mishna 5). Rabbi Ismaël disait : « Celui qui étudie la Loi pour l’enseigner parvient à s’y instruire et à l’enseigner ; et celui qui l’étudie pour l’accomplir parvient à s’y instruire, à l’enseigner et à l’accomplir. »

7 (Mishna 5). Rabbi Tzadok disait : « Ne fais pas de l’étude sacrée une couronne pour t’enorgueillir ni un instrument[131] de travail. Car ainsi a dit Hillel[132]  : “Celui qui se sert de la couronne de la loi (dans une « vue intéressée) périra.” D’où l’on peut conclure que celui qui tire du profit de l’étude sacrée compromet son salut éternel. »

8 (Mishna 6). Rabbi Iosée disait : « Celui qui honore la Loi (la religion) sera lui-même honoré des hommes, et celui qui la traite avec mépris sera lui-même méprisé des hommes. »

9 (Mishna 7). Rabbi Ismaël, fils du précédent, disait : « Celui qui évite les procès[133] se préserve de la haine, du vol et du parjure. Le juge qui tire vanité de ses fonctions est insensé, méchant et orgueilleux. »

10 (Mishna 8). Il disait aussi : « Ne juge jamais seul, car il n’appartient qu’à celui qui est unique (à Dieu) de juger seul ; et ne dis pas aux juges qui siègent avec toi : “Adoptez mon opinion” ; car ils doivent être libres dans leur jugement, et c’est à toi à te soumettre au leur[134] . »

11 (Mishna 9). Rabbi Jonathan disait : « Celui qui accomplit la loi de Dieu dans l’indigence, l’accomplira un jour dans l’opulence ; et celui qui la transgresse dans l’opulence, la transgressera un jour dans l’indigence. »

12 (Mishna 10). Rabbi Méir disait : « Restreins tes affaires, pour pouvoir t’occuper aussi de l’étude de la loi[135] . Sois humble en face de tout le monde[136] . Si tu commences à négliger l’étude sacrée, tu trouveras toujours de nouveaux empêchements[137]  ; mais si tu t’en occupes avec zèle, Dieu te réserve une grande récompense. »

13 (Mishna 11). Rabbi Éliézer, fils de Jacob, disait : « Celui qui accomplit une bonne action se crée un défenseur, et celui qui commet un péché se crée un accusateur[138] . La pénitence et les bonnes œuvres nous préservent[139] du châtiment. »

14 (Mishna 11). Rabbi Iochanan le Sandalier disait : « Toute réunion qui a pour objet la gloire de Dieu se maintiendra ; mais celle qui n’a point pour objet la gloire de Dieu ne subsistera pas longtemps[140] . »

15 (Mishna 12) Rabbi Éléazar, fils de Schamoua, disait : « Que l’honneur de ton élève te soit aussi cher que le tien ; que l’honneur de ton condisciple soit aussi sacré pour toi que celui de ton maître ; que ta vénération pour ton maître soit aussi grande que ta vénération pour Dieu. »

16 (Mishna 13). Rabbi Iehouda disait : « Sois circonspect dans l’enseignement, car une erreur involontaire de la part du maître peut occasionner (chez les élèves) des péchés commis volontairement[141] . »

17 (Mishna 13). Rabbi Siméon disait : « Il y a trois couronnes : la couronne de la Loi, la couronne du sacerdoce et la couronne royale. Mais la couronne d’une bonne renommée surpasse toutes les autres[142] . »

18 (Mishna 14). Rabbi Nehoraï disait : « Tâche d’habiter un endroit où l’on enseigne la loi divine ; ne pense pas que la science viendra vers toi[143] , ou que tes collègues te mettront au courant[144]  ; et surtout ne te fie pas à ton intelligence[145] . »

19 (Mishna 15). Rabbi Iannaï disait : « Il ne nous est pas donné de comprendre le bonheur des méchants, pas plus que les souffrances des justes. »

20 (Mishna 15). Rabbi Matithia, fils de Charasch, disait : « Sois gracieux avec tout le monde[146] . — Tiens-toi plutôt à la queue des lions qu’à la tête des renards[147] . »

21 (Mishna 16). Rabbi Jacob disait : « Ce monde n’est que le vestibule du monde futur ; prépare-toi dans le vestibule, pour que tu puisses entrer dans l’intérieur du palais[148] . »

22 (Mishna 17). Il disait aussi : « Une heure de pénitence et de bonnes œuvres dans ce monde est meilleure que toute la vie future ; mais une heure de béatitude dans l’autre monde est meilleure que toute la vie présente[149] . »

23 (Mishna 18). Rabbi Siméon, fils d’Éléazar, disait : « N’essaye pas de calmer ton prochain quand il est dans le premier feu de sa colère[150]  ; ne cherche pas à le consoler tant que le mort qu’il pleure est devant ses yeux[151]  ; ne lui offre pas les choses dont il a fait voeu de s’abstenir[152] , et ne t’efforce pas de le voir au moment où il vient de subir une humiliation. »

24 (Mishna 19). Schemouël le jeune avait l’habitude de citer ce verset[153]  : « Quand ton ennemi tombe, ne t’en réjouis pas ; et s’il est renversé, que ton cœur ne s’en égaye point. Car Dieu, en voyant ta conduite impie, pourrait détourner sa colère de ton ennemi (pour la diriger contre toi). »

25 (Mishna 20). Élischa, fils d’Abouyah, disait : « Ce qu’on apprend dans sa jeunesse ressemble à un écrit tracé sur du papier blanc ; mais ce qu’on apprend dans sa vieillesse ressemble à un écrit tracé sur du papier maculé[154] . »

26 (Mishna 20). Rabbi Iosée, fils de Iehouda, d’un village de la Babylonie, disait : « Celui qui est instruit par un jeune homme ressemble à quelqu’un qui mange des raisins verts et qui boit du vin sortant du pressoir ; mais celui qui a pour maître un vieillard ressemble à un homme qui mange des raisins mûrs et qui boit du vin vieux. »

27 (Mishna 20). Rabbi Méir disait : « Ne considère pas le vase, mais ce qu’il renferme il y a des vases neufs remplis de vin vieux, et des vases vieux qui ne contiennent pas même du vin nouveau[155] . »

28 (Mishna 21). Rabbi Éléazar Hakapar disait : « L’envie, la volupté et l’ambition abrègent la vie de l’homme[156] . »

29 (Mishna 22). Il disait aussi : « Ceux qui naissent sont destinés à mourir, ceux qui meurent doivent ressusciter, et ceux qui ressusciteront seront jugés, afin qu’on sache, qu’on soit convaincu et qu’on proclame que le Dieu tout-puissant est le créateur de toutes choses, qu’il connaît tout, qu’il est à la fois juge, témoin et partie, et qu’un jour il nous jugera. Béni soit-il ! chez lui il n’y a ni injustice, ni oubli, ni acception de personnes, ni corruption ; mais tout dépend de nos actions. Ne te fais donc pas illusion en espérant que la tombe sera un refuge pour toi, car c’est malgré toi que tu as été créé, c’est malgré toi que tu es né, c’est malgré toi que tu vis et malgré toi que tu meurs, c’est malgré toi enfin que tu auras un jour à rendre compte de tes actions devant le Roi des rois, le Saint, béni soit-il. »

Chapitre 5

1. Le monde a été créé par dix paroles[157] . Et pourquoi ces dix paroles, une seule n’aurait-elle pas suffi ? C’est pour rendre plus sévère le châtiment des méchants qui causent la ruine de ce monde créé par dix paroles, et pour augmenter la récompense des justes qui, par leur vertu, maintiennent ce monde qui a coûté dix paroles au Créateur.

2. Dix générations se sont succédé depuis Adam jusqu’à Noé : cela prouve la longanimité de Dieu ; car toutes ces générations avaient excité sa colère, et cependant ce n’est que la dixième qui périt par le déluge.

3 (Mishna 2). Dix générations se sont succédé depuis Noé jusqu’à Abraham : c’est encore une preuve de la longanimité de Dieu ; car toutes ces générations avaient excité sa colère, et cependant, grâce à la piété d’Abraham, tous leurs péchés furent pardonnés.

4 (Mishna 3). Abraham fut soumis à dix épreuves, et il triompha de toutes ; cela nous prouve combien son amour pour Dieu a dû être grand.

5 (Mishna 4). Dieu fit dix miracles en faveur de nos ancêtres en Égypte, et dix autres lors du passage de la mer Rouge.

6 (Mishna 4). Dieu frappa les Égyptiens de dix plaies en Égypte, et de dix autres près de la mer Rouge.

7 (Mishna 4). Nos ancêtres ont tenté dix fois l’Éternel dans le désert, ainsi qu’il est dit (Nombres, XIV, 22) : « Ils m’ont déjà tenté dix fois et ils n’ont point obéi à ma voix. »

8 (Mishna 5). Dix miracles s’accomplirent dans le temple de Jérusalem en faveur de nos ancêtres : Aucune femme n’avorta jamais par l’odeur des sacrifices ; la viande provenant des victimes ne se corrompait point ; on ne voyait aucune mouche dans l’abattoir du temple ; jamais une impureté accidentelle ne souilla le grand-prêtre le jour de Kippour (le jour du Grand-Pardon) ; la pluie n’éteignait pas le feu qui brûlait sur l’autel ; le vent ne parvenait pas à déranger la colonne de fumée qui s’élevait des sacrifices ; jamais on ne trouva un mélange impur dans l’Omer[158] , ni dans les deux pains[159] ou dans les pains de proposition[160]  ; le peuple, quoique serré (à cause du grand nombre de fidèles qui se trouvaient dans le temple), pouvait cependant se prosterner aisément ; jamais serpent ni scorpion ne blessa quelqu’un à Jérusalem ; enfin, personne ne se plaignit jamais d’être trop à l’étroit dans la ville sainte[161] .

9 (Mishna 6). Dix choses ont été créées le sixième jour de la création, sur la brune, ce sont : le gouffre (qui engloutit Korah), la source (qui désaltéra les Israélites dans le désert), la bouche de l’ânesse (de Balaam), l’arc-en-ciel, la manne, le bâton (de Moïse), le schamir[162] , les tables de la Loi, la forme des caractères (qui furent tracés sur ces tables) et le ciseau[163] (qui servit à les graver). Quelques-uns ajoutent les mauvais esprits, la tombe de Moïse et le bélier d’Abraham. D’autres ajoutent encore la première paire de tenailles qui était nécessaire pour en forger d’autres.

10 (Mishna 7). Sept choses distinguent le sage du niais : le sage ne prend pas la parole en présence d’un homme qui le surpasse en science (ou qui est plus âgé que lui) ; il n’interrompt jamais celui qui parle[164]  ; il ne répond pas avec précipitation[165]  ; il interroge avec méthode et répond avec justesse ; il discute les questions en suivant l’ordre dans lequel elles lui ont été adressées ; quand il ne comprend pas une chose, il l’avoue franchement[166] , et partout il rend hommage à la vérité. Le niais fait le contraire de tout cela.

11 (Mishna 8). Sept sortes de calamités sont infligées au monde pour sept violations de la loi religieuse. Si une partie du peuple donne la dîme et que l’autre ne la donne pas, la sécheresse survient ; de sorte que les uns auront de quoi manger, tandis que les autres endureront la faim. Si personne ne donne plus la dîme, la disette devient générale et porte partout la consternation. Si personne ne prélève plus la Challah[167] , il arrive une famine plus meurtrière encore. La peste se déclare quand les criminels ne sont pas livrés à la justice, et aussi quand les fruits de l’année sabbatique ne sont pas abandonnés aux pauvres. La guerre dévaste le pays lorsqu’il y a déni de justice, iniquité dans les jugements et fausse interprétation de la loi. Les bêtes féroces ravagent la terre lorsque les hommes se parjurent et qu’ils profanent le nom sacré de la Divinité. Enfin la captivité est la punition de l’idolâtrie, de l’inceste, du meurtre et de la violation des lois de l’année sabbatique.

12 (Mishna 9). Il y a quatre époques où la mortalité peut augmenter : à la quatrième et à la septième année ; à la fin de la septième année et à l’issue des fêtes annuelles. À la quatrième année, à cause de la suppression de la dîme due aux pauvres dans la troisième année[168]  ; à la septième, à cause de la suppression de la dîme due aux pauvres dans la sixième année ; à la fin de la septième, à cause de la jouissance illégale des fruits de l’année sabbatique ; à l’issue des fêtes, à cause du détournement des différentes parts qui reviennent de droit aux pauvres[169] .

13 (Mishna 10). On trouve chez les hommes quatre manières d’agir différentes. Il y en a qui disent : « Je garde ce que j’ai, et toi garde ce que tu as ; » c’est là le procédé du vulgaire, et telle fut aussi, selon plusieurs, la manière d’agir des habitants de Sodome. Il y a des hommes qui disent : « Le mien est à toi, et le tien est à moi ; » c’est le langage de l’ignorant. « Ce que j’ai est à toi, et ce que tu as, garde-le pour toi ; » c’est la maxime de l’homme religieux. Le méchant dit : « Ce que tu as est à moi, et ce que j’ai, je le garde. »

14 (Mishna 11). Il y a quatre espèces de caractères parmi les hommes. Celui qui est prompt à se mettre en colère et prompt à se calmer, rachète son défaut par sa qualité. Celui qui est difficile à irriter, mais qui est aussi difficile à apaiser, détruit sa qualité par son défaut. Celui qui est lent à s’irriter et prompt à s’apaiser, est un homme religieux. Celui qui s’irrite facilement et s’apaise difficilement, est un méchant.

15 (Mishna 12). Les étudiants se divisent en quatre catégories. Celui qui conçoit facilement et oublie vite, perd son avantage par son défaut. Celui qui conçoit difficilement, mais qui retient bien ce qu’il a compris, rachète son défaut par sa qualité. Celui qui conçoit facilement et oublie difficilement, est un homme heureusement doué. Celui qui conçoit difficilement et oublie facilement, est mal partagé par la nature.

16 (Mishna 13). On distingue quatre sortes d’hommes par rapport à l’aumône. Celui qui fait la charité, mais ne veut pas que d’autres la fassent, est un envieux[170] . Celui qui veut que d’autres donnent, mais ne donne pas lui-même, est un avare. Celui qui donne et engage les autres à donner aussi, est un homme religieux. Celui qui ne donne pas et ne veut pas non plus que les autres donnent, est un méchant.

17 (Mishna 14). Les étudiants se divisent en quatre classes. Il y en a qui fréquentent les écoles, mais n’étudient pas ; ils ont au moins le mérite de l’assiduité[171] . D’autres étudient chez eux, mais ne fréquentent pas les écoles ; ils ont du moins le mérite d’avoir travaillé[172] . Celui qui fréquente les écoles et travaille avec zèle, est un homme pieux. Celui qui ne va pas écouter les leçons du maître, et qui ne fait non plus rien chez lui, est un impie.

18 (Mishna 15). On peut encore diviser en quatre catégories les disciples qui écoutent les leçons des maîtres. On peut les comparer à l’éponge, à l’entonnoir, au filtre et à l’étamine. L’éponge absorbe tout[173]  ; l’entonnoir laisse échapper d’un côté ce qu’il a reçu de l’autre[174]  ; le filtre laisse couler le vin et retient la lie[175]  ; et l’étamine, au contraire, laisse passer la poussière (de la farine) et garde la bonne farine[176] .

19 (Mishna 16). Toute amitié fondée sur l’intérêt cesse avec la cause qui l’a fait naître ; mais l’amitié désintéressée ne cesse jamais. Voulez-vous avoir un exemple d’un attachement intéressé, voyez l’affection d’Amnon pour Tamar[177] . L’amitié de David et de Jonathan offre un exemple d’un attachement qui ne tient à aucun intérêt[178] .

20 (Mishna 17). Toute discussion qui s’élève dans des vues pieuses et pures conduit au but qu’on s’est proposé une discussion de ce genre, c’est celle de Hillel et de Schammaï[179] . Mais toute discussion que font naître des motifs impies et intéressés[180] n’aboutit à aucun résultat[181]  : un exemple d’une pareille discussion, c’est celle de Coré et de ses partisans (contre Moïse et Aaron).

21 (Mishna 18). Celui qui dirige le peuple vers le bien ne faillira jamais ; mais celui qui le dirige dans la mauvaise voie ne pourra jamais expier son crime[182] . Moïse était vertueux et il dirigeait le peuple vers le bien ; aussi le mérite des autres lui est-il attribué, comme il est dit (Deut. XXXIII, 21) : « Il a pratiqué la justice de Dieu et il a fait régner ses lois en Israël[183] . » Jéroboam, fils de Nebat, était un pécheur et il a fait pécher le peuple ; aussi l’impiété des autres lui est-elle attribuée, ainsi qu’il est dit (I Rois, XV, 30) : « À cause des péchés que Jéroboam a commis et qu’il a fait commettre à Israël. »

22 (Mishna 19). Celui qui possède les trois qualités suivantes est un disciple du patriarche Abraham ; celui qui a les trois vices opposés est un disciple de Balaam l’impie. La générosité, l’humilité et l’abnégation caractérisent les disciples d’Abraham ; l’envie, l’orgueil et l’ambition caractérisent les disciples de Balaam. Quelle différence entre la destinée des disciples d’Abraham et celle qui est réservée aux disciples de Balaam ! Les premiers jouissent du bonheur de ce monde et ils auront également en partage la félicité de la vie future, ainsi qu’il est dit (Proverbes de Salomon, VIII, 21) : « Je réserverai de grandes richesses à ceux qui m’aiment et je remplirai leurs trésors. » Mais les disciples de Balaam auront l’enfer en partage et ils seront précipités dans l’abîme, ainsi qu’il est dit (Psaumes, LV, 24) : « Et toi, Seigneur, tu les précipiteras dans le gouffre de la destruction ; hommes sanguinaires et perfides, ils n’atteindront pas moitié de leurs jours. Moi, au contraire, je mets ma confiance en toi. »

23 (Mishna 20). Iehouda, fils de Tema, disait : « Sois hardi comme le léopard, léger comme l’aigle, agile comme le cerf et fort comme le lion, pour exécuter la volonté de ton Père qui réside dans les cieux. » Il disait aussi : « L’homme effronté ira en enfer, et l’homme timide ira en paradis. — Éternel[184] , notre Dieu et Dieu de nos pères, qu’il te soit agréable de rebâtir le temple sacré bientôt et de nos jours, afin que nous puissions observer complètement ta loi. »

24 (Mishna 21). Il disait encore : « À cinq ans, on doit commencer l’étude de la Bible ; à dix ans, celle de la Mischnah ; à treize ans, on est soumis à l’accomplissement des préceptes religieux ; à quinze ans, c’est le moment de se mettre à l’étude du Talmud ; à dix-huit ans, l’homme doit contracter mariage[185]  ; à vingt ans commence la vie active[186]  ; trente ans, c’est l’âge de la force ; quarante, celui de l’intelligence ; à cinquante ans, on est apte à donner des conseils ; à soixante ans, on commence à se faire vieux ; à soixante-dix ans, on est un vieillard ; à quatre-vingts ans arrive la caducité[187]  ; à quatre-vingt-dix ans, on tombe dans la décrépitude[188]  ; à cent ans, on est comme mort, comme n’appartenant plus à ce monde. »

25 (Mishna 22). Ben Bag-Bag disait : « Tourne et retourne la Loi en tout sens[189] , car tout y est renfermé ; elle seule te donnera la vraie science : vieillis dans cette étude et ne l’abandonne jamais ; tu ne saurais rien faire de mieux. »

26 (Mishna 23). Ben Hé-Hé disait : « La récompense sera proportionnée à la peine. »

Chapitre 6

Nos sages ont encore enseigné dans le langage de la Mischnah ce qui suit. Heureux celui qui s’attache à eux et à leurs leçons !

1. Rabbi Méir disait : « Celui qui se livre à l’étude de la Loi dans une vue de piété mérite de grandes récompenses ; il vaut à lui seul le monde entier ; il est appelé le bien-aimé ; il aime Dieu et les hommes ; il réjouit Dieu et il réjouit ses semblables. Cette étude lui inspire la modestie et la crainte de Dieu ; elle le rend juste, vertueux, intègre et loyal ; elle l’éloigne du péché[190] et lui procure le bonheur ; grâce à elle, on a recours à ses conseils, à sa sagesse et à son autorité, ainsi qu’il est dit (Proverbes de Salomon, VIII, 14) : “À moi les conseils, à moi la sagesse ; je suis l’intelligence, la force m’appartient.” Elle lui donne la suprématie et une puissance souveraine ; elle lui révèle les profondeurs du droit et les mystères de la Loi ; par elle il ressemble à une source abondante, à un fleuve intarissable ; il devient humble, patient, et il pardonne facilement les injures. Bref, cette étude le rend supérieur à toutes les autres créatures. »

2. Rabbi Josué, fils de Lévi, disait : « Tous les jours une voix céleste proclame cette parole du haut du mont Horeb : “Malheur à ceux qui délaissent la Loi !” car celui qui ne s’occupe pas de la Loi est un homme méprisable, et il mérite qu’on lui applique ces mots[191]  : “Une belle femme, dépourvue de raison, est comme un anneau d’or au groin d’une truie.” Ailleurs il est dit[192]  : “Les tables (de la Loi) étaient l’œuvre de Dieu, et l’écriture était l’écriture de Dieu gravée sur les tables.” Ne lisez pas charouth (gravée), mais chérouth (liberté), car il n’y a de réellement libre que celui qui s’adonne à l’étude de la Loi[193] , et tous ceux qui cultivent cette étude s’élèvent ainsi qu’il est dit[194]  : “De Mattanah à Nachliel, et de Nachliel à Bamoth[195] .” »

3. Celui qui apprend de son prochain un seul chapitre, une seule règle, un seul verset, un seul mot ou même une seule lettre, doit l’honorer comme son maître. Ainsi trouvons-nous que David, roi d’Israël, qui n’avait appris d’Achitophel que deux choses[196] , l’a appelé son maître, son conseiller et son ami, comme il est dit[197]  : « Mais toi que j’estimais comme un autre moi-même, toi, mon maître et mon ami. » Or si David, roi d’Israël, qui n’a appris d’Achitophel que deux choses, l’a appelé son maître, son conseiller et son ami, à plus forte raison celui qui apprend de son prochain un chapitre, une règle, un verset, un mot ou même une lettre, doit-il le traiter avec honneur. L’honneur est pour ceux qui enseignent la Loi, ainsi qu’il est dit[198] : « Les sages posséderont la gloire, et la félicité est le partage des justes. » La félicité est également réservée à ceux qui s’occupent de l’étude de la Loi, ainsi qu’il est dit[199]  : «Je vous ai donné une doctrine salutaire, c’est ma Loi ; ne l’abandonnez pas. »

4. Voici ce qu’exige l’étude de la loi divine. Quand même tu serais réduit à ne manger que du pain avec du sel, à mesurer jusqu’à l’eau que tu bois, à coucher sur la dure et à t’imposer toutes sortes de privations, occupe-toi néanmoins avec zèle de l’étude sacrée[200] . Si tu agis de la sorte, tu seras heureux et satisfait : heureux dans ce monde et satisfait dans l’autre.

5. Ne recherche pas les grandeurs et n’ambitionne pas plus d’honneur que ta science n’en mérite[201] . N’envie pas la table des rois, car ta table vaut mieux que la leur et ta couronne est plus belle qu’une couronne de roi songe que le maître pour qui tu travailles saura te rémunérer selon tes efforts.

6. La science sacrée est supérieure au sacerdoce et à la royauté, car la royauté demande trente qualités, le sacerdoce n’en exige que vingt-quatre, tandis que pour acquérir la science sacrée il en faut quarante-huit, savoir : l’étude, l’attention, la mémoire[202] , l’intelligence, le respect pour les professeurs, la crainte de Dieu, l’humilité, la bonne humeur, la pureté des mœurs, la fréquentation des sages[203] , le choix des condisciples, la discussion entre étudiants, l’assiduité, l’étude de la loi écrite et celle des lois traditionnelles, l’habitude de consacrer peu de temps aux affaires commerciales[204] , aux relations sociales[205] , aux jouissances matérielles, au sommeil, aux conversations, aux divertissements. À ces premières qualités il faut joindre la patience, la bonté du cœur, la confiance dans les paroles des sages, la résignation dans l’adversité, l’exactitude[206] , le contentement de son sort, la retenue dans les paroles, la modestie, l’affabilité, l’amour de Dieu, l’amour des hommes, le culte de la vertu et de la justice. Il faut en outre bien accueillir les remontrances, mépriser les honneurs, ne pas tirer vanité de son savoir, ni enseigner avec orgueil. Il faut partager les charges de son prochain, le juger avec indulgence, lui démontrer la vérité, l’exhorter à la paix. Il faut étudier avec méthode, interroger et répondre avec convenance, écouter les leçons et ensuite les méditer ; il faut apprendre afin de pouvoir enseigner et afin de pratiquer ce qu’on a appris ; il faut (par les questions que l’on fait) pousser le maître à approfondir les sujets ; il faut raisonner logiquement tout ce qu’on apprend ; il faut enfin dire les choses au nom de leur auteur[207] . Celui qui dit une chose au nom de son auteur amène un bien général, car il est écrit (Esther, II, 22) : « Esther révéla la conspiration au roi au nom de Mardochée[208] . »

7. C’est une excellente chose que l’étude de la Loi, car elle donne à ceux qui s’y livrent la vie de ce monde et la vie éternelle dans le monde futur, ainsi qu’il est écrit : « Elle est une source de vie pour ceux qui la trouvent, un baume salutaire pour leur corps[209] . » — « Ce sera la santé de ta chair, un rafraîchissement pour tes os[210] . » — « C’est un arbre de vie pour ceux qui l’embrassent, et ceux qui s’y attachent sont heureux[211] . » — « Elle est une couronne de grâce pour la tête, et un riche collier pour ton cou[212] . » — « Elle parera ton front d’un diadème de grâce, elle t’ornera d’une couronne de gloire[213] . » — « C’est par moi (dit la Sagesse) que tes jours seront augmentés et que tes années se prolongeront[214] . » — « De longues années sont à sa droite, les richesses et la gloire sont à sa gauche[215] . » ; — « Elle te donnera de nombreux jours, des années de paix et de prospérité[216] . »

8. Rabbi Siméon, fils de Iehouda, disait au nom de Rabbi Siméon, fils de Iochaï : « La beauté, la force, les richesses, les honneurs, la sagesse, les cheveux blancs (une vieillesse vénérable) et une belle postérité sont la parure des justes et la joie du monde[217] , ainsi qu’il est dit[218] : « Les cheveux blancs sont une couronne d’honneur qui se trouve dans le chemin de la justice. » Il est dit aussi[219] : « La gloire des jeunes gens, c’est leur force, et la beauté des vieillards, ce sont leurs cheveux blancs. » Il est dit encore[220] : « Les richesses des sages leur sont comme une couronne ». Et ailleurs[221] : « La couronne des vieillards, ce sont leurs petits-enfants, et la gloire des enfants, ce sont leurs pères ». Enfin nous lisons[222] : « La lune rougira de honte et le soleil sera confus, quand l’Éternel Tzebaoth régnera sur la montagne de Sion et sur Jérusalem, et que «ses vieillards seront environnés de gloire[223] . »

Rabbi Siméon, fils de Menasia, disait : « Ces sept avantages qui distinguent les justes ont tous été constatés chez Rabbi[224] et ses enfants. »

9. Rabbi Iosée, fils de Kisma, disait : « Étant un jour en voyage, je fis la rencontre d’un homme qui me salua en me disant schalom (paix) ; je lui répondis par la même civilité. — D’où es-tu, Rabbi ? me demanda-t-il. — Je suis, répondis-je, d’une ville renommée par le grand nombre de savants et de docteurs qu’elle possède. — Rabbi, reprit-il, viens demeurer dans la ville que j’habite, et je te donnerai un million de pièces d’or, des perles et des diamants. — Quand tu me donnerais, répliquai-je, tout l’argent, tout l’or, toutes les perles et toutes les pierres précieuses du monde, je ne fixerai pas ma résidence là où la science sacrée n’est pas en honneur. C’est ainsi que David a dit, dans le livre des Psaumes (CXIX, 72) : “L’enseignement de ta bouche m’est plus précieux que des milliers de pièces d’or et d’argent.” D’ailleurs, continuai-je, au moment où l’homme quitte ce bas monde, ce ne sont ni son or, ni son argent, ni ses perles, ni ses pierres précieuses qui l’accompagnent, mais uniquement le mérite de ses études religieuses et de ses bonnes œuvres[225] , ainsi qu’il est écrit (Proverbes de Salomon, VI, 22) : “Dans ta marche, elle (ta piété) te guidera ; pendant ton sommeil, elle veillera sur toi ; et, à ton réveil, elle plaidera ta cause.” Dans la marche, c’est-à-dire dans ce monde. Pendant ton sommeil, c’est-à-dire dans la tombe. À ton réveil, c’est-à-dire dans la vie à venir[226] . Enfin il est dit (Aggée, II, 8) : “C’est à moi qu’appartient l’argent, à moi l’or, dit l’Éternel Tzebaoth.” »

10. Quatre choses sont particulièrement considérées comme la propriété de Dieu (et comme le principal but de la création), ce sont : la Loi, le ciel et la terre, Israël, le temple de Jérusalem[227] . Loi, ainsi qu’il est dit (Proverbes de Salomon, VIII, 22) : « L’Éternel m’a acquise comme le premier but de sa création ; j’ai existé avant ce qu’il fit aucune de ses œuvres ». Le ciel et la terre, ainsi qu’il est écrit (Genèse, XIV, 19) : « Qu’Abraham soit béni par le Dieu suprême, possesseur du ciel et de la terre. » — Israël, comme cela résulte de ce verset (Exode, xv, 16) : « Jusqu’à ce que ton peuple ait passé, Seigneur, jusqu’à ce qu’ait passé le peuple que tu as acquise. » — Le Temple, ainsi qu’il est dit (Psaumes, LXXVIII, 54) : “Il les introduisit dans son saint territoire, vers cette montagne que sa droite a acquise.” »

Tout ce que Dieu a créé dans le monde, il l’a créé pour sa gloire[228] , ainsi qu’il est dit (Isaïe, XLIII, 7) : «Tout ce qui est appelé de mon nom, c’est pour ma gloire que je l’ai créé, que je l’ai formé et organisé ». Et ailleurs il est dit (Exode, XV, 18) : « L’Éternel régnera à jamais. »


[1] Il s’agit ici de la loi orale et traditionnelle, qui est l’interprétation de la foi écrite.

[2] La Grande Synagogue était une sorte de sénat, formé par Esdras, et composé de cent vingt membres.

[3] C’est-à-dire entourez la Loi de règlements, de barrières, pour qu’elle ne soit pas facilement transgressée. Cependant il ne faudrait pas, par un excès de zèle, multiplier trop les règlements accessoires, destinés à protéger la loi principale. Car on finirait par rendre trop difficile l’exécution de la loi ; et le public, confondant le principal avec l’accessoire, négligerait le tout. C’est ainsi qu’on peut interpréter la sentence suivante de Rabbi Chya, citée Bereschith Rabbah, § 19 : « Ne faites pas la haie plus grande que le fonds, de peur qu’elle ne tombe et n’anéantisse dans sa chute les plantations du fonds lui-même. »

[4] Le vrai juste, c’est celui qui exerce la justice avec désintéressement, pour l’amour de Dieu, et non en vue d’une récompense future. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 368.)

[5] Littéralement : « bois leurs paroles avec soif. »

[6] Cette maxime rappelle le mot de Proudhon : « Quiconque est pauvre est de ma famille. »

[7] Cf. Ecclésiastique, IX, 12 et 13.

[8] Littéralement : « juge tout le monde dans la balance de l’innocence. » Il faut toujours interpréter en bonne part les paroles et les actions de notre prochain. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 466, 1304.)

[9] Comp. Sentences et Proverbes, n° 38.

[10] Voici la corrélation qui paraît exister entre cette proposition et les deux précédentes : Ne t’imagine pas que tu échapperas au châtiment que tu auras mérité en imitant l’exemple des impies.

[11] D’autres traduisent : « Ne sois pas comme ceux qui exposent la cause devant les juges ; » c’est-à-dire sois impartial quand tu juges un procès, et n’agis pas comme les avocats qui cherchent à disculper leur client et à faire condamner la partie adverse.

[12] Publius Syrus dit : Haud advocatus ne ad consilium accesseris.
Ce qui est ainsi traduit par un vieux proverbe français : L’en ne doit jà aller au conseil qui n’y est appelé. (Le Roux de Lincy, Prov. français, t. II, p. 336.) Comp. Ecclésiastique, VII, 6.

[13] Ne sois point prévenu en faveur de l’un plutôt qu’en faveur de l’autre.

[14] Cette maxime se rattache à un principe émis par le même docteur dans Sanhedrin, 37, où il dit que dans les affaires criminelles le juge ne doit point se contenter de probabilités, ni se fier à sa propre appréciation, mais il doit, avant de condamner, exiger des preuves certaines et des dépositions produites régulièrement. Un vieux proverbe français dit : Sage est le juge qui escoute et tard juge. (Le Roux de Lincy, Prov. français, t. I, p. 273.)

[15] Comp. Sentences et Proverbes, n° 296, 367, 381, 458, 1116.

[16] Fuge magna, dit Horace, liv. I, ép. X, V. 32. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 28, 970.)

[17] D’autres traduisent : « Ne cherche pas à te familiariser avec les grands. »

[18] Abtalion engage les rabbins à bien peser leurs paroles, de peur que les disciples ne les interprètent faussement et n’en viennent à rejeter les vérités de la religion. Cette recommandation se comprend à une époque où les sectes se livraient à des discussions. continuelles sur les dogmes et les pratiques religieuses.

[19] Où l’on professe des doctrines hérétiques (interprétation de Maïmonide). Abtalion veut sans doute dire par ce langage allégorique : vous pourriez arriver, faute de clarté, à faire admettre à vos disciples un enseignement contraire à vos principes ; vous seriez ainsi exilés de votre domaine, vous aboutiriez malgré vous à des résultats malsains : on se fonderait sur vos paroles pour propager des doctrines funestes, que vous voudriez démentir, mais dont vous ne seriez plus capables d’arrêter le progrès. (Comp. Aboth, II, 15 ; IV, 16.)
Pour s’expliquer la raison qui a engagé Abtalion à s’exprimer dans un langage si mystérieux, il faut se rappeler qu’il a vécu à l’époque des guerres civiles fomentées par les derniers descendants des Asmonéens, Hyrcan et Aristobule, dont chacun s’appuyait sur une secte religieuse différente ; il faut se rappeler encore qu’Abtalion a été témoin de l’usurpation d’Hérode : tous événements qui lui recommandaient une certaine prudence dans ses paroles.
M. Derenbourg, Essai sur l’histoire de la Palestine, p. 148, traduit ainsi la maxime. d’Abtalion : « Sages, soyez circonspects dans vos paroles (ou bien, dans vos affaires) ; autrement vous pourriez être punis de l’exil et bannis vers un lieu d’eaux stagnantes (de mauvaises doctrines) ; vos disciples qui vous suivraient seraient exposés à boire de ces eaux et à mourir, ce qui serait une profanation de Dieu. » D’après cette traduction, la maxime d’Abtalion n’aurait pas en vue l’enseignement dogmatique, elle conseillerait aux sages de bien peser leurs paroles en matière politique, de peur qu’elles ne soient interprétées d’une manière défavorable en haut lieu, et qu’elles n’entraînent pour leurs auteurs la peine du bannissement.

[20] Littéralement : « Celui qui étend (propage) son nom perd son nom. » (Comp. Sentences et Proverbes, n° 748.)

[21] Il rabaisse l’étude religieuse en cherchant à en tirer profit. (Comp. Aboth, II, 2 ; IV, 7. Cf. Derenbourg, loc. cit. page 182.)

[22] C’est-à-dire si je ne m’occupe pas de mon salut, qui s’en occupera ? Ne comptons pas sur les autres ; il faut que nous méritions la félicité éternelle par nos propres efforts. Ne perdons pas de temps ; car, tout en travaillant à notre salut, combien nos mérites sont-ils petits et combien sommes-nous encore loin de la perfection ! Du reste, devant la fragilité de notre vie, il n’y a pas de délai possible ; car si nous ne nous amendons pas dès maintenant, quand le pourrons-nous ? Peut-être demain sera-ce trop tard ; peut-être demain nous aurons déjà cessé de vivre. (Comp. Sentences et Proverbes, n°1258.)

[23] Ou bien : Fais de l’étude de la Loi une chose fixe, permanente. (Dictionnaire Sander et Trénel.) M. Derenbourg traduit : « Que ton enseignement se fasse à heure fixe ! » (loc. cit. page 191).

[24] Promets peu et accorde beaucoup. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 1199.)
Le beau du jeu
Est bien faire et parler peu.

(Gabriel Meurier, Trésor des Sentences.)

[25] Comp. Aboth, III, 16 ; Sentences et Proverbes, n° 1007.

[26] Comp. Aboth, III, 17 ; Sentences et Proverbes, n° 639, 1074, 1142.

[27] L’étude n’est qu’un moyen qui doit nous apprendre à pouvoir mieux pratiquer la vertu, à mieux comprendre nos devoirs. L’étude est à la vertu ce qu’est la théorie à la pratique. (Comp. Aboth, III, 11, 12, 22 ; Sentences et Proverbes, nº 31, 570, 804.)

[28] Il occasionne des péchés à ceux qui l’écoutent ; à force de trop parler il dit des choses mauvaises. Dans les Proverbes de Salomon, X, 19, on lit : « La multitude des paroles n’est pas exempte de péché. » L’auteur de l’Ecclésiastique dit (XX, 7) : « Un grand parleur est estimé de mauvaise rencontre. »

[29] Fils de Gamaliel II, et petit-fils de Siméon cité précédemment.

[30] Comp. Sentences et Proverbes, n°372, 375, 1290.

[31] Auteur de la Mischnah, appelé encore Rabbi Iehouda ha-Kadosch (le Saint), et Rabbi Iehouda ha-Nasi (le Prince).

[32] Comp. Aboth, IV, 2 ; Sentences et Proverbes, n° 1148.

[33] Si ton imagination te présente l’image de quelque volupté, retiens-toi comme sur tous les autres objets, de peur qu’elle ne t’entraîne. Que cette volupté l’attende un peu, et prends quelque délai ; ensuite compare les deux temps, celui de la jouissance et celui du repentir qui la suivra, et des reproches que tu te feras à toi-même, et oppose-leur la satisfaction que tu goûteras et les louanges que tu te donneras, si tu résistes. » (Maxime d’Épictète, trad. Dacier.)

[34] Aucune de tes actions n’échappe à Dieu, tu auras à rendre compte de chacune : rien n’est oublié. (Comp. Aboth, 111, 20 ; Sentences et Proverbes, n° 209, 704, 1099.)

[35] On entend surtout par ce terme la civilité, l’usage du monde.

[36] D’une profession. Aux yeux des anciens docteurs c’était déshonorer la Loi sacrée que d’en faire un métier, ou d’en vouloir tirer avantage : il fallait donc que le rabbin, à côté de l’étude de la Loi, apprît un état afin de pourvoir aux besoins de sa famille. (Comp. Aboth, I, 13 ; IV, 7 ; Sentences et Proverbes, n° 1032.)

[37] Et non pour satisfaire leur amour-propre ou leur ambition. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 251.)

[38] Comp. Sentences et Proverbes, n° 599.

[39] Un proverbe du XVe siècle dit : Asne convié à nopces eau ou boys y doibt aporter, c’est-à-dire on n’invite les pauvres que pour en tirer service. (Le Roux de Lincy, Prov. français, t. I, p. 139.)

[40] On lit dans l’Ecclésiastique, XIII, 5-8 : « Si tu peux lui servir (au riche), il t’emploiera en son travail ; mais si tu es dans la nécessité, il t’abandonnera. Si tu as de quoi, il vivra avec toi, il t’épuisera, et ne travaillera point. A-t-il affaire de toi, il te trompera, il te sourira, et te donnera de l’espérance, et t’entretiendra de belles paroles, et te dira : De quoi as-tu besoin ? Il te fera si bonne chère, que tu en seras tout honteux, jusqu’à ce que deux ou trois fois il ait tant tiré de toi qu’il t’ait épuisé ; puis, à la fin, il se moquera de toi, après cela il te regardera, et t’abandonnera, et hochera la tête contre toi. » (Trad. Ostervald.)
Un proverbe du Rouergue dit :
Boun grat de senhour,
Escoliè de beire,
Des qu’o fach de bous,
Noun bous pouot pus beire.

« Gratitude de seigneur, escalier de verre, dès qu’il s’est servi de vous, il ne peut plus vous voir. »
Phèdre, liv. I, fable 5, dit : Nunquam est fidelis cum potente societas.

[41] Selon les uns cela veut dire : ne refuse pas ton concours à la chose publique ; selon d’autres cela signifie : conforme-toi aux usages communs, ne cherche pas à te distinguer par des habitudes singulières. (Comp. Sentences et Proverbes, n°1168, 1187.)

[42] Un auteur, dont le nom nous échappe, exprime la même pensée dans les termes suivants : « De trois il ne faut faire l’éloge que lorsqu’ils sont au bout de la récolte seulement lorsqu’elle est rentrée, du guerrier lorsqu’il est revenu de la guerre, et de l’homme pieux lorsqu’il est mort. »

[43] Selon quelques commentateurs, cette dernière phrase fait suite à la proposition précédente, et se traduit ainsi : ne dis pas si on ne me comprend pas, je m’expliquerai plus tard ; car peut-être n’auras-tu plus le temps de t’expliquer.

[44] La dévotion machinale ou superstitieuse de l’ignorant ne constitue pas la vraie piété ; la piété raisonnée et éclairée est seule conforme aux principes de la religion.

[45] S’il a des doutes ou s’il ne comprend pas, il n’a pas le courage de faire des questions.

[46] Comp. Aboth, IV, 12 ; Sentences et Proverbes, n° 914, 1038. M. Durlacher (Rituel des prières journalières, p. 379) traduit ce passage ainsi : « Celui qui change trop souvent de commerce ne deviendra pas connaisseur. »

[47] C’est-à-dire d’hommes capables. Il est bon d’être modeste et de se tenir à l’écart quand il y a des personnes capables qui gèrent la chose publique ; mais si les administrateurs capables font défaut, alors il faut faire trêve à la modestie et se mettre en avant l’inaction serait condamnable dans un cas pareil. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 565.)

[48] Dans la tombe.

[49] Horace, liv. III, ode XVI, V. 17, dit presque dans les mêmes termes :  Crescentem sequitur cura pecuniam.
Un proverbe du Rouergue dit également : « Que creis en bes, creis en pessomens. Qui croît en biens, croît en soucis. »

[50] Publius Syrus dit : Quot servos, totidem habemus quisque hostes domi.
Cette pensée a passé en proverbe : Quot servi, tot hostes.

[51] Comp. Sentences et Proverbes, n° 536, 951. — D’autres traduisent plus on fréquente les écoles, plus on acquiert de sagesse.

[52] Allusion à sa mémoire prodigieuse.

[53] Interprétation de Maïmonide. Selon d’autres, il faut traduire : « Un œil bienveillant. »

[54] Selon les uns cela veut dire ce qu’il y a de plus avantageux, ce qu’on doit rechercher de préférence, c’est un ami sincère et un bon voisin. Selon d’autres, cette réponse ainsi que la question auraient un sens subjectif. Le maître aurait demandé quelle est la meilleure qualité que l’homme doive chercher à acquérir ; Rabbi Josué aurait répondu : c’est d’être un ami sincère, et Rabbi losée, d’être un bon voisin. La même divergence d’interprétation se retrouve dans le paragraphe 14. Selon les uns, il faut traduire : « Qu’est-ce que l’homme doit éviter avec le plus de soin ? Rabbi Josué dit : c’est d’avoir un faux ami ; Rabbi Iosée : d’avoir un mauvais voisin, et Rabbi Siméon : d’avoir affaire avec un mauvais payeur. » D’autres expliquent : « le défaut le plus blâmable, c’est d’être un faux ami, un mauvais voisin, un mauvais payeur. »

[55] Comp. Sentences et Proverbes, n° 65.

[56] Un bon cœur suppose toutes les autres qualités.

[57] Interprétation de Maïmonide. D’autres traduisent : « Un œil malveillant, l’envie. »

[58] Celui qui ne tient pas ses engagements envers son prochain mérite le nom d’impie ; il pèche contre Dieu autant que contre celui qu’il frustre.

[59] Un mauvais cœur est capable de tout.

[60] Comp. Aboth, IV, 1 ; Sentences et Proverbes, n° 481.

[61] C’est-à-dire tous les jours, puisque la mort peut te surprendre à toute heure. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 1258.)

[62] Médite bien les paroles des savants, et ne te hâte pas trop à en tirer les conclusions : si tu agissais à la légère, tu risquerais de fausser le sens du langage de tes maîtres, tu pourrais admettre des doctrines pernicieuses et aboutir enfin à l’hérésie. Cette maxime se rapproche de celle d’Abtalion (Aboth, 1, 11) : la première recommande la circonspection aux maîtres, celle-ci prêche la prudence aux disciples.

[63] Littéralement : le mauvais œil. Le mot français envie représente la même image que le terme hébreu ; envie dérive en effet du latin invidere qui signifie « voir d’un mauvais œil, envier. »

[64] On lit dans les Proverbes de Salomon, XIV, 30 : « Un cœur calme (sans envie) est la vie du corps ; mais l’envie est la pourriture des os (elle mine, ronge les os). » On lit également dans l’Ecclésiastique, XXX, 26 : « L’envie et le dépit abrègent la vie ; et dans le chapitre XXXI, 14 : « Souviens-toi qu’un mauvais œil est une mauvaise chose. Et qu’y a-t-il de pire que l’œil (de l’envieux) ? car il pleure pour quelque chose que ce soit. » Comp. Aboth, IV, 28.

[65] Comp. Sentences et Proverbes, n°1095.

[66] On appelle ainsi le passage du Deutéronome (VI, 4-9) qui commence par le mot Schema.

[67] Comme une tâche dont on s’acquitte promptement et presque à contre-cœur. (Comp. Sentences et Proverbes, n°527, 531.)

[68] Ne désespère pas de ton salut, ne te considère pas comme indigne de la clémence divine. Si Dieu est juste, il est aussi miséricordieux, et il accueille avec bienveillance les pécheurs les plus coupables, lorsqu’ils reviennent à lui avec un repentir sincère. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 994.)

[69] Pour Dieu, qui te récompensera si tu étudies dans l’intention de répandre les doctrines justes.

[70] La vie est courte et nos devoirs sont nombreux ; les hommes sont négligents, ce pendant la félicité qui est réservée aux âmes vertueuses est immense, et le créateur veut qu’on ne perde pas de temps. Le commencement de cette maxime, fait observer M. Wogue (Guide du Croyant israélite, p. 271, note 1), rappelle le premier aphorisme d’Hippocrate : Ό ẞίος ẞραχύς, ή δέ τέχνη μαχρά… Vita brevis, ars longa.

[71] Cette sentence fait suite à la précédente : Ne dis pas que les devoirs à remplir sont trop nombreux ; la multitude des obligations ne doit pas t’effrayer, car si tu n’es pas libre de refuser la tâche, tu n’es cependant pas obligé de la fournir tout entière. (Comp. Sentences et Proverbes, nº 187.)

[72] Comp. Sentences et Proverbes, n°1264.

[73] On trouve la même maxime dans l’Ecclésiastique, VII, 37 : « Quoi que tu dises et que tu fasses, souviens-toi de ta fin et tu ne pécheras jamais. »

[74] Littéralement : Gutta corrupta.

[75] Comp. Aboth, IV, 4.

[76] Sans le respect pour l’autorité légale, il n’y a point de société possible. On trouve dans Montaigne une phrase qui se rapproche beaucoup des termes de la maxime talmudique Epicurus disait des loix que les pires nous estoyent si necessaires que, sans elles, les hommes s’entre-mangeroient les uns les autres. » (Essais, liv. II, ch. 12.)

[77] On lit un mot semblable dans l’Évangile, S. Matth. XVIII, 20 : « Car là où il y en a deux ou trois assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux. »

[78] Ce n’est pas le sens naturel de ce verset.

[79] Ces derniers mots ne sont pas généralement traduits ainsi ; cependant cette interprétation n’est pas contraire à la bonne exégèse.

[80] Expression hyperbolique pour dire qu’il commet une faute grave. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 504.)

[81] Littéralement : « sera délivré du joug de l’Empire et de celui des affaires mondaines. » — M. Derenbourg (Essai sur l’histoire de la Palestine, pages 313, 314, note 4) dit : « Cette maxime ne doit pas être comprise comme le veulent les commentateurs, que Dieu, en récompense d’une vie consacrée à l’étude de la Loi, facilite à l’homme pieux ses rapports avec le pouvoir établi et fournit largement à ses besoins. Elle renferme plutôt la pensée que l’absorption dans l’étude sacrée détache celui qui s’y livre. du souci des choses humaines et le rend invulnérable aux vicissitudes du temps et de la fortune. »

[82] « Il faut que les hommes soient les esclaves du devoir ou les esclaves de la force. » (Pensée de J. Joubert.)

[83] Pour qu’une réunion mérite le nom d’assemblée, il faut au moins, selon les docteurs du Talmud, qu’elle soit composée de dix personnes.

[84] Rabbi Chalaphta cite, à l’appui de tous ces chiffres, des versets bibliques qu’il n’interprète pas toujours selon les règles de la bonne exégèse.

[85] Les commentateurs expliquent que Rabbi Jacob s’appuie sur le verset du Deutéronome cité dans le paragraphe suivant.

[86] Voy. p. 494, note 1.

[87] Par sa négligence, comme cela ressort de la suite.

[88] Voy. ; p. 494, note 1.

[89] Ou parce qu’il n’est pas doué d’une bonne mémoire.

[90] Volontairement.

[91] Le mot sagesse, dans la langue talmudique, comme le terme grec σοφία et comme le latin sapientia, désigne à la fois la sagesse, l’intelligence et la science.

[92] Comp. Aboth, I, 17 ; III, 12, 22 ; Sentences et Proverbes, n°570, 1319.

[93] Littéralement : sagesse. Voy. p. 495, note 7.

[94] Un vieux proverbe vulgaire dit :
Qui est aimé du populus,
il est aimé de Dominus.

[95] Caton Dionysius dit dans un de ses distiques :
Plus vigila, semper ne somno deditus esto ;
Nam diuturna quies vitiis alimenta ministrat.

[96] C’est-à-dire les excès de la table. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 1076.)

[97] Littéralement : « Le babillage avec les enfants. »

[98] Comp. Sentences et Proverbes, n° 723, 752.

[99] C’est-à-dire qui n’observe pas la circoncision.

[100] Montre-toi dévoué à tes chefs. — Selon d’autres montre-toi soumis devant les grands.

[101] Comp. Aboth, I, 15.

[102] C’est-à-dire l’orthographie traditionnelle, fixée par les Massorètes, a préservé de toute altération le texte de l’Écriture sainte.

[103] Comp. Sentences et Proverbes, n° 1075.

[104] Les vœux sont un préservatif contre le dérèglement.

[105] Dans les Proverbes de Salomon, X, 19, on lit : « La multitude des paroles n’est exempte de péché, mais celui qui retient ses lèvres agit sagement. » (Voy. Ecclésiastique, XX, 4-6.)
Un distique de Caton Dionysius dit :
Virtutem primam esse puta, compescere linguam ;
Proximus ille Deo, qui scit ratione tacere.

« Celui qui a un esprit mûr parle peu », dit une sentence d’Ali. (Comp. Aboth, I, Sentences et Proverbes, n° 639, 946, 1074, 1142.)

[106] Genèse, 1x, 6.

[107] Deut. ; XIV, 1.

[108] Proverbes de Salomon, IV, 2.

[109] Personne ne peut échapper aux châtiments qu’il a mérités.

[110] L’homme est libre d’agir comme il veut.

[111] Dieu ne punit pas tout de suite les mauvaises actions. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 1099, 1247, 1254.)

[112] Tout est noté, et il faudra un jour rendre compte de notre conduite. (Comp. Aboth, II, 1 ; Sentences et Proverbes, n° 209, 704.)

[113] Quiconque veut pécher est libre de le faire ; mais la justice divine ne perd pas ses droits.

[114] Image allégorique désignant la vie future. D’autres traduisent « tout est disposé pour le grand festin. » Les récompenses et les punitions de ce bas monde ne sont pas définitives ; car souvent l’homme vertueux est malheureux ici-bas, tandis que l’impie jouit du plus grand bonheur : c’est dans le monde futur seulement que la justice divine s’exerce véritablement, et que chacun est rétribué selon ses œuvres. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 291, 712, 1264.)

[115] Un homme qui n’a pas de quoi vivre n’a guère le temps ni le goût de se livrer à l’étude.

[116] On entend par ce mot l’étude de la loi divine : si les hommes ne s’occupent plus de l’étude religieuse, Dieu leur retire sa protection.

[117] Littéralement sagesse. Voyez page 495, note 7.

[118] Voy. Sentences et Proverbes, n° 19. Comp. Aboth, I, 17 ; III, 11, 12 ; Sentences et Proverbes, n° 20, 31, 570.

[119] D’autres traduisent : « Comme un arbre solitaire dans le désert. »

[120] Sacrifices consistant en une paire de tourterelles, que la femme devait offrir après ses relevailles. (Voy. Lévitique, chap. XII.)

[121] Lois concernant la purification des femmes.

[122] Littéralement : « sont les périphéries de la science. » D’autres traduisent : l’astronomie et la géométrie sont des connaissances agréables (littéralement : « sont les friandises de la science »).

[123] Cette interprétation n’est pas conforme au sens naturel du verset.

[124] On trouve chez les auteurs profanes la même pensée, exprimée dans des termes presque identiques. Ainsi un poète latin dit :
Fortior est qui se quam qui fortissima vincit
Mœnia, nec virtus altius ire potest.

Les deux sentences suivantes de Publius Syrus expriment la même idée :
Fortior est qui cupiditates suas, quam qui hostes subjicit.
Imperium habere vis magnum ? impera tibi.

Sénèque, ép. 91, dit : « Imperare sibi maximum imperium est. »

Cette même pensée est citée par Publius Syrus en ces termes : Sibi imperare imperiorum maximum est.

Vertu excelle force, dit un vieux proverbe français.

Dans l’ode II, liv. II, d’Horace, on lit :

Latius regues avidum domando
Spiritum, quam si Libyam remotis
Gadibus jungas, et uterque Pœnus
Serviat uni.

Massillon, dans le Petit Carême (Sermon sur le triomphe de la religion), dit : « Il en coûte bien moins de remporter des victoires que de se vaincre soi-même ; il est bien plus aisé de conquérir des provinces et de dompter des peuples, que de dompter une passion : la morale même des païens en est convenue. »

[125] Une pensée semblable se trouve dans Publius Syrus et dans Sénèque. Le premier dit : Qui plurimum habet ? is qui omnium minimum cupit.

Sénèque, ép. 83, dit : « Si te vis divitem facere, non pecuniæ adjiciendum, sed cupiditatibus detrahendum est. »

Ausone exprime la même idée dans son Recueil des Sentences des sept sages : Quis dives ? Qui nil cupit. Quis pauper ? Avarus.

Valère-Maxime, liv. IV, chap. iv, dit : « Omnia nimirum habet, qui nihil concupiscit. » En parlant de Fabricius, il dit (liv. IV, chap. 111, § 6) : « Continentiæ suæ beneficio sine pecunia prædives… quia locupletem illum faciebat, non multa possidere, sed modica desiderare. »

Contentement passe richesse, dit le proverbe français. Un vieil adage dit : Il est riche, qui est content. Le proverbe allemand dit de même : « Der ist reich genug, der sich genügen lässt. » (Comp. Sentences et Proverbes, n°66 ; cf. Pend-Nameh, page 152, trad. Silvestre de Sacy.)

[126] Comp. Aboth, II, 1.

[127] Un abîme appelle un abîme, dit le proverbe français. (Voy. Psaumes, XLII, 8.)

Dans le crime il suffit qu’une fois on débute ;
Une chute toujours attire une autre chute.
L’honneur est comme une ile escarpée et sans bords,
L’on n’y peut plus rentrer dès qu’on en est dehors.
(Boileau, Satire x.)

Juvénal, Satire xiii, v. 240, dit :
Nam quis
Peccandi finem posuit sibi ? Quando recepit
Ejectum semel attrita de fronte ruborem ?
Quisnam hominum est, quem tu contentum videris uno Flagitio ?

Comp. Sentences et Proverbes, n° 680, 1148.

[128] Le sens littéral de cette phrase est « La récompense de la bonne œuvre est la bonne œuvre, et la récompense du péché est le péché. » — J. Anspach traduit : « Toute bonne œuvre renferme sa récompense en elle-même, comme tout péché renferme sa punition. » (Comp. Sentences et Proverbes, n° 1200.)

[129] Il faut tâcher, autant qu’on peut, de ne mépriser personne. (J. Joubert.)

[130] Comp. Aboth, I, 1.

[131] Littéralement : « ni une pelle pour creuser, » c’est-à-dire n’en fais pas un métier. (Comp. Aboth, II, 2.)

[132] Dans Aboth, I, 13. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 780, 899.)

[133] D’autres traduisent : Le juge qui s’abstient de rendre un jugement (qui termine les différends à l’amiable) se soustrait à la haine et écarte le parjure et le vol.

[134] Si un juge est d’un avis contraire à celui de ses collègues, il est de son devoir de s’incliner devant l’opinion de la majorité.

[135] Comp. Aboth, II, 6 ; Sentences et Proverbes, n° 914, 1038.

[136] Comp. Sentences et Proverbes, n° 277, 1316.

[137] Selon les uns, cela veut dire : Si tu commences à négliger l’étude sacrée, tu trouveras toujours des prétextes pour la négliger davantage. Selon d’autres, cela signifie : Si tu négliges l’étude sacrée, tu trouveras des obstacles dans toutes tes entreprises. (Comp. Aboth, III, 21.)

[138] Comp. Sentences et Proverbes, n° 193, 642, 808.

[139] Littéralement : « Sont comme un bouclier contre le châtiment. »

[140] Comp. Aboth, V, 20.

[141] Comp. Aboth, I, 11.

[142] Cf. Proverbes de Salomon, XXII, 1.

[143] Cours après la science ; car, si tu ne la recherches pas, ce n’est pas elle qui courra après toi. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 198.)

[144] Car apprendre chez le disciple, ce n’est point du tout la même chose que d’entendre les leçons du maître lui-même.

[145] N’aie pas la prétention d’acquérir la science par toi seul, sans le secours des autres. (Comp. Aboth, V, 17 ; Sentences et Proverbes, n° 164, 243.)

[146] Sans distinction de rang ou de fortune. — Littéralement : « Empresse-toi à saluer tout le monde le premier. »

[147] Tâche plutôt d’être le dernier dans une société d’hommes distingués, que d’être le premier parmi des gens sans mérite. — Telle n’était pas l’opinion de César, qui aimait mieux être le premier dans une bicoque que le second à Rome. — Dukes (Zur rabbinischen Spruchkunde, page 10) rapporte un proverbe espagnol et un proverbe italien qui expriment aussi une idée contraire à celle de Rabbi Matithia. Le proverbe espagnol dit : Mas val al garzon ser cabeza de gato, que cola de leon. « Il vaut mieux pour un jeune homme être la tête d’un chat que la queue d’un lion. » Le proverbe italien dit : È meglio esser testa di luccio che coda di sturione. « Mieux vaut être la tête d’un brochet que la queue d’un esturgeon. »

[148] Comp. Sentences et Proverbes, n°449.

[149] Les deux termes de cette sentence semblent contradictoires. Voici comment ils s’expliquent : Une heure de pénitence et de bonnes œuvres, en ce monde, est meilleure, c’est-à-dire plus utile, plus efficace, que toute la durée de la vie future ; car la vie terrestre seule, bien employée, peut nous procurer le salut éternel. Tant que nous vivons sur cette terre, nous pouvons augmenter chaque jour, par la pénitence et les bonnes œuvres, nos droits à la béatitude ; mais dans l’autre monde tous nos efforts seront inutiles, nous y resterons ce que nous sommes au moment de la mort, nous n’y posséderons que ce que nous avons acquis ici-bas. — Cependant si, au point de vue de l’efficacité, la vie de ce bas monde est infiniment supérieure à la vie future, au point de vue du bien-être, un instant de félicité du monde à venir surpasse toutes les jouissances de la vie présente ; car sur cette terre le bonheur n’est jamais complet, il est constamment troublé par des soucis et des inquiétudes de tout genre, tandis que dans la vie future nous jouirons d’un bonheur parfait, sans mélange. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 526, 630, 631, 1057.)

[150] Comp. Sentences et Proverbes, n°140.

[151] Ovide dit dans le Remède d’Amour, v. 127 :
Quis matrem, nisi mentis inops, in funere nati
Flere vetet ? Non hoc illa monenda loco.
Cum dederit lacrimas animumque impleverit ægrum,
Ille dolor verbis emoderandus erit.

« Quel est l’homme, s’il n’a perdu le sens, qui voudra empêcher une mère de pleurer aux funérailles de son fils ? Ce n’est pas le moment de lui faire la leçon. Quand elle aura versé des larmes et soulagé son cœur affligé, modérez alors, par des paroles consolantes, l’excès de sa douleur.» (Trad. Charles Nisard.)

[152] D’autres traduisent : « Ne le détourne pas de faire des vœux au moment où il les prononce, » c’est-à-dire lorsqu’il est animé d’une sainte ferveur ; car tes conseils ne serviraient de rien ; tu risquerais, au contraire, d’enflammer encore davantage son zèle par la contradiction.

[153] Proverbes de Salomon, XXIV, 17, 18.

[154] Une sentence arabe dit : « Si vous recherchez la science dans la vieillesse, c’est comme si vous écriviez sur du sable ; si vous la recherchez dans la jeunesse, c’est comme si vous graviez des caractères sur la pierre dure. »
Le proverbe français dit :
Ce qu’on apprend au berceau
Dure jusqu’au tombeau.
Le proverbe allemand exprime ainsi cette pensée : « Was Hänschen lernt, kann Hans. — Ce que petit Jean apprend, Jean peut l’apprendre. » (Comp. Sentences et Proverbes, n° 202, 501.)

[155] Rabbi Méir conteste l’opinion de Rabbi Iosée citée plus haut : selon lui, il ne faut pas toujours juger le professeur d’après son âge, car il y a souvent des professeurs vieux qui sont loin de valoir les jeunes. — On peut encore expliquer ces mots ainsi : Il ne faut pas juger un homme d’après son apparence extérieure. Interprétée de cette manière, la sentence de Rabbi Méir rappelle et par ses termes et par son sens le proverbe français : On ne connaît pas le vin au cercle.

[156] Comp. Aboth, II, 16 ; Sentences et Proverbes, n° 28, 460, 970.

[157] L’expression « Dieu dit » se trouve neuf fois dans le premier chapitre de la Genèse. On considère la création du ciel et de la terre, rapportée dans le premier verset, comme ayant été également produite par la parole divine : ce qui porte à dix le nombre des paroles par lesquelles Dieu a créé le monde.

[158] Nom d’une mesure de farine de la nouvelle récolte, qu’on offrait le second jour de Pâque. (Voy. Lévitique, XXIII, 10.)

[159] Offrande de la fête de Pentecôte. (Voy. Lévitique, XXIII, 17.)

[160] Voy. Exode, XXV, 30 ; Lévitique, XXIV, 5-9.

[161] Pendant les trois fêtes, lorsque tout Israël venait se présenter devant l’Éternel dans le sanctuaire. (Voy. Exode, XXIII, 17 ; Deut., XVI, 16.)

[162] Insecte qui, d’après la légende, servit à tailler les pierres du temple bâti par Salomon. (Voy. Gittin, 68a ; Sotah, 48b.)

[163] C’est ainsi que Raschi interprète le mot מכתב dans Pesachim, 54a. Voy. Sentences et Proverbes, n°1073, où ce terme est employé dans le même sens ; cf. également Kiddouschin, 21.

[164] On lit dans l’Ecclésiastique, XI, 8 : « Ne réponds pas avant que d’avoir ouï et n’interromps pas le discours. » (Cf. Proverbes de Salomon, XVIII, 13.)

[165] Il réfléchit avant de répondre. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 652, 976 ; cf. Ecclésiastique, XX, 6.)

[166] Comp. Sentences et Proverbes, n° ; 946.

[167] Voy. Nombres, XV, 20.

[168] Tous les trois ans, la dîme appartenait aux pauvres. (Voy. Deutéronome, XIV, 28, 29.)

[169] Outre la dîme de la troisième et de la sixième année, et des fruits de l’année sabbatique, il fallait encore abandonner aux pauvres la glanure, le coin des champs et les gerbes qu’on avait oublié de rentrer. (Voy. Lévitique, XIX, 9-10 ; Deut. XXIV, 19-22.)

[170] Il veut seul avoir la réputation d’homme charitable.

[171] Ils profiteront toujours un peu de ce qu’ils entendent.

[172] Mais ils auraient fait de meilleures études s’ils avaient suivi les cours des professeurs. (Comp. Aboth, IV, 18 ; Sentences et Proverbes, n°164, 243.)

[173] Le bon et le mauvais. Il y a des disciples qui ne savent pas distinguer le vrai du faux, et qui acceptent sans discernement tout ce qu’on leur dit.

[174] Certains disciples ne savent rien retenir de ce qu’ils ont appris.

[175] De même certains disciples n’ont de mémoire que pour les mauvaises choses qu’ils entendent ou qu’ils lisent, tandis qu’ils n’accordent aucune attention aux choses sérieuses.

[176] Le texte dit : « L’étamine laisse passer la farine (commune) et garde la fleur de farine. Il y a évidemment une faute dans ce texte, car l’étamine laisse plutôt passer la fleur de farine, qui est plus fine que la farine commune..

[177] II Samuel, chap. XIII.

[178] « Or le dernier poinct de sa perfection (de l’amitié) est celuy-cy : car en general toutes celles que la volupté, ou le proufict, le besoing publicque ou privé, forge et nourrit, en sont d’autant moins belles et genereuses, et d’autant moins amitiez, qu’elles meslent aultre cause et but et fruict en l’amitié, qu’elle mesme. » (Essais de Montaigne, liv. Ier, chap. XXVII.)

[179] Deux chefs d’école dont les discussions avaient pour but de fixer le vrai sens de la Loi.

[180] C’est-à-dire une discussion dans laquelle les adversaires ou une partie des adversaires songent plus à leurs intérêts personnels qu’à l’intérêt de la vérité et de la justice.

[181] Comp. Aboth, IV, 14.

[182] Sa pénitence ne sera pas admise ; car, fait observer le Talmud (Ioma, 87a) à propos de cette sentence, ce serait une anomalie que lui, par sa pénitence, pût réparer ses fautes et trouver place dans le paradis, tandis que ceux qui n’ont péché qu’à son instigation se trouveraient dans l’enfer.

[183] L’application de ce verset à Moïse est conforme au commentaire du Midrasch Siphrè et à celui des Paraphrastes ; mais les traducteurs de la Bible n’admettent généralement pas cette interprétation.

[184] Formule de prière que Iehouda, fils de Tema, avait l’habitude de réciter.

[185] Aristote (Politicon, liv. VII, chap. XVI, § 6) dit que les hommes doivent se marier à l’âge de trente-sept ans, et les femmes à l’âge de dix-huit ans. Platon ne veut pas qu’on se marie avant trente ans. (Voy. Les Lois, liv. IV et liv. VI ; La République, liv. V.) Les anciens Germains, selon le récit de César (De Bello Gallico, VI, 21), blâmaient très-sévèrement ceux qui se mariaient avant vingt ans. Autres pays, autres mœurs. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 55, 678.)

[186] Comp. Sentences et Proverbes, n° 84.

[187] Littéralement : « On a perdu ses forces. »

[188] Littéralement : « On est courbé (de vieillesse). »

[189] Approfondis constamment la loi sacrée.

[190] Comp. Sentences et Proverbes, n° 201, 214.

[191] Proverbes de Salomon, xi, 22.

[192] Exode, XXXII, 16.

[193] Comp. Aboth, III, 6  ; cf. Eroubin, 54a.

[194]   Nombres, XXI, 19.

[195] Ces trois mots désignent, dans le texte, des endroits où les Israélites ont campé pendant leur séjour dans le désert. On leur donne ici une interprétation allégorique, fondée sur le double sens qu’ils présentent Mattanah veut dire don ; Nachliel, mon héritage est Dieu, et Bamoth, élévation ; ce qui indique les divers degrés de perfection que procure l’étude de la loi sacrée, qui est un don de Dieu. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 1316. Voy. Eroubin, 54a ; Nedarim, 55a.)

[196] Cette anecdote est rapportée par la tradition, mais elle n’est pas mentionnée dans la Bible.

[197] Psaumes, LV, 14. — D’après plusieurs commentateurs et d’après le Midrasch, ce chapitre des Psaumes aurait été composé lors de la révolte d’Absalon, et les paroles contenues dans les versets 14 et 15 s’adressaient à Achitophel, complice d’Absalon. (Cf. II Samuel, XVI, 23.)

[198] Cette citation se compose de deux moitiés de versets des Proverbes de Salomon, III, 35, et XXVIII, 10.

[199] Proverbes de Salomon, IV, 2.

[200] Interprétation de Maïmonide. D’autres traduisent : « Voici le régime qui convient à l’étude de la loi divine. Ne manger que du pain avec du sel, boire de l’eau avec mesure, coucher sur la dure, vivre de privations et travailler assidûment. »

[201] Selon une variante, il faut traduire : « Ne recherche pas les grandeurs et n’ambitionne pas les honneurs ; mais, dans la pratique de la vertu, fais plus que ne l’exige ta science (ta position comme savant). » — D’autres traduisent ainsi les derniers mots de cette variante : « Attache-toi plus à la pratique qu’à la théorie. » (Comp. Aboth, I, 17 ; III, 12, 22 ; Sentences et Proverbes, n° 31, 570, 804, 1319.)

[202] D’autres traduisent : « Un débit convenable. » — On pourrait traduire aussi : « Une élocution facile. »

[203] Comp. Sentences et Proverbes, n°243, 384, 793.

[204] Comp. Aboth, II, 6 ; IV, 12 ; Sentences et Proverbes, n° 1038.

[205] Les visites et les réceptions trop fréquentes font perdre du temps, et nuisent par conséquent à l’étude.

[206] D’autres traduisent : « La connaissance de soi-même. La traduction littérale est : Connaître sa place. » Peut-être le sens de ces mots est-il : Celui qui veut acquérir la science sacrée ne doit pas, par un sentiment de vanité, chercher à fréquenter les personnes dont la condition est de beaucoup au-dessus de la sienne.

[207] Cette dernière maxime a été souvent citée à propos des plagiaires. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 831.)

[208] Ce qui eut pour conséquence le triomphe de Mardochée et la délivrance des Israélites.

[209] Proverbes de Salomon, IV, 22.

[210] Ibid. III, 8.

[211] Ibid. III, 18.

[212] Ibid. I, 9.

[213] Ibid. IV, 9.

[214]   Ibid. IX, 11.

[215]   Ibid. III, 16.

[216]   Ibid. III, 2.

[217] Selon d’autres « Sont la parure des justes au profit du monde ; » c’est-à-dire, si les justes possèdent ces avantages, tout le monde en profite.

[218] Proverbes de Salomon, xvi, 31.

[219] Ibid. XX, 29.

[220] Ibid. XIV, 24.

[221] Ibid. XVII, 6.

[222] Isaïe, XXIV, 23.

[223] « Les vieillards sont la majesté du peuple » (J. Joubert.)

[224] Rabbi Iehouda le Saint.

[225] Comp. Sentences et Proverbes, n°808.

[226] Comp. Sentences et Proverbes, n°560.

[227] Dans quelques éditions on compte encore une cinquième possession de Dieu, à savoir le patriarche Abraham. Dans Pesachim, 87, où se trouve ce même paragraphe, on ne mentionne pas Abraham.

[228] Même les crimes, qui paraissent comme une tache dans l’œuvre du Créateur, tourneront à la gloire de Dieu ; car si le mal reste souvent impuni dans ce monde, il ne faut pas oublier que l’Éternel règne à jamais, qu’il y a une vie future et que là le jugement suprême rendra manifeste la justice divine.

Sentences et proverbes du Talmud et du Midrasch : suivis du traité d’Aboth, par Moïse Schuhl. Paris, Imprimérie Nationale, 1878. [Version numérisée : Google]

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