חומש בצרפתית | Ḥoumaš en français
Édition bilingue de la Torah, des Haftarot et des Méguilot avec les traductions de Samuel Cahen (1831-1851) et du Rabbinat français (1899-1906) accompagnée des traductions françaises du Targoum Néofiti et du Targoum de Šir haŠirim

Introduction de Zadoc Kahn (Volume 1, 1899)

ON ne saurait reprocher au judaïsme français de n’avoir point reconnu de bonne heure la nécessité de posséder la traduction française de la Bible hébraïque. Déjà dans la première moitié de ce siècle, des efforts sérieux ont été faits par divers savants israélites pour rendre accessibles aux lecteurs, peu familiers avec la langue sacrée, soit la totalité soit des parties plus ou moins considérables de l’Écriture Sainte. Il suffit de mentionner ici la Bible monumentale de Samuel Cahen en dix-huit volumes, publiée à partir de 1830, et Le Pentateuque de L. Wogue en cinq volumes. Les Psaumes de David, les cinq écrits des Hagiographes, connus sous le nom des cinq Meghillot, etc., ont eu plusieurs lois dans notre pays les honneurs de la traduction.

Toutefois, moins bien partages que les fidèles des autres cultes ou que nos coreligionnaires des contrées voisines, nous n’avions pas à notre disposition une Bible française vraiment populaire, d’un format commode, d’un prix modique, agréable à lire et dépouillée de tout appareil scientifique. La présente publication a pour objet de combler cette lacune. Elle est due à un concert amical des membres du rabbinat français, heureux de s’associer à un travail qu’ils considéraient à juste titre comme une dette morale envers notre culte et comme une question d’honneur.

Nous ne donnons, pour le moment, au public que la première moitié des écrits saints, à savoir le Pentateuque et les Prophètes dits historiques. La seconde partie, — Prophètes proprement dits et Hagiographes —, est prête pour l’impression et verra le jour dans un délai assez rapproché.

Nous tenons, pour rendre hommage à un maitre vénéré, à déclarer que le Pentateuque de L. Wogue a servi de base à la présente traduction, mais revu avec soin et notablement modifié, d’une part, par l’auteur lui-même, d’autre part, surtout depuis sa mort qui a été un deuil pour l’exégèse biblique, par ceux de ses amis qui avaient route sa confiance. C’est M. Wogue qui avait préparé aussi la traduction des premiers Prophètes jusque vers la fin du premier livre des Rois. Ce travail, auquel il n’a pu mettre la dernière main, a été revisé, complété et amélioré dans les mêmes conditions.

Il va sans dire que notre œuvre n’a pas de prétentions scientifiques. Notre seule ambition est de reproduire aussi fidèlement et clairement que possible le texte original, tel que la tradition nous l’a conservé à travers les siècles. La science moderne, il est vrai, qui a consacré à la Bible tant et de si remarquables travaux, s’est permis souvent de proposer des corrections à des leçons prétendues viciées. Nous n’avons eu garde de nous engager dans cette voie hardie et quelque peu dangereuse. Ne faisant pas tâche de critiques mais seulement de traducteurs, nous avons accepté les textes comme ils se présentent à nous, et cherché à les comprendre du mieux que nous pouvions, en optant pour l’interprétation la plus plausible. Bref, ceci n’est pas une œuvre de science et de critique, c’est une œuvre modeste de translation, devant donner satisfaction aux lecteurs qui demandent à la Bible des inspirations religieuses et morales.

C’est pour la même raison que nous avons été très ménagers des notes au bas des pages ; on s’est borné aux remarques les plus indispensables, pour écarter une objection qui paraissait se présenter d’elle-même ou fournir un éclaircissement qui s’imposait.

Pour la transcription des noms propres de personnes ou de localités, nous avons adopté les règles suivantes : ne rien changer aux noms devenus populaires et ayant acquis droit de bourgeoisie dans la langue française, rendre les autres de la manière la plus simple, en évitant l’emploi de tout signe étranger à notre système alphabétique. Ainsi le ח est rendu par h, le ש par ch, le צ par c ou ç. Nous n’affirmons pas qu’on ne puisse parfois nous taxer d’inconséquence dans la méthode suivie pour les transcriptions. Nous passons d’avance condamnation sur ce reproche, nous promettant de rétablir dans une prochaine édition l’unité désirable.

Qu’il me soit permis, en terminant ces courtes observations, de remercier mes collègues et amis du rabbinat du concours précieux et désintéressé qu’ils ont bien voulu nous donner pour mener à bonne fin cette pieuse entreprise. Je remercie aussi les membres généreux de notre Communauté parisienne et de notre culte sans l’appui desquels une publication aussi dispendieuse que celle-ci n’eût jamais été possible. Nous leur souhaitons de tout cœur la satisfaction de constater que leur sacrifice n’aura pas été inutile. Nous souhaitons surtout que nos coreligionnaires français aient à cœur d’user des nouvelles facilités qui leur sont offertes pour se familiariser davantage avec les écrits vénérés qui, tout en constituant le fondement impérissable de la religion juive, sont devenus la nourriture morale des âmes pieuses, la source toujours jaillissante de hautes leçons et de consolations efficaces pour tout cœur qui sent et tout esprit qui pense, croit et espère.

Paris, le 6 juin 1899.

Zadoc Kahn,

Grand Rabbin.

Sources
Traduction française
La Bible – traduite du texte original par les membres du Rabbinat français sous la direction de M. Zadoc Kahn Grand Rabbin. Tome Ier (Pentateuque – Premiers Prophètes). Paris (Durlacher), 1899.
License : domaine public.
Bibliographie
Voir notice complète.
Texte massorétique
Miqra according to the Mesorah (édition digitale du TaNaKh fondée en partie sur le Codex d’Alep). Version adaptée par Sefaria.
Licence : CC-BY-SA.
Police hébraïque
Ezra SIL.
License : Open Font License.
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