Traité des Poisons de Maïmonide | ספר הסמים וההישמרות מפני הסממנים הקטלניים

Section I. Chapitre 2

Traduction I.-M. Rabbinowicz (1865)


Chapitre II. Topiques simples ou composés qu’on applique sur les piqûres ou les morsures.

Les médicaments simples qu’on applique sur les plaies venimeuses pour en extraire le virus, sont : la menthe aquatique, le pouillot, le crotin de pigeon, celui de canard, le soufre, l’asa fœtida, le crotin de chèvre, le sel de cuisine, l’oignon, la pierre judaïque. Ce que vous pourrez avoir de toutes ces substances, vous le pilez, le pétrissez avec du miel, ensuite vous l’appliquez sur la piqûre, après la succion pratiquée à l’aide de la bouche ou des ventouses pour extraire le venin. On obtient le même résultat si on frotte la plaie avec du fiel de bœuf. Les pépins de l’orange douce ou amère pilés et appliqués en compresse sur la plaie arrêtent tous les accidents mortels, par suite d’une propriété qui leur est spéciale de neutraliser les poisons, qu’ils possèdent à un degré éminent.

Quant aux médicaments composés, prenez de l’oignon et du sel, de la fiente de pigeon en parties égales, faites-en un emplâtre que vous appliquerez sur la plaie. — Autre : De la graine d’althéa fraîche ou sèche, pilée avec de l’huile et du vinaigre, on en frotte la piqûre. — Autre énergique dans son attraction : Le sinapis nigra, la soude, la chaux vive, pris en parties égales, mélangés avec du goudron et appliqués sans retard avant que le poison ne soit répandu dans le corps. — Autre : Faites un composé de sel, de cendres de bois, de figuier, de sarment, du nitre, délayés et pétris avec du vinaigre et du fiel de bœuf, appliquez-le sur la plaie, comme onguent. — Autre, indiqué par Rhazès, qui affirme l’avoir expérimenté pour calmer les douleurs causées par toute espèce de morsure et en même temps attirer le venin à l’extérieur : Prenez du sagapenum, du castoreum, de l’asa fœtida, du soufre, de la colombine, de la menthe sauvage, de la menthe des bois, en parties égales, pétrissez le tout avec de la vieille huile d’olive, ou même du vinaigre mêlé d’huile ; après avoir bien manipulé, on tient la préparation en réserve pour la trouver au besoin. On l’emploie comme liniment. L’auteur ajoute que quand la menthe des bois vient à manquer, ou qu’il est difficile de s’en procurer, on peut la remplacer par la cannelle. Une très-bonne préparation encore, c’est de faire bouillir de la menthe dans du vinaigre et d’en exprimer le liquide sur le membre mordu.

Tous ces médicaments sont faciles à trouver, ils sont sous la main et d’une très-grande utilité dans les cas où il y a du danger.

Traité des poisons de Maïmonide (XIIe siècle). Avec une table alphabétique de noms pharmaceutiques arabes et hébreux d’après le Traite des synonymies de M. Clément-Mullet. Traduit par le DrI. M. Rabbinowicz. Paris, Adrien Delayahe (éd.), 1865. [Version numérisée : archive.org]

Retour en haut