Bibliothèque numérique ► Présentation et sommaire ► Préface ► Ch. 1 – Des Tanaïm ► Ch. 2 – De l’Enseignement des Tanaïm ► Ch. 3 – Biographie de Rabbi Méir ► Ch. 4 – Agada : Morales et Sentences de Rabbi Méir ► Ch. 5 – Halakha – Introduction ► Jurisprudence civile ► Jurisprudence religieuse – Introduction ► Règles messianiques ► Les lois relatives au Shabbat et aux fautes volontaires ou involontaires ► Lois relatives à la femme ► Lois relatives aux idolâtres ► Ch. 6 – Relations entre Rabbi Méir avec Elischah ben Abouyah ► Conclusion
Un Tanah, étude sur la vie et l’enseignement de Rabbi Méïr
Chapitre 5. Halachah : Introduction
Raphaël Lévy (1883)
Si R. Méir acquit une autorité incontestable dans ce charmant métier de conteur, s’il fut toujours écouté et toujours applaudi, ses succès dans l’Agadah ne l’empêchèrent pas de devenir un maître dans l’art plus difficile d’interpréter les textes de la loi, de les étudier au point de vue juridique, de les discuter, de les comparer avec d’autres et d’en tirer enfin la règle fixe et immuable : La Halachah.
Dans cette vaste branche de l’encyclopédie talmudique, R. Méir occupa une place prépondérante parmi ses contemporains qui se soumettaient à l’autorité de sa science et de sa dialectique. Cette autorité est maintes fois constatée par le Talmud. סתם מתניתין ר׳ מאיר : « Toute opinion anonyme dans la Mischnah est la pensée même de R. Méir. » Cette louange, dans sa brièveté, en dit plus qu’un long et pompeux éloge.
D’ailleurs, comme la plupart de ses maîtres et comme le plus illustre de ses disciples, R. Jehoudah Hanasi, R. Méir avait, lui aussi, composé un recueil des décisions doctrinales, et son ouvrage fut toujours consulté avec fruit par les docteurs ses collègues.
Enfin le Talmud dit en propres termes : « L’avis de R. Méir est toujours adopté pour les décisions doctrinales. Les règles pour l’Eroub et les jeûnes publics sont celles qui ont été établies par R. Méir [1]. »
Quelle méthode allons-nous suivre pour analyser l’œuvre doctrinale de R. Méir ? Le Talmud, immuable dans ses principes, est souvent variable et changeant dans la forme. Il passe brusquement d’un sujet à un autre, et quiconque s’aviserait de le suivre dans des discussions s’enchaînant, s’entrecroisant, revenant à leur point de départ, ressemblerait fort à quelqu’un qui s’engagerait dans un labyrinthe dont les détours multiples lui sont à peine connus.
Notre but étant de faire connaître l’opinion de R. Méir sur les principaux sujets traités par le Talmud, nous avons dû faire abstraction des divisions mêmes du Talmud et suivre ces différents sujets dans les traités qui en font mention.
Deux jurisprudences tiennent dans le Talmud une place importante : la jurisprudence civile et la jurisprudence religieuse. Nous les étudierons successivement et nous verrons quelles furent, dans l’une comme dans l’autre, les opinions de notre docteur.
La jurisprudence religieuse se subdivise en un nombre infini de parties. Pour ne pas trop fatiguer l’attention du lecteur, nous avons établi les divisions suivantes : règles messianiques, lois relatives au sabbat, à la femme, aux idolâtres, partageant ainsi le Talmud en quatre chapitres et rangeant sous un même titre des sujets disséminés dans les nombreux traités de cette vaste encyclopédie.
[1] Éroubin, 47 a. V. plus loin, pages 98 et 149.
Source : Un Tanah : Étude sur la vie et d’enseignement d’un docteur Juif du IIe siècle. Raphaël Lévy. Paris, éditions Maisonneuve, 1883. [Version originale numérisée : Bibliothèque numérique de l’AIU]