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Traité de Logique de Maïmonide | מילות הגיון
Chapitre 6
Traduction Moïse Ventura (1935)
Il suffit d’un peu de réflexion pour se rendre compte que de deux propositions qui n’ont rien de commun entre elles, on ne peut rien déduire. P. ex. De propositions telles que : tout homme est animal, tout feu est chaud, toute neige est froide, auxquelles on ajouterait un nombre indéfini d’autres propositions distinctes [1], on ne pourrait rien déduire. Mais lorsque deux propositions ont, sous une certaine forme, un élément commun entre elles, leur permettant de donner lieu à une troisième assertion, la réunion de ces deux propositions s’appelle un syllogisme [2]. Chacune des deux propositions constitue une prémisse et la troisième qui en découle s’appelle une conclusion ou une conséquence. P. ex. Des propositions : Tout animal est sensible, tout homme est animal [3], il résulte nécessairement que l’homme est sensible. Ceci est la conclusion.
Si maintenant tu considérais ces exemples, tu trouverais qu’un syllogisme se compose de trois éléments. Il y a, en effet, ainsi que nous l’avons expliqué, deux éléments dans chaque proposition : le prédicat et le sujet. Or, l’un des éléments étant commun aux deux prémisses, il n’en reste que trois : l’élément commun qui prend le nom de moyen terme et les deux éléments distincts que nous appelons les extrêmes. La conclusion est formée de la réunion des deux extrêmes.
Il est à remarquer quant aux termes de la conclusion, que le prédicat de la conclusion est ce qui, dans un syllogisme, s’appelle le premier terme ou le terme majeur ; la prémisse qui le contient s’appelle la majeure. Quant au sujet de la conclusion, c’est ce qui, dans un syllogisme, s’appelle le dernier terme ou le terme mineur ; la prémisse qui la contient, nous l’appelons la mineure [4].
[Soit, p. ex. les syllogismes que voici :
A est B C est A Donc : C est B |
A n’est pas B C est A Donc : C n’est pas B |
Nous appelons le prédicat B de l’une des propositions, le terme majeur ; le sujet C de l’autre, le terme mineur ; le terme A commun aux deux propositions, le moyen terme. Aussi la prémisse qui contient le terme majeur, s’appelle-t-elle la majeure; celle qui contient le terme mineur, la mineure][5].
Reprenons, pour plus de clarté, notre exemple qui consistait en ceci :
Tout animal est sensible Tout homme est animal Donc : Tout homme est sensible. |
Les termes de ce syllogisme sont au nombre de trois : homme, animal, sensible ; le moyen terme, c’est : animal ; les extrêmes ce sont : sensible et homme; le terme majeur ou le premier, c’est : sensible ; le terme mineur ou le dernier, homme ; la majeure c’est la prémisse : tout animal est sensible ; la mineure, la prémisse : tout homme est animal. Telle est la signification de ces termes, les plus importants à connaître dans l’art de la Logique.
Les termes interprétés dans ce chapitre sont au nombre de onze :
Le syllogisme, la prémisse, la conclusion, la conséquence, le moyen terme, le premier terme, le terme majeur, le dernier terme, le terme mineur, la majeure, la mineure.
Notes
[1] 1) Dans certains manuscrits et dans les éditions on trouve ici au lieu de la phrase : וכן אם ההגיון המשפטים הנבדלים מה שהגיון celle-ci qui a à peu près le même sens : (parfois הרבות) וכן אם הרבנית המשפטים הנבדלים הרבה מאד
[2] Le terme syllogisme (συλλογισμός) signifie réunion de jugements, assemblage et enchaînement de propositions.
Aristote le définit ainsi : « Le syllogisme est une suite de paroles dans laquelle certaines propositions étant données on en conclut nécessairement une autre proposition différente de celles-là par cela seul que celles-là ont été posées » (Pr. An. I, ch. 1).
Le syllogisme est aussi désigné sous les noms d’inférence médiate et de déduction.
[3] Ainsi que nous l’avons dit dans notre introduction, nous avons interverti partout l’ordre des prémisses en plaçant la majeure avant la mineure (voir plus haut p. 11).
[4] Les termes majeure et mineure employés à propos du syllogisme signifient que la mineure ayant moins d’étendue est contenue dans la majeure et que la conclusion moins étendue que toutes est contenue dans la mineure. C’est ainsi qu’Euler assimile les trois propositions du syllogisme à trois cercles concentriques dont le premier contient le second qui contient le troisième.
[5] Tout ce passage mis entre crochets ne figure pas dans le texte original. Dans les manuscrits de la version hébraïque, on y trouve de nombreuses variantes.
Maïmonide. Makala Fi Sana’at Al-Mantik. מילות הגיון. Terminologie Logique. Edition critique par Moïse Ventura. Librairie Lipschutz, Paris, 1935.[Version numérisée : Alliance israélite universelle].