Tafsir Rasag | תפסיר רס »ג
Version arabe des Proverbes (chapitres 21-31)
Traduction Joseph Derenbourg dir. (1893-1899)
En noir, traduction française du texte hébraïque par le Rabbinat français. En vert, traduction française du Tafsir de R. Saadia Gaon éditée par Joseph Derenbourg.
Sommaire
ToggleChapitre 21
Le cœur du roi est comme un ruisseau dans la main de l’Éternel ; il le dirige partout où il veut.
Le cœur du roi, pour l’obéissance à Dieu, est comme les cours d’eau115* ; il convient qu’il le dirige partout où (Dieu) veut.
Aux yeux de l’homme, toutes ses voies paraissent droites, mais Dieu sonde les cœurs.
Toutes les voies de l’homme lui paraissent justes ; mais Dieu dirige les esprits,
Pratiquer la charité et la justice est plus agréable à Dieu que le sacrifice.
en (leur apprenant) que la justice et l’équité sont préférées par lui aux sacrifices.
Des yeux hautains, un cœur gonflé, tout l’éclat20 des méchants n’est que péché.
Les projets de l’homme actif tournent à son avantage ; être impatient [de s’enrichir], c’est aboutir au dénuement.
Les calculs de l’homme actif sont toujours dépassés ; quant à l’homme craintif, il reste toujours en arrière117*.
Les trésors acquis par une langue menteuse sont un souffle qui se dissipe, un piège21 mortel.
Des trésors acquis par des paroles mensongères sont des atomes de poussière qui se dissipent pour des gens qui cherchent la mort118*.
La violence des méchants les entraîne eux-mêmes, car ils se refusent à pratiquer la justice.
Perverse est la voie de l’homme immoral ; l’œuvre de celui qui est pur est droite.
On voit l’homme être versatile dans sa route et s’en écarter, et l’homme pur est celui qui est stable dans sa conduite.
Mieux vaut habiter l’angle d’un toit que de partager sa demeure avec une femme acariâtre.
Mieux vaut être assis à l’angle d’un toit que d’habiter avec une femme querelleuse et acariâtre.
L’âme du méchant aspire au mal ; même son ami ne trouve pas grâce à ses yeux.
Lorsque l’âme du méchant désire le mal, on voit son ami ne pas trouver grâce à ses yeux.
Punissez le railleur, le niais en sera assagi ; instruisez le sage, il fera accueil au savoir.
Par le châtiment du moqueur, l’homme insouciant devient raisonnable, et par l’instruction du sage, il acquiert la science.
Un [Dieu] juste observe la demeure du méchant et culbute les pervers pour leur malheur.
Lorsque le juste se montre intelligent dans la maison de l’impie, il égare les méchants (pour les conduire) au malheur.
Qui se bouche les oreilles devant les supplications du pauvre, criera à son tour et ne sera pas exaucé.
Celui qui ferme son oreille aux cris du pauvre appellera lui aussi et ne sera pas écouté.
Un présent glissé furtivement fait tomber la colère : un cadeau offert en secret, le plus violent courroux.
Le présent (fait) en secret fléchit la colère, et le cadeau (caché) dans la manche arrête une violente fureur120*.
Pratiquer la justice est une joie pour l’homme de bien et un supplice pour les artisans d’iniquité.
Comme le juste se réjouit d’exercer la justice, de même les fauteurs d’iniquité en sont bouleversés.
L’homme qui s’égare hors de la voie de la raison ira reposer dans la troupe des trépassés.
Tout homme qui s’écarte du chemin de l’intelligence reposera dans la société de ceux qui ont péri.
Qui aime les plaisirs deviendra besogneux ; qui a un faible pour le vin et l’huile ne fera pas fortune.
Celui qui aime les plaisirs tombe dans le besoin, et celui qui aime le vin et l’huile ne s’enrichit pas.
Le méchant sert de rançon pour le juste ; le perfide sera pris pour les hommes droits.
Parfois le méchant devient la rançon du juste, et l’imposteur remplace l’homme droit.
Mieux vaut demeurer dans un pays désert qu’avec une femme acariâtre et irascible.
Mieux vaut habiter un pays désert que de demeurer avec une femme querelleuse et rusée.
Dans la maison du sage se conservent trésors précieux et huile ; un homme sot engloutit tout.
Les provisions choisies et la graisse se trouvent dans la demeure du sage, l’homme sot les gaspille.
Mettez-vous en quête de la justice et de la bonté : vous trouverez vie, salut et honneur.
Le sage escalade une ville pleine de guerriers et fait tomber la citadelle où elle mettait sa confiance.
Parfois le sage monte à la citadelle des guerriers et renverse la forteresse qui faisait leur sécurité.
Mettre un frein à sa bouche et à sa langue, c’est se préserver de bien des tourments.
Qui garde sa bouche et sa langue préserve sa personne des malheurs.
Un insolent qui se pavane, son nom est « moqueur » ; il agit avec une arrogance sans borne.
Les désirs du paresseux le tuent, car ses mains se refusent à agir.
Le désir du paresseux va presque jusqu’à le tuer, parce que ses mains se refusent à travailler.
Sans cesse on conçoit de nouveaux désirs ; mais le juste donne et ne compte pas.
Toute la journée il a des désirs, le juste satisfait les siens sans ménagement.
Le sacrifice des impies est une abomination, d’autant plus qu’ils l’offrent avec une arrière-pensée.
Le sacrifice offert par les méchants est une abomination, d’autant plus qu’ils ne l’apportent qu’en échange d’une mauvaise action123*.
Un témoin mensonger se perd ; l’homme qui sait écouter aura toujours le droit de parler.
L’homme pervers paie d’audace ; l’homme de bien choisit avec soin sa direction.
Lorsque le méchant prend un air effronté, il convient que l’homme droit comprenne quelle voie suit (ce méchant)125*.
Il n’y a ni sagesse, ni prudence, ni résolution qui vaillent contre l’Éternel.
On équipe le cheval pour le jour du combat, mais c’est l’Éternel qui est maître de la victoire.
Le cheval est préparé pour le jour du combat, mais le (vrai) secours (vient) de Dieu.
Chapitre 22
Un nom [estimé] est préférable à la grande richesse : la sympathie est plus précieuse que l’argent et que l’or.
La réputation est préférable à la grande richesse, et une bonne considération à l’or et à l’argent.
Riche et pauvre sont sur la même ligne : l’Éternel les a faits l’un et l’autre.
Lorsque le riche elle pauvre se rencontrent, il faut que tous deux sachent que Dieu les a créés127*.
L’homme avisé aperçoit le danger et se met à l’abri ; les niais passent outre et en pâtissent.
L’homme avisé voit le mal et s’en garantit, les insouciants passent outre et sont frappés.
Fruits de l’humilité, de la crainte de Dieu : richesse, honneur et vie !
La récompense de l’humilité et de la crainte de Dieu, ce sont la richesse, l’honneur et la vie.
Des lacets et des pièges sont semés sur la route du pervers ; qui tient à sa vie s’en éloigne.
Il y a des épines128* et des pièges dans le chemin raboteux129* ; celui qui a souci de lui-même s’en éloigne.
Donne au jeune homme de bonnes habitudes dès le début de sa carrière ; même avancé en âge, il ne s’en écartera point.
Dirige l’enfant d’après son âge, car, lorsqu’il sera vieux, il ne déviera pas de cette direction.
Le riche prime les pauvres ; le débiteur est prisonnier de son créancier.
Comme le riche domine le pauvre, il convient que l’emprunteur soit comme le serviteur du préteur.
Qui sème l’injustice, récolte l’adversité, l’instrument de sa passion sera anéanti22.
Qui sème l’injustice révolte l’iniquité, et la verge de son emportement disparaît.
Celui qui a bon cœur sera béni, car il partage son pain avec le pauvre.
Expulse le persifleur, la discorde décampera avec lui, plus de disputes ni d’injures !
Chasse le moqueur, la querelle s’en ira, et le procès et l’ignominie chômeront.
Un ami au cœur pur, par l’agrément de ses lèvres, gagne l’affection du roi.
Si quelqu’un aime la pureté du cœur, ses paroles ont de l’agrément et les rois sont ses amis131*.
Les yeux de l’Éternel protègent le vrai savoir ; mais ils renversent les entreprises du perfide.
La sollicitude divine protège les hommes de la science et pervertit les paroles des perfides.
Le paresseux s’écrie : « Il y a un lion dehors ! Je vais être massacré en pleine rue ! »
On voit le paresseux dire : Il y a un lion sur la place, et au milieu des rues je crains d’être tué.
La bouche des femmes étrangères est comme un abîme profond ; celui que Dieu réprouve y tombe.
La sottise est attachée au cœur de l’adolescent ; la verge qui châtie doit l’en arracher.
La sottise attachée au cœur du jeune homme en sera écartée par la verge de l’éducation.
On pressure le pauvre, et cela tourne à son profit ; on donne au riche, et c’est un appauvrissement pour lui.
Lorsqu’on opprime un pauvre pour augmenter son propre avoir ou pour donner à un riche, tout cela aboutit à une perle.
Incline ton oreille et écoute les paroles des sages ; prête ton attention aux leçons de mon expérience.
Incline l’oreille et écoule les paroles des sages, et sois attentif à ma science.
Il sera beau pour toi de les retenir en ton cœur, de les fixer en permanence sur tes lèvres.
Certes, il est agréable que tu les gardes dans ton cœur, qu’elles se fixent toutes dans ton langage,
Mets ta confiance en l’Éternel ; voilà ce que je t’enseigne à toi-même en ce jour.
et que ta confiance soit en Dieu ; je te l’enseigne aujourd’hui à toi aussi.
N’est-ce pas à ton intention que j’ai consigné par écrit d’importantes maximes, en fait de bons conseils et d’expérience,
pour t’apprendre ce qu’il y a de réel dans les dictons de la vérité et te permettre de présenter fidèlement les choses à ceux qui t’envoient ?
pour que tu connaisses les paroles de justice et de vérité et que tu répondes par des paroles de vérité à ceux qui te consultent134* ?
Ne dépouille pas le faible parce qu’il est sans défense ; n’écrase pas le pauvre à la Porte23,
Ne dépouille pas le pauvre parce qu’il est pauvre, et ne traite pas injustement l’indigent sur les places publiques,
car l’Éternel prend en mains leur cause et il traite avec rigueur ceux qui leur infligent des vexations.
car Dieu défendra leur cause et ôtera la vie à ceux qui leur font du tort.
Ne fraye pas avec un homme irascible, ne lie pas société avec quelqu’un qui s’emporte :
tu pourrais copier leurs mœurs et t’engager toi-même dans un piège.
pour que tu n’apprennes pas ses manières de se conduire, ce qui serait un piège pour toi-même.
Ne sois pas de ceux qui disent : « Touchez-là ! » et qui se portent garants pour des emprunts.
Ne sois pas parmi ceux qui prennent des engagements et
Que tu n’aies pas de quoi payer, pourquoi t’exposer à ce que l’on saisisse la couche où tu reposes ?
car alors, si tu n’as pas de quoi payer, (le créancier) ne prendra pas ton lit de dessous toi.
Ne déplace pas les bornes antiques, que tes pères ont posées.
Ne déplace pas la borne perpétuelle qu’ont posée tes pères.
Vois cet homme diligent dans son travail : il pourra paraître devant les rois au lieu de se tenir auprès des gens obscurs.
Lorsque tu vois un homme habile dans son métier, il se mettra au service des rois et non au service du vulgaire136*.
Chapitre 23
Lorsque tu t’attables pour manger avec un supérieur, considère bien qui tu as devant toi.
Lorsque tu t’assois à la table du roi, considère ce qui est devant toi.
Tu t’enfonceras un couteau dans la gorge, si tu te comportes en glouton.
Mets un couteau dans ton gosier, si tu es un homme de grand appétit.
Ne convoite pas ses plats fins, car c’est une nourriture trompeuse.
Ne convoite pas ses mets, car c’est une nourriture qui peut (venir à te) manquer.
Ne te fatigue pas pour t’enrichir renonce à ton savoir-faire.
Ne te fatigue pas en cherchant à t’enrichir ; abstiens-toi d’y appliquer ta raison.
Tes regards se seront à peine posés sur la fortune, qu’elle ne sera plus ; car elle ne manquera pas de s’acquérir des ailes, tel un aigle qui s’envole dans les cieux.
Car, tandis que tes yeux fixent (la richesse), elle n’est déjà plus, mais elle se fait des ailes comme l’aigle qui vole dans le ciel.
Ne mange pas le pain d’un avare et ne convoite pas ses friandises.
Ne goûte pas la nourriture de l’avare et ne convoite pas ses mets.
Car c’est comme un coup de poignard pour lui : c’est sa façon d’être. « Mange et bois », te dira-t-il, mais son cœur n’y est pas.
En effet, comme il l’avait décidé en lui-même, il te dit : Mange et bois ; mais son cœur n’est pas avec toi.
Le morceau de pain mangé par toi, tu le vomiras et tu auras dépensé en pure perte tes paroles aimables.
Et lorsque tu auras mangé ton morceau, tu le vomiras, et tu auras gâté par là tes bonnes choses137*.
Ne parle pas aux oreilles du fou, car il méprisera tes discours pleins de bon sens.
En présence du sot, ne parle pas de manière à ce qu’il méprise ce qu’il y a de rationnel dans ton discours138*.
Ne recule pas les bornes antiques, et n’empiète pas sur le champ des orphelins ;
car puissant est leur défenseur, il prendra en mains leur cause contre toi.
car leur protecteur est puissant, et il prendra en main leur cause contre toi.
Ouvre ton cœur à la morale et tes oreilles aux paroles de raison.
Incline ton cœur à (accepter) la leçon, et ton oreille à (écouter) les paroles de la science.
N’épargne pas les corrections au jeune homme ; si tu le frappes avec la verge, il n’en mourra point.
N’épargne pas à l’enfant la correction ; si tu le frappes de la verge, il n’en mourra pas,
Au contraire, frappe-le avec la verge, et tu sauveras son âme du Cheol.
car tu le frapperas de la verge, et tu sauveras son âme de la perdition.
Mon fils si ton cœur acquiert la sagesse, mon cœur à moi en aura de la joie ;
Mon fils, si ton cœur devient sage, mon cœur à moi aussi se réjouit,
mes reins seront transportés d’aise, quand tes lèvres s’exprimeront avec rectitude.
et mes entrailles tressaillent de joie, lorsque les lèvres parlent avec droiture.
Que ton cœur n’envie pas le sort des pécheurs, mais [s’attache] constamment à la crainte du Seigneur ;
Que ton cœur ne porte pas envie aux pécheurs, mais toujours (à ceux qui persévèrent) dans la crainte de Dieu,
car assurément il y a un avenir, et ton espoir ne sera point anéanti.
car il y a pour toi un avenir, et ce que tu as espéré ne te sera pas enlevé.
Écoute-moi bien, mon fils, et deviens sage ; dirige ton cœur dans le droit chemin.
Écoute, ô toi, mon fils, et deviens sage ; parmi les voies à suivre, dirige bien ton cœur.
Ne sois point parmi les buveurs de vin, parmi les amis de la bonne chère ;
Ne sois pas de ceux qui boivent le vin avec excès, ou qui dépassent la mesure pour la chair.
car ivrogne et gourmand tombent dans la misère ; le goût du sommeil réduit à se couvrir de haillons.
Parce que celui qui fait des excès et celui qui dépasse la mesure s’appauvrissent ; et trop de sommeil fait revêtir les haillons.
Sois docile à ton père qui t’a donné le jour et ne dédaigne pas la vieillesse de ta mère.
Écoute ton père qui t’a engendré, et ne méprise pas ta mère, quand elle a vieilli.
Achète la vérité et ne la revends pas, non plus que la sagesse, la morale et la raison.
Achète la vérité et ne vends pas la sagesse, ni la morale, ni la raison.
Le père d’un juste est au comble de la joie ; qui a donné naissance à un sage est heureux.
Le père du juste éprouve de la joie, et celui qui a engendré le sage se réjouit de lui,
Que ton père et ta mère se réjouissent donc ; qu’elle jubile, celle qui t’a enfanté !
lorsqu’on dit à (cet enfant) : Ton père et ta mère peuvent se réjouir, et les grands-parents peuvent être heureux !
Mon fils, donne-moi ton cœur et aie les yeux ouverts sur ma voie24.
Tourne, ô mon fils, ton cœur vers moi, et que tes yeux observent mes voies.
Car la courtisane est un abîme sans fond, l’étrangère, un puits étroit.
Car la femme adultère est une fosse profonde, et l’étrangère est comme un puits étroit.
Aussi bien, elle se met en embuscade comme un brigand ; elle multiplie les trahisons parmi les hommes.
Elle, de son côté, se met en embuscade comme (poussée par) une suggestion, et elle augmente, parmi les hommes, le nombre des infidèles140*.
Pour qui les ah ! pour qui les hélas ! pour qui les disputes et pour qui les plaintes ? pour qui les blessures gratuites et pour qui la vue trouble ?
Pour qui les hélas ! pour qui les lamentations, pour qui les disputes, pour qui les divagations, pour qui les blessures gratuites, et pour qui les yeux enflammés ?
Pour ceux qui s’attardent à boire, pour ceux qui vont déguster le vin parfumé.
Pour ceux qui s’attardent jusqu’au matin auprès du vin et qui s’avancent pour déguster la boisson mélangée.
Ne couve pas de tes regards le vin vermeil qui brille dans la coupe : il glisse doucement,
Ne regarde pas le vin, quand il devient rouge, qu’il te donne sa couleur dans la coupe, et se glisse tout droit.
et finit par mordre comme un serpent, par piquer comme un aspic.
Car, à la fin, il mord comme le serpent et lance son venin comme le serpent jaspé.
Alors tes yeux voient des choses étranges et ton cœur laisse échapper des propos incohérents.
Tes yeux verront des choses étranges, et ton cœur concevra des pensées incohérentes.
Tu te crois gisant au fond de la mer, couché au sommet d’un mât.
Et tu seras comme si tu dormais dans les profondeurs de la mer, ou comme si tu sommeillais au haut d’un mât.
« On m’a frappé [diras-tu], et je n’ai pas eu de mal ; on m’a roué de coups, et je ne l’ai pas senti. Quand donc me réveillerai-je ? Je recommencerai, j’en demanderai encore ! »
Tu diras : On m’a frappé et je n’en ai pas souffert ; on m’a battu sans que je m’en sois aperçu. Quand je me réveillerai, je recommencerai et rechercherai toujours (le vin)141*.
Chapitre 24
Ne jalouse pas les hommes d’iniquité ; ne souhaite pas de frayer avec eux
Ne sois pas jaloux des méchants et ne désire pas être avec eux,
car leur cœur machine des ruines, et leurs lèvres débitent l’injustice.
car leurs cœurs méditent la spoliation et leurs lèvres profèrent des paroles vicieuses.
C’est par la sagesse que s’édifie la maison c’est par la raison qu’elle se consolide.
Par la sagesse les maisons se bâtissent, par l’intelligence elles s’affermissent,
Grâce à l’intelligence, le logis se remplit de toute sorte de biens rares et précieux.
et par la science les chambres se remplissent de tous les biens précieux et agréables.
Le sage est armé d’énergie, et l’homme d’expérience voit doubler sa force.
toi, dont la sagesse fait la force, et pour qui la science est une aide puissante,
C’est en suivant un plan habile que tu dois entreprendre la guerre ; la victoire est assurée par la multitude des conseillers.
sache que tu feras la guerre à l’aide de la finesse, et que le secours vient de l’abondance des conseils.
Les données de la sagesse sont inaccessibles au sot ; à la Porte, il n’ouvre pas la bouche.
Le sot trouve la sagesse trop élevée pour lui ; dans les assemblées il n’ouvre pas la bouche.
Qui médite de faire le mal, on l’appelle l’homme aux [noirs] projets.
Combien y a-t-il qui méditent le mal et que les gens appellent hommes de réflexion !
Le péché est une conception de la folie, et les gens ont horreur du persifleur.
Il faiblit au jour de la détresse : c’est que ton courage a l’haleine courte.
Sauve ceux qu’on traîne à la mort, ne manque pas de défendre ceux qui vont au supplice.
Délivre ceux qui sont conduits à la mort ; et ceux qui sont sur le point d’être tués il convient que tu les sauves.
Tu diras peut-être : « Cet homme-là, nous ne le connaissons pas ! » Mais celui qui pénètre au. fond des cœurs comprend ; celui qui veille sur ta vie sait, et il rétribue chacun selon ses œuvres.
Et si lu dis : Nous ne savons rien145* ; certes, celui qui dispose les cœurs comprend, et celui qui garde ton âme le sait ; il rétribue l’homme selon ses actions.
Mange du miel, mon fils, car c’est bon ; les rayons en seront doux à ton palais.
mon fils, de même que tu manges le miel parce qu’il est bon, et le rayon parce qu’il est doux dans ton palais,
Telle est, sache-le bien, la sagesse pour ton âme ; si tu t’en rends maître, il y a de l’avenir pour toi, ton espoir ne sera pas anéanti.
de même connais la sagesse, car elle est utile à ta personne ; si tu la trouves, tu trouveras un avenir146*, et ton espoir ne sera pas tranché.
Méchant, pas de machination secrète contre la demeure du juste ! Pas d’entreprises contre le lieu de sa résidence !
Ne dresse pas d’embûches contre la demeure de celui qui est dans son droit, car tu commets une injustice à son égard, et ne dépouille pas son gîte,
Car le juste tombe sept fois, et se relève ; mais les méchants sont culbutés par le malheur.
car le juste, même s’il tombe souvent, se relève, tandis que les injustes trébuchent dans le mal.
Lorsque ton ennemi tombe, ne te réjouis point ; s’il succombe, que ton cœur ne jubile pas !
Lorsque ton ennemi tombe, ne t’en réjouis pas ; lorsqu’il est frappé par le malheur, n’aie pas le cœur joyeux,
L’Éternel verrait cela de mauvais œil, et il détournerait de lui sa colère.
de peur que Dieu ne le voie, que cela ne lui déplaise et qu’il ne retire de lui sa colère (pour la tourner) contre toi.
Ne porte pas envie aux malfaiteurs, ne jalouse pas les méchants ;
Ne rivalise pas avec les méchants, et n’envie pas les injustes.
car le méchant n’a pas d’avenir : la lumière des impies est fumeuse.
Car au méchant il ne restera pas d’avenir, et le flambeau des injustes s’éteindra.
Crains l’Éternel, mon fils, ainsi que le roi : ne te mêle pas aux novateurs ;
Crains Dieu, mon fils, et son vicaire147*, et ne te mêle pas à ceux qui leur donnent des associés148* ;
car soudain, le désastre fond sur eux : qui peut mesurer les coups que leur réservent l’un et l’autre ?
car le malheur (qui vient) d’eux, arrivera soudain ; et la ruine que tous deux amènent, qui en connaît le moment ?
Les sentences suivantes émanent également des sages : Faire acception de personnes en justice n’est pas une bonne chose.
Est-ce que de telles choses149* conviennent aux sages ? Il n’y a rien de bon à avoir égard aux personnes dans le jugement ;
Celui qui prononce sur le coupable en disant : « Tu es acquitté ! » les peuples le maudissent, les gens l’exècrent.
car celui qui dit au coupable : Tu es innocent, les peuples le railleront et les nations le réprouveront.
Mais on est bienveillant pour ceux qui [le] répriment, et il leur vient des souhaits de bonheur.
Pour ceux qui réprimandent il y a du bonheur, et la bénédiction de l’homme de bien descendra sur eux,
C’est comme un baiser des lèvres que de répliquer par des paroles équitables.
Prépare-toi une occupation au-dehors, déploie ton activité dans ton champ, puis, tu édifieras ta maison.
Arrange ton travail dans la rue et prépare-le pour toi dans le champ, après cela construis ta maison151*.
Ne témoigne pas sans motif contre ton prochain : prétendrais-tu exercer une séduction par tes lèvres ?
Ne rends pas un vain témoignage à ton prochain, en le trompant par ta parole.
Ne dis pas : « Comme il m’a traité, je le traiterai ; je rends à chacun selon ses œuvres. »
Ne dis pas (non plus) : « Comme il m’a fait, je lui ferai ; je lui rendrai selon sa façon d’agir152*. »
J’ai passé près du champ d’un paresseux, près du vignoble d’un homme privé de sens.
Lorsque je passai près du champ d’un paresseux, et près de la vigne d’un homme sans intelligence,
Et voilà qu’il était tout envahi par l’ivraie ; les ronces en recouvraient la surface, l’enclos de pierres était en ruines.
voici que la plus grande partie avait produit des orties, et les ronces en couvraient la surface, et les pierres de la clôture étaient renversées.
Je contemplai ce spectacle, j’y donnai mon attention, et de cette vue je tirai une leçon :
Quand moi je le vis, je le pris à cœur, et quand je le regardai, j’en tirai une leçon.
« Ah ! dormir encore un peu, rester un peu assoupi, entrelacer un peu les mains pour reposer ! »
Un peu de sommeil et d’assoupissement, te croiser les bras encore un peu pour rester couché,
« Cependant, la pauvreté s’introduit chez toi comme un rôdeur, et la misère comme un guerrier armé25 ! »
et ta pauvreté viendra comme un voyageur, et ton dénuement comme un homme armé d’un bouclier.
Chapitre 25
Les proverbes qui suivent émanent également de Salomon et ont été colligés par les gens d’Ézéchias, roi de Juda.
Ceci fait également partie des proverbes de Salomon qu’ont transmis les gens de Hizqiya, roi de Juda.
La gloire de l’Éternel, c’est de s’entourer de mystère ; la gloire du roi est d’examiner les choses à fond.
La majesté de Dieu est une chose impénétrable, et la majesté du roi est à l’extrême limite des choses153*.
Tout comme les cieux en hauteur, la terre en profondeur, le cœur des rois est insondable.
Comme le ciel est ce qu’il y a de plus haut, et la terre ce qu’il y a de plus profond, de même la pensée des rois ne (doit) pas avoir de limite154*.
Qu’on sépare les scories de l’argent, et l’orfèvre le travaillera en objet d’art.
De même que si l’on ôte les scories de l’argent, il en sort pour le fondeur un beau vase,
Qu’on éloigne le méchant de la présence du roi, et son trône se trouvera affermi par la justice.
de même, si l’on écarte le méchant de devant le roi, son trône est affermi par la justice.
Ne te pavane pas devant le roi et n’occupe pas la place des grands.
Ne fais pas le glorieux devant le roi, et ne te mets pas à la place des grands,
Car mieux vaut pour toi qu’on te dise : « Monte là ! » que si on t’abaissait devant les nobles, chose que tes yeux ont déjà pu voir.
car il vaut mieux pour toi qu’on te dise : Monte ici, que d’être humilié en présence des nobles, comme tes yeux l’ont déjà vu.
Ne t’engage pas inconsidérément dans les luttes : tu t’exposerais à ne plus savoir que faire à la fin, si ton prochain te couvrait de confusion.
Ne l’avance pas précipitamment dans une dispute, de peur que (tu ne saches plus) à la fin quoi faire, lorsque ton prochain te confondra.
As-tu un procès avec ton prochain, défends-le, mais sans dévoiler des secrets qui ne t’appartiennent pas :
Poursuis contre ton prochain ta réclamation et ne révèle pas d’autre secret,
tu serais blâmé par ceux qui t’entendent et décrié sans retour.
de peur que(le juge)qui t’écoute ne te haïsse, et que lu ne sois perdu de réputation sans retour155*.
Des pommes d’or dans des vases d’argent ajourés, telle une parole prononcée à propos.
Un anneau d’or, un collier de perles, tel le sage qui fait la morale à une oreille attentive.
Comme un anneau d’or et un bijou de pierres fines, tel un sage donnant des avertissements à une oreille docile.
Comme une fraîcheur de neige au temps de la moisson, tel le messager, fidèle à son mandat : il restaure l’âme de son maître.
Comme la fraîcheur que produit la neige au jour de la moisson, tel est le messager fidèle pour celui qui l’envoie ; il remet l’âme de son maître.
Des nuages et du vent, mais de pluie point ! Tel est l’homme qui fait grand bruit de ses dons illusoires.
Comme des nuages et du vent, sans qu’il y ait de pluie, tel un homme qui se vante d’un don qu’il ne fait pas.
Par une patience inlassable, on capte la faveur d’un supérieur ; un doux parler brise la plus dure résistance26.
As-tu trouvé du miel, manges-en à ta suffisance ; mais évite de t’en bourrer : tu le rejetterais.
De même que si tu trouves du miel, tu n’en manges que ce qu’il te faut, pour ne pas en prendre de trop et le vomir,
Espace tes visites dans la maison de ton ami : il en aurait bientôt assez de toi et te prendrait en grippe.
de même, mets rarement ton pied dans la maison de ton prochain, de peur qu’il ne se dégoûte de toi et ne finisse par te haïr.
Une massue, un glaive, une flèche acérée, tel l’homme qui porte un faux témoignage contre son prochain.
Comme une hache, un glaive, une flèche aiguë, tel est l’homme qui porte contre son prochain un faux témoignage.
Une dent branlante, un pied chancelant, voilà ce que vaut au jour du malheur la confiance qu’on a dans un traître.
Comme une dent qui branle et une jambe qui glisse, tel est l’appui de l’infidèle au jour du malheur.
Enlever son vêtement par un jour glacial, verser du vinaigre sur du nitre27, ainsi fait celui qui entonne des chants pour un cœur affligé.
Comme celui qui enlève son vêtement un jour de froid ou qui met du vinaigre sur du nitre, tel est celui qui se met à chanter devant un cœur affligé.
Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire ;
Si ton ennemi a faim donne-lui à manger, et s’il a soif donne-lui à boire,
car ainsi tu attises des charbons sur sa tête28, et le Seigneur t’en récompensera.
Le vent du Nord produit la pluie, et la langue [qui calomnie] en secret les visages aigris.
Comme le vent du nord chasse la pluie, tel est le langage doux pour le visage abattu ;
Mieux vaut habiter l’angle d’un toit que de partager un logis avec une femme acariâtre.
c’est pourquoi il vaut mieux être assis sur l’angle d’un toit que (d’avoir) une femme acariâtre et querelleuse.
De l’eau fraîche sur un corps fatigué, telle une bonne nouvelle venant d’un pays lointain.
Comme l’eau fraîche pour une personne altérée, telle est une bonne nouvelle (venue) d’un pays lointain.
Une source boueuse, une fontaine aux eaux troubles, tel est le juste qui fléchit devant le méchant.
Gomme une source bourbeuse et un cours d’eau corrompu, toi un juste qui fléchit devant le méchant.
Manger trop de miel ne vaut rien ; mais étudier à fond les choses difficiles29 est un honneur.
De même qu’il n’est pas bon de manger trop de miel, de même quand on a épuisé la générosité de (ses amis), il faut à son tour être généreux envers eux159*.
Une ville démantelée, sans remparts, tel est l’homme dont le tempérament ne connaît pas de frein.
Une ville démantelée, sans murailles, tel est l’homme qui a l’esprit indécis.
Chapitre 26
La neige n’est pas de saison en été ni la pluie au temps de la moisson : tout aussi peu les honneurs sont faits pour le sot.
Comme la neige en été et la pluie pendant la moisson, tel est celui qui décerne des honneurs à un sot160*
Comme le passereau s’enfuit à tire-d’aile et comme s’envole l’hirondelle, ainsi la malédiction gratuite manque son but30.
Comme le moineau qui voltige, et l’hirondelle161* qui s’envole, ainsi la malédiction gratuite ne s’accomplit pas.
Le fouet pour le cheval, le licou pour l’âne, et le bâton pour l’épaule du sot.
Comme le fouet pour le cheval et l’aiguillon pour l’âne, tel est le bâton pour le dos des sots.
Ne réplique pas au sot dans le sens de son ineptie ; car toi aussi serais comme lui.
Ne réponds pas au sot selon son ineptie, là où tu craindrais de lui ressembler,
Réplique au sot selon son ineptie, sans cela il se prendrait pour un sage.
C’est se couper les jarrets et s’abreuver de dépit que de charger d’une mission le sot.
Comme celui qui coupe les pieds (d’autrui) et celui qui se fait tort à lui-même163* ainsi celui qui confie une mission à un sot.
Comme le boiteux cloche sur ses jambes, ainsi fait une maxime sur les lèvres des sots.
Comme la (faculté de) marcher est enlevée au perclus, de même la sagesse est impossible sur les lèvres du sot.
Autant fixer une pierre dans la fronde que de décerner des honneurs au sot.
Comme (celui qui jette) une pierre fine dans un tas de pierres, tel est celui qui décerne des honneurs à un sot.
Une épine qui perce la main d’un homme ivre, telle une maxime dans la bouche des sots.
Comme une épine qui s’est attachée à la main d’un ivrogne, tel est un peu de sagesse dans les bouches des sots.
Le puissant fait tout trembler : il prend à sa solde sots et vagabonds31.
On les voit repousser avec cela tout le monde, et refuser de le communiquer à celui qui l’ignore et aux passants164*.
Comme le chien retourne à son vomissement, ainsi le sot rabâche ses inepties.
Comme le chien qui revient à son vomissement, de même un sot qui répète son ineptie.
Vois-tu un homme qui se prend pour un sage, — il y a plus à attendre d’un sot que de lui.
Lorsque tu vois un homme sage à ses propres yeux, sache qu’on peut plus espérer d’un sot que de lui165*.
Le paresseux s’écrie : « Il y a un chacal qui barre la route, un lion parcourt les rues ! »
On voit le paresseux dire : « Il y a un lionceau sur la route, et un lion dans les rues. »
Telle la porte tourne sur ses gonds, tel le paresseux sur son lit.
Comme la porte tourne sur ses gonds, de même le paresseux se retourne sur son lit.
Le paresseux introduit sa main dans le plat : c’est trop de fatigue pour lui de la porter à sa bouche.
Si même le paresseux plongeait pour ainsi dire sa main dans le plat, il serait impuissant à la ramener à sa bouche ;
Le paresseux se targue de plus de sagesse que sept conseillers avisés :
Saisir un chien par les oreilles, c’est le fait du passant qui se met en rage pour la querelle d’autrui.
C’est prendre aux oreilles un chien qui passe, que de s’emporter pour la querelle d’autrui.
Comme un dément qui lance des brandons, des flèches meurtrières,
Comme celui qui s’amuse à lancer des matières dangereuses et des flèches mortelles,
ainsi fait l’homme qui dupe son prochain et dit :. « Mais je plaisantais ! »
tel l’homme qui trompe son prochain, et dit : Je ne fais que jouer.
Faute de bois, le feu s’éteint, et en l’absence d’un boutefeu, les rixes s’apaisent.
De même que, faute de bois, le feu s’éteint, de même quand personne n’excite, la querelle tombe.
Le charbon ardent donne la braise, le bois alimente le feu, et l’homme hargneux attise des querelles.
Et comme le charbon est la matière de la braise, et le bois (celle) du feu, ainsi est le querelleur pour allumer le feu de la dispute.
Les paroles d’un boutefeu sont comme des coups qui retentissent au plus profond des entrailles.
Les paroles (de celui qui excite) ressemblent à un badinage, tandis qu’elles ont déjà pénétré au fond de son cœur.
De l’alliage d’argent recouvrant un vase d’argile, telles sont des lèvres brûlantes [d’amitié] et un cœur méchant.
Comme de l’argent de mauvais aloi ou plaqué sur de l’argile, telles des lèvres aux paroles ardentes, alors que le cœur est mauvais.
Un ennemi peut faire le sournois avec ses lèvres, et dans son intérieur il prépare de mauvais coups ;
À l’aide de ses lèvres l’ennemi se déguise, alors que dans son cœur il a mis la ruse.
s’il prend une voix caressante, ne te fie pas à lui, car son cœur est plein d’horreurs.
Quand il adoucit sa voix, n’aie pas confiance en lui, car il y a beaucoup d’abominations dans son cœur.
La haine a beau se couvrir d’un masque : sa méchanceté éclatera au grand jour.
Celui qui creuse une fosse y tombera ; celui qui lance une pierre s’en trouvera atteint.
Qui creuse une fosse y tombera, et la pierre reviendra sur celui qui la roule.
La langue mensongère hait ses victimes et la bouche du flatteur opère des chutes.
Celui qui parle avec fausseté hait même les malheureux d’entre les siens, et la parole doucereuse prépare la chute (des gens)168*.
Chapitre 27
Ne te félicite pas du jour de demain, car tu ne sais ce que peut apporter chaque jour.
Ne te vante pas du lendemain, car tu ne sais pas ce qui peut y arriver.
Qu’un autre fasse ton éloge et non ta propre bouche ; un étranger, et non tes lèvres à toi.
Lourde est la pierre, pesant le sable ; mais le dépit d’un sot pèse plus lourd que les deux.
Certes la pierre est lourde, et le sable est pesant, mais l’irritation du sot est plus lourde que tous deux,
Cruelle est la colère, violent le courroux ; mais qui peut tenir devant la jalousie ?
puisque le ressentiment (amène) la dureté, que la colère est un débordement170* ; et qui peut tenir devant la jalousie ?
Mieux vaut une réprimande ouverte qu’une amitié qui se dérobe.
Les blessures faites par un ami sont preuve d’affection, un ennemi est prodigue32 de caresses.
Les coups que portent les amis proviennent de sa sincérité ; les baisers de l’ennemi sont excessifs172*.
La satiété fait fi du miel ; la faim trouve doux ce qui est amer.
On voit la personne rassasiée être dégoûtée du miel ; et pour une personne affamée toute chose amère paraît douce.
Comme l’oiseau qui erre loin de son nid, tel est l’homme qui erre loin de son pays.
Comme l’oiseau qui abandonne son nid, tel est l’homme qui abandonne sa demeure.
Huile et parfum réjouissent le cœur ; de même la bonté suave d’un ami qui donne de sincères conseils33.
De même que l’huile et les parfums sont plus aptes à réjouir ensemble le cœur que chacun à part, de même le conseil du prochain est plus doux que celui que l’on se donne tout seul.
N’abandonne ni ton ami ni l’ami de ton père, ne franchis pas le seuil de ton frère au jour de ton malheur ; mieux vaut un voisin qui est près de toi qu’un frère qui se tient à l’écart.
N’abandonne pas ton ami ni l’ami de ton père ; n’entre pas dans la maison de ton frère au jour de ton malheur173* ; ton voisin proche est plus utile que ton frère éloigné174*.
Sois sage, mon fils, tu réjouiras mon cœur, et j’aurai de quoi répliquer à qui m’insulte.
Instruis-toi, ô mon fils, et réjouis mon cœur, en sorte que je puisse répondre à celui qui m’insulte175*.
L’homme avisé aperçoit le danger et se met à l’abri ; les niais passent outre et en pâtissent.
On remarque que l’homme avisé, quand il voit le mal, s’en garantit ; les étourdis passent outre et tombent dans le malheur,
Il s’est porté garant pour un autre : saisis son vêtement ; il a cautionné une étrangère : nantis-toi de son gage !
au point qu’on porte un jugement ainsi conçu : Prends son vêtement, parce qu’il s’est porté garant pour un étranger, et qu’il l’a mis en gage pour autrui.
Assourdir de grand matin son prochain par de bruyants saluts, c’est comme si on lui disait des injures.
Combien de personnes saluent leur prochain à haute voix à son lever de bon matin, et (ce salut) compte pour lui comme une insulte176*.
Une gouttière qui se déverse par un jour d’orage et une femme acariâtre, c’est tout un.
La gouttière, qui coule sans cesse en un jour de froid intense, et la femme querelleuse se valent.
Vouloir la retenir, c’est retenir le vent ou recueillir de l’huile dans sa main34.
Le fer devient poli au contact du fer et l’homme au contact de son prochain.
Le fer s’aiguise par le fer, de même (l’esprit de) l’homme s’aiguise en présence de son semblable.
Qui veille sur le figuier jouira de ses fruits qui veine sur son maître recueillera de l’honneur.
De même que celui qui soigne le figuier en mange le fruit, de même celui qui soigne son maître sera traité généreusement.
Comme dans l’eau le visage répond au visage, ainsi chez les hommes les cœurs se répondent.
Cheol et abîme sont insatiables ; les yeux de l’homme le sont également.
De même que la tombe et l’anéantissement ne sont pour ainsi dire jamais rassasiés, de même les yeux des hommes n’obtiennent jamais assez.
La fournaise, pour l’argent, le creuset pour l’or, et l’homme est prisé d’après sa réputation.
Comme le creuset sert pour l’argent, et le fourneau pour l’or, de même il convient que l’homme soit à la hauteur de l’éloge qu’on fait de lui179*.
Tu broierais le sot dans un mortier avec le pilon, comme on fait des graines, que sa sottise ne se détacherait pas de lui.
Quand même tu pilerais, pour ainsi dire, le sot dans un mortier, ou dans un sac avec un bâton, sa sottise ne le quitterait pas.
Tâche de bien connaître l’état de tes brebis, porte ton attention sur tes troupeaux.
Il convient que tu connaisses l’état des (brebis) qui sont en tête du troupeau180* et que tu fasses attention au reste du bétail,
Car les biens ne dureront pas toujours : les dignités se transmettent-elles de génération en génération ?
car ceux qui en font la force ne sont pas éternels, et ceux qui en sont la couronne ne durent pas de génération en génération.
Que la végétation se fasse jour, que la verdure apparaisse, que les herbes des hauteurs soient recueillies,
C’est seulement quand l’herbe apparaît, quand le fourrage se montre et quand on a recueilli les plantes des montagnes,
et tu auras des brebis pour te vêtir, des béliers pour payer le prix d’un champ,
que les moutons te fournissent ton vêtement, les chèvres contribuent à l’achat d’un champ,
du lait de chèvres en abondance, pour te nourrir toi et ta famille et faire vivre tes domestiques.
et que leur lait est suffisant pour ta nourriture, celle de ta maison, et pour l’entretien de tes domestiques181*.
Chapitre 28
Les méchants prennent la fuite, alors que personne ne les poursuit ; les justes, tel un lion, sont pleins de sécurité.
Les méchants fuient sans qu’on les poursuive ; les justes sont tranquilles comme les lions.
Quand le désordre sévit dans un pays, ses chefs sont nombreux. Un seul homme de sens et d’expérience suffit pour faire durer le bon ordre.
C’est une faute pour le pays que de se donner beaucoup de chefs ; de même, par un seul chef intelligent et instruit son existence se prolonge.
Un homme pauvre35 qui pressure les humbles est comme une pluie qui ravage tout et amène la famine.
Un homme pauvre, qui opprime les malheureux, sera jeté à terre par la pluie, et il ne lui restera pas de nourriture182*.
Ceux qui désertent la loi glorifient l’impie, ceux qui l’observent s’indignent contre lui.
Si ceux qui abandonnent la loi louent le méchant, il convient à ceux qui l’observent de les harceler.
Les hommes pervers ne comprennent rien au droit ; mais ceux qui recherchent l’Éternel comprennent tout.
Les partisans du mal ne comprennent pas (l’exercice de) la justice, ceux qui recherchent Dieu comprennent tout.
Mieux vaut le pauvre, marchant dans sa droiture, que le riche aux voies tortueuses.
Mieux vaut un pauvre qui marche dans l’intégrité qu’un homme à la conduite dure et qui est riche.
Qui respecte la loi est un fils intelligent ; mais qui fraye avec les jouisseurs fait la honte de son père.
Le fils raisonnable observe la loi, et celui qui fréquente les débauchés couvre de honte son père.
Augmenter sa fortune par l’intérêt et l’usure, c’est amasser pour l’ami des pauvres.
Celui qui a augmenté sa fortune en prêtant à intérêt et à usure183*, doit l’appliquer entièrement au soulagement des malheureux184*.
Fermez l’oreille aux leçons de la loi votre prière même devient un acte abominable.
Qui entraîne des gens de bien dans une mauvaise voie tombe dans son propre piège ; le bonheur est le lot de la droiture.
Celui qui égare les justes dans une mauvaise voie tombera dans la fosse (qu’il a creusée), et les hommes sincères obtiendront du bien.
Le riche se prend pour un sage : un pauvre homme intelligent le perce à fond.
Quand les justes triomphent, c’est fête générale ; quand les méchants s’élèvent, les gens se cachent36.
Lorsque les justes sont dans la joie, bien des gens osent se vanter (de leur fortune) ; lorsque les méchants ont le pouvoir, on cherche les hommes et on ne les trouve pas187*.
Dissimuler ses péchés ne porte pas bonheur ; qui les confesse et y renonce obtient miséricorde.
Celui qui cache ses péchés ne prospère pas, celui qui les avoue et les abandonne obtient miséricorde.
Heureux l’homme constamment timoré ! Qui endurcit son cœur tombe dans le malheur.
Heureux l’homme qui craint toujours ; celui qui endurcit son cœur tombe dans le malheur.
Un lion rugissant, un ours affamé, tel est un méchant prince pour une nation pauvre,
Comme un lion rugissant et un ours brûlant de soif, tel est un prince méchant (qui règne) sur un peuple malheureux.
un despote dépourvu de sens et chargé de rapines. Celui qui hait le lucre prolonge ses jours.
Un gouverneur qui commet beaucoup d’exactions manque de raison ; celui qui hait le lucre verra ses jours se prolonger.
Un homme accablé sous le poids d’un meurtre arrive, dans sa fuite, au bord de la fosse ; qu’on ne lui tende pas la main !
On voit quelqu’un, accusé faussement d’un crime capital, s’enfuir vers la prison188* sans que personne le soutienne ;
Qui marche dans l’intégrité sera sauvé, mais qui suit des voies tortueuses tombera d’un coup.
il faut secourir l’homme qui marche dans son intégrité. Celui qui a devant lui deux chemins difficiles tombe nécessairement dans l’un d’eux189*.
Cultiver sa terre, c’est s’assurer du pain en abondance ; poursuivre des choses frivoles, c’est se rassasier de misère.
Celui qui cultive sa terre se rassasiera de nourriture ; et celui qui recherche les gens de rien sera excédé de pauvreté.
L’homme loyal est comblé de bénédictions ; qui a hâte de s’enrichir n’échappe pas au malheur.
L’homme qui a la foi est comblé de bénédictions, et celui qui s’acharne à s’enrichir ne reste pas impuni.
Faire acception de personnes est une mauvaise action ; mais il en est qui se rendent coupables pour une miche de pain.
Il n’est pas bon que l’on soit partial envers les grands, ni que l’on renie (sa foi) pour un morceau de pain.
L’homme envieux court après la fortune et il ne s’aperçoit pas que la misère viendra fondre sur lui.
L’homme avare court après la fortune et ne sait pas qu’il subira une perte.
Celui qui reprend les gens finit par gagner leur bienveillance bien mieux que le flatteur.
Celui qui avertit l’homme pour qu’il m’obéisse190* trouvera plus de faveur auprès de lui que celui qui lient un langage flatteur.
Voler père et mère en disant que ce n’est pas un crime, c’est se faire le compagnon d’un artisan de ruines.
Qui vole son père et sa mère, et dit : Je ne pèche pas, est le compagnon de l’homme pervers.
L’homme aux appétits insatiables suscite des discordes ; qui met sa confiance en l’Éternel jouira de l’abondance.
L’homme insatiable191* engage la dispute (avec Dieu) et celui qui a confiance en Dieu sera comblé192*.
Se fier à son intelligence, c’est être sot ; qui se dirige avec sagesse échappe au danger.
Celui qui se fie à son propre avis est un sot ; celui qui marche avec sagesse sera sauvé.
Donner au pauvre, ce n’est pas se priver : qui en détourne les regards est chargé de malédictions.
Qui donne au pauvre n’y perd rien, et celui qui détourne (de lui) les yeux est couvert de malédictions.
Lorsque les méchants s’élèvent, les gens se cachent ; quand ils succombent, les gens de bien se multiplient.
Quand les méchants ont le dessus, le monde se cache, et quand ils périssent, les justes se multiplient.
Chapitre 29
Un homme souvent réprimandé et persistant dans son entêtement est brisé soudain et sans retour.
Celui qui s’opiniâtre contre la réprimande sera brisé soudain sans remède.
Quand dominent les justes, le peuple est en joie ; quand les méchants gouvernent, le peuple gémit.
Quand les justes ont la prééminence, le peuple doit se réjouir, et quand les méchants dominent, il convient qu’il s’attriste.
L’homme qui aime la sagesse réjouit son père ; celui qui fréquente des courtisanes mange son bien.
Un homme qui aime la sagesse réjouit son père ; celui qui fréquente les courtisanes gaspille sa fortune.
Un roi grandit son pays par la justice : avide de dons, il le ruine.
Par la justice le roi maintient son pays ; en prélevant les impôts, il le ruine.
Qui flatte son prochain tend un filet sous ses pas.
Le péché devient un piège pour le méchant ; le juste jubile et savoure sa joie.
Le péché de l’homme devient pour lui un malheur et un piège, et le juste est allègre et se réjouit.
Le juste se pénètre du droit des humbles ; le méchant ne sait rien comprendre.
Le juste sait juger les malheureux ; le méchant ne connaît pas la science (juridique).
Les persifleurs mettent la ville en ébullition ; les sages apaisent les colères.
Les moqueurs trompent l’attente des gens du pays, et les sages en détournent la colère (divine),
Quand un sage est en discussion avec un sot, celui-ci s’emporte ou ricane, mais de calme, point !
On voit que l’homme sage, se disputant avec un sot, ne trouve jamais de repos, qu’il s’irrite ou qu’il rit.
Les assassins en veulent à l’innocent ; les honnêtes gens recherchent sa personne.
On trouve que les scélérats haïssent l’homme intègre, et que les justes le recherchent.
Le sot lâche toute sa mauvaise humeur ; le sage finit par la calmer.
On trouve que le sot sort toute sa colère, et que le sage apaise la sienne, à cause des conséquences194*.
Le souverain accueille-t-il le mensonge, tous ses serviteurs sont pervers.
Quand le souverain prête l’oreille au mensonge, tous ses serviteurs deviennent injustes.
Le pauvre et l’exploiteur se retrouvent ensemble : l’Éternel fait luire sa lumière aux yeux de tous deux.
Lorsque le pauvre et l’homme d’une fortune moyenne se rencontrent, ils doivent savoir que Dieu leur éclaire les yeux à tous deux195*
Que le roi juge les humbles avec équité, son trône en sera affermi à jamais.
Verge et reproches inculquent la sagesse, un enfant livré à lui-même fait le déshonneur de sa mère.
La verge et l’avertissement donnent la sagesse ; le garçon abandonné à lui-même se conduit mal envers ses parents.
Quand les méchants dominent, le mal augmente, mais les justes seront témoins de leur chute.
Lorsque les méchants sont au pouvoir, les troubles se multiplient ; mais les justes verront leur chute.
Corrige ton fils, tu en auras du plaisir ; il donnera de douces joies à ton âme.
Faute de révélation prophétique, le peuple s’abandonne au désordre ; mais heureux s’il observe la loi !
Faute de révélation, le peuple reste sans frein. Heureux celui qui observe la Loi.
Ce n’est pas avec des paroles qu’on corrige l’esclave : s’il les comprend, il n’en tient pas compte.
La parole (de la révélation) ne peut pas faire seule l’éducation de l’homme198* ; pourrait-il la comprendre sans le raisonnement199* ?
Vois-tu un homme précipité dans ses paroles, le sot a plus d’avenir que lui.
Quand on voit un homme s’opiniâtrer dans ses affaires200*, sache qu’on peut plus espérer d’un sot que de lui.
Qui gâte son esclave dès l’enfance aboutit à en faire un parasite.
Si quelqu’un gâte son serviteur quand il est jeune, celui-ci finira par le dominer.
Un homme irascible provoque des disputes ; qui se laisse emporter par la colère accumule les fautes.
L’homme colère excite la querelle et celui qui s’emporte commet bien des péchés.
L’orgueil de l’homme amène son abaissement ; la modestie est une source d’honneur.
L’orgueil de l’homme est une chose qui l’humilie, l’humble est de ceux qui soutiennent leur honneur.
Qui partage avec un voleur est son propre ennemi : il entend l’adjuration et ne peut rien dénoncer.
Celui qui partage avec le voleur se déteste lui-même ; de même celui qui entend l’adjuration201* et ne raconte rien.
La peur fait tomber l’homme dans un piège ; qui met sa confiance en l’Éternel est à l’abri.
Souvent la précipitation de l’homme est pour lui un piège, et celui qui se fie en Dieu est protégé.
Beaucoup recherchent la faveur du prince ; mais c’est Dieu qui attribue à chacun son dû.
Bien des gens recherchent la face du prince, mais c’est Dieu qui décide à l’égard de chacun d’eux.
Le malfaiteur est en horreur aux justes, et l’honnête homme est en horreur au méchant.
De même que les justes détestent les gens iniques, de même les méchants détestent ceux qui suivent le chemin droit.
Chapitre 30202*
Paroles d’Agour, fils de Yakéh. Déclaration solennelle. Ce personnage disait : « J’ai peiné, ô Dieu, j’ai peiné, ô Dieu37, et je m’y suis épuisé.
Paroles d’Agour, fils de Yaqé, sous forme de proverbes. Cet homme a dit au sujet d’ltiel203* ; Itiel m’a appris ce qui suit.
Car je suis le plus borné des mortels, l’intelligence humaine me fait défaut.
Il me l’a enseigné, dit-il, après que j’avais été ignorant en comparaison d’hommes (distingués), et que je n’avais même pas eu l’intelligence des gens (ordinaires) ;
Je n’ai pas étudié la sagesse, de façon à concevoir une notion exacte du Très-Saint.
et même une fois qu’il m’eut instruit, je ne possédais pas toute la sagesse, et je ne connaissais pas la science de Dieu :
Qui est monté au Ciel et en est redescendu ? Qui a recueilli le vent dans le creux de sa main ? Qui a enserré les eaux dans le pan de son manteau ? Qui a établi toutes les limites de la terre ? Quel est son nom, quel est le nom de son fils ? [Dis-le] si tu le sais. »
Qui est monté au ciel et en est descendu ? qui a recueilli le vent dans ses poings ? qui a serré l’eau dans un vêlement ? qui a fixé toutes les bornes de la terre204* ? Quel est son nom et le nom de sa postérité205*, le sais-tu ?
— Toute parole émanée de Dieu est parfaite : il est un bouclier pour ceux qui s’abritent en lui.
Toutes les paroles de Dieu sont pures, et il est un bouclier pour tous ceux qui s’abritent auprès de lui.
Ne te permets aucune addition à ses dires, il te réprouverait et tu serais convaincu de mensonge.
Donc, n’ajoute rien à ses paroles, de peur qu’il ne te reprenne et que tu ne sois retranché.
Je te demande deux choses ; ne me les refuse pas avant que je meure !
Je te demande deux choses, ne me les refuse pas, jusqu’à ce que je meure.
Éloigne de moi la fausseté et la parole mensongère, ne me donne ni pauvreté ni richesse ; accorde-moi la part de nourriture qui m’est indispensable ;
Éloigne de moi la parole fausse et le mensonge206*, en ne me donnant ni grande pauvreté ni richesse, mais accorde-moi ma part de nourriture,
car, vivant dans l’abondance, je pourrais te renier en disant : « Qui est l’Éternel ? » ou bien, poussé par la misère, je pourrais voler et offenser le nom de mon Dieu.
de peur que, étant enrichi, je ne devienne infidèle, et que je ne dise : Qui est Dieu ? ou que, devenant pauvre, je ne vole et ne déshonore le nom de mon Dieu.
Ne dénigre pas l’esclave auprès de son maître : il te maudirait, et ta faute serait punie.
Ne calomnie pas le serviteur auprès de son maître207* de peur qu’il ne te maudisse, et que tu ne sois coupable,
Ah ! la génération où l’on maudit son père, où l’on n’a pas de bénédiction pour sa mère !
Ô génération, qui maudit son père, et ne bénit pas sa mère,
La génération qui se prétend pure et qui ne s’est pas lavée de ses souillures !
génération pure à ses propres yeux, et qui ne s’est pas lavée de son ordure,
La génération aux yeux démesurément hautains et au regard altier !
génération qui porte si haut les yeux, et qui élève si fièrement les prunelles,
La génération dont les dents sont comme des glaives et les mâchoires comme des couteaux, servant à dévorer les pauvres de la terre et les indigents parmi les hommes !
génération dont les dents ressemblent à des épées et les canines à des couteaux, pour dévorer les pauvres dans le pays, et les malheureux au milieu des hommes ;
car dans le néant208* il y a deux espèces qui disent en quelque sorte : Donne ! donne ! Il y a encore une troisième qui est insatiable, et une quatrième qui ne dit jamais : Assez !
c’est le Cheol, le sein qui n’a point conçu, la terre qui n’est jamais rassasiée d’eau et le feu qui ne dit pas : « Assez ! »
Ce sont la tombe et le sein stérile, le sol qui n’est jamais assez arrosé, et le feu qui ne dit jamais : Cela suffit.
L’œil qui se rit d’un père et n’a que dédain pour les rides40 d’une mère, puisse-t-il être arraché par les corbeaux de la vallée, dévoré par les aigles !
De même l’œil qui dédaigne père et mère et se rit de leur accord209*, les corbeaux de la vallée le crèveront et les aiglons le mangeront.
Il est trois choses qui me sont inaccessibles et quatre que je ne connais point :
Il y a trois choses qui sont un mystère pour moi, et, avec une quatrième, elles me sont inconnues :
la trace de l’aigle dans les cieux, la trace du serpent sur le rocher, la trace du navire au sein des mers et la trace de l’homme chez la jeune femme.
Le chemin de l’aigle dans l’air, le chemin du serpent sur le rocher, le chemin du vaisseau en pleine mer, et le procédé de l’homme à l’égard de la femme.
Tel est le secret de la conduite d’une femme adultère : elle satisfait ses appétits, s’essuie la bouche et dit : « Je n’ai rien fait de mal ! »
Tel est le procédé de la femme adultère ; elle mange, s’essuie la bouche, et dit : Je n’ai pas fait de mal.
Il est trois spectacles qui font frémir la terre et quatre qu’elle ne peut tolérer :
On voit la terre frémir sous trois choses, outre une quatrième qu’elle ne peut supporter :
le spectacle de l’esclave qui devient roi, le spectacle du scélérat qui vit dans l’abondance :
Sous un esclave, quand il devient roi ; sous un homme vil, quand il est repu de nourriture ;
le spectacle d’une femme digne d’aversion qui trouve un épouseur, et le spectacle de la servante qui supplante sa maîtresse.
sous une femme haïssable qui devient souveraine, et sous une servante qui est l’héritière de sa maîtresse.
Il existe sur terre quatre êtres tout petits, et qui sont sages par excellence :
Il y a quatre êtres parmi les plus petits qui sont sur la terre, et qui sont savants, instruits (par leur instinct) :
les fourmis, peuple sans force, font en été leurs provisions ;
Les fourmis sont une communauté sans puissance, et cependant elles disposent pendant l’été leur nourriture.
les gerboises, peuple sans puissance, établissent leur demeure dans les rochers ;
Les gerboises forment une communauté sans force et néanmoins elles placent dans les rochers leurs maisons.
les sauterelles n’ont pas de roi et elles se mettent toutes en campagne par bandes
Les sauterelles n’ont pas de roi, et pourtant elles sortent toutes en rangs serrés.
l’araignée41, tu peux l’attraper avec la main, et elle se tient dans le palais des rois !
L’hirondelle attache à ses pattes de quoi s’établir dans les palais des rois.
Il y a trois êtres qui s’avancent d’un pas imposant et quatre qui ont une noble démarche :
Trois vont d’un bon pas, et il y a un quatrième avec eux qui a une bonne démarche :
le lion, le plus fort des animaux, qui ne recule devant rien ;
Le lion, le héros des animaux, qui ne recule devant rien ;
(l’aigle) aux flancs serrés, le bouc, et de même le roi, il ne faut pas lui résister,
Que tu aies agi follement en cherchant à t’élever ou après de sages réflexions, mets-toi la main sur la bouche :
soit que tu te soumettes à lui, quand il mérite d’être honoré, soit que tu mettes la main sur la bouche210* ;
Car la compression du lait produit le beurre, la compression du nez fait jaillir le sang, et la pression de la colère fait éclater les disputes !
car de même que, en pressant le lait, on produit de la crème, et, en pressant le nez, on fait sortir le sang, de même en pressant la colère, on fait naître la querelle.
Chapitre 31
Paroles du roi Lemouel. Leçon solennelle que lui inculqua sa mère.
Paroles de Lemouel, le roi, sous forme de proverbe, morale que lui a donnée sa mère :
« Ah ! mon fils ! Ah ! enfant de mes entrailles ! Ah ! fils que j’ai appelé de mes vœux !
Hé quoi ! ô mon fils, ô fils de mes entrailles, ô fils de mes vœux,
Ne prodigue pas ta vigueur aux femmes, ne livre pas tes destinées à celles qui perdent les rois44.
ne donne pas tes facultés aux femmes, et tes efforts aux diverses passions.
Ce n’est pas aux rois, ô Lemouel, ce n’est pas aux rois qu’il sied de boire du vin, ni45 aux princes de s’adonner aux liqueurs fortes ;
Ce n’est pas aux rois, ô Lemouel, ce n’est pas à eux de boire le vin, ni aux ministres de s’adonner aux liqueurs enivrantes ;
de peur qu’en buvant, ils n’oublient les lois et ne méconnaissent le droit de toutes les victimes de la misère.
de peur qu’un d’entre eux ne boive, n’oublie ce qui est prescrit et ne méconnaisse le droit de tout homme malheureux.
Donnez des liqueurs fortes aux malheureux, du vin à ceux qui ont l’amertume au cœur.
Laissez la liqueur enivrante à celui qui se consume de tristesse, et le vin à ceux dont l’âme est pleine d’amertume.
Qu’ils boivent, et qu’ils oublient leur misère ; qu’ils perdent le souvenir de leur chagrin !
Quand l’un d’eux boira, il oubliera sa pauvreté et ne se rappellera plus sa peine.
Ouvre la bouche en faveur du muet, pour la défense de tous les vaincus du sort.
Ouvre la bouche pour juger avec équité et faire droit au pauvre et à l’indigent.
Ouvre ta bouche, décide selon l’équité, et le droit du faible et du pauvre.
Heureux qui a rencontré une femme vaillante ! Elle est infiniment plus précieuse que les perles.
Une femme vertueuse213*, qui donc saura la trouver ? on l’acquiert plus difficilement que des perles.
En elle le cœur de son époux a toute confiance ; aussi les ressources ne lui font-elles pas défaut.
Le cœur de son mari a mis sa confiance en elle, et pour lui le profit ne manque pas,
Tous les jours de sa vie, elle travaille à son bonheur : jamais elle ne lui cause de peine.
car elle lui fait du bien et non du mal, durant le cours de sa vie.
Elle se procure de la laine et du lin et accomplit sa besogne d’une main diligente.
Elle lui demande la laine et le lin, et elle les travaille comme ses mains savent le faire.
Pareille aux vaisseaux marchands, elle amène de loin ses provisions.
Elle est semblable au vaisseau du marchand, de loin elle fait venir sa subsistance.
Il fait encore nuit qu’elle est déjà debout, distribuant des vivres à sa maison, des rations à ses servantes.
Elle se lève quand il fait encore nuit, elle fournit des ressources aux gens de sa maison, et des tâches aux servantes.
Elle jette son dévolu sur un champ et l’acquiert ; avec le produit de son travail elle plante un vignoble.
Songe-t-elle à un champ, elle l’achète, et du produit de ses mains elle a planté des vignes.
Elle ceint de force ses reins et arme ses bras de vigueur.
Elle ceint ses reins de force, et donne de la vigueur à ses bras.
Elle s’assure que ses affaires sont prospères ; sa lampe ne s’éteint pas la nuit.
Lorsqu’elle s’aperçoit que son commerce est bon, sa lumière ne s’éteint pas pendant la nuit.
Ses mains saisissent le rouet, ses doigts manient le fuseau.
Elle dirige ses mains avec adresse, et ses doigts maintiennent le fuseau.
Elle ouvre sa main au pauvre et tend le bras au nécessiteux.
Elle tend la main au malheureux, et dirige son bras vers le pauvre.
Elle ne redoute point la neige pour sa maison, car tous ses gens sont couverts de riches étoffes.
Elle ne craint pas la neige pour les gens de sa maison, car tous sont revêtus d’écarlate.
Elle se brode des tapis. Lin fin et pourpre forment ses vêtements.
Elle se fait des tapis de byssus, et son vêtement est de pourpre.
Son époux est considéré aux Portes, quand il siège avec les anciens du pays.
Son mari est considéré dans les conseils lorsqu’il siège avec les anciens du pays.
Elle confectionne des tissus, qu’elle vend, et des ceintures, qu’elle cède au marchand.
Parée de force et de dignité, elle pense en souriant à l’avenir.
Puisque la force et la splendeur sont son vêtement, elle se réjouit des jours à venir.
Elle ouvre la bouche avec sagesse, et des leçons empreintes de bonté sont sur ses lèvres.
Elle ouvre la bouche avec sagesse, et sa langue (donne) des préceptes de charité.
Elle dirige avec vigilance la marche de sa maison, et jamais ne mange le pain de l’oisiveté.
Elle surveille les allures de sa maison et ne mange pas le pain de la paresse.
Ses fils se lèvent pour la proclamer heureuse, son époux — pour faire son éloge :
Ses enfants se lèvent et font sou éloge, et son mari
« Bien des femmes se sont montrées vaillantes — tu leur es supérieure à toutes ! »
Ils disent : « Beaucoup de femmes ont acquis les vertus, mais toi, tu les surpasses toutes.
Mensonge que la grâce ! Vanité que la beauté ! La femme qui craint l’Éternel est seule digne de louanges.
La grâce est vaine, et la beauté est trompeuse. Une femme qui craint Dieu, c’est elle qui doit être louée.
Rendez-lui hommage pour le fruit de ses mains, et qu’aux Portes ses œuvres disent son éloge !
Accordez-lui maintenant le fruit (du travail) de ses mains, et ses œuvres feront son éloge dans les réunions »215*.
Notes de la traduction du Rabbinat français :
20 נִר = נֵר .
21 מוקשי pour מבקשי , d’après Raschi.
22Douteux.
23En justice.
24C’est la Sagesse qui parle. Cf. Chapitres 7 et 9.
25Voir ci-dessus, 10:11.
26Mot à mot : « les os ».
27Ce qui le détériore.
28En te vengeant noblement de lui, tu lui inspires du repentir.
29 כְּבֵדִם pour כְּבֹדָם . Cet hémistiche est très obscur.
30Leçon du Kethib. Version du texte lu (Keri) : « Comme le passereau prend son essor et que l’hirondelle voltige, ainsi la malédiction gratuite retombe sur celui qui l’a lancée ».
31Verset très obscur et qui est diversement interprété.
32 נעתרות , expression douteuse.
33Le deuxième hémistiche est obscur dans le texte.
34Sens douteux.
35 רָש. D’autres lisent רֹאש « un chef ».
36 יחפש ; il faut les chercher. Voir verset 28.
37Pour découvrir le secret des choses. — Cette traduction a été proposée par nombre d’exégètes modernes, qui coupent לאיתיאל en deux mots et lisent לָאִיתי אֵל et וָאֵכֶל. Suivant les anciens, איתיאל et אכל seraient des noms propres ; en outre, Agour, fils de Yakéh, serait le nom symbolique de Salomon. Au reste, ce verset présente une énigme presque indéchiffrable, et chacun des mots qui le composent a donné lieu à mainte hypothèse.
38La sangsue.
39 « Donne, donne ! »
40Rassemblement, froncement. Selon d’autres : « obéissance » ; cf. Genèse, XLIX, 10. <
41D’après d’autres : « lézard ».
42 זרזיר , expression douteuse ; les uns y voient le cheval, d’autres le coq, etc.
43 אלקום, par analogie avec l’arabe. D’après Raschi, Kimhi, etc. « le roi qui ne rencontre aucune résistance ».
44 למחות = לַמְמַחות ; sens douteux.
45Texte écrit : אוֹ , texte lu : אֵי ; expression suspecte en tout cas.
Notes de l’édition française du Tafsir Rassag :
115* Que l’homme peut diriger en tous sens.
116* 6:6) Litt. : la largesse du cœur.
117* Il a peur d’accomplir ce qu’il avait projeté.
118* Commentaire : L’argent mal acquis ne dure pas et entraîne pour ses possesseurs la perte de la vie future.
119* Commentaire : C’est-à-dire que, s’ils refusent de se soumettre aux jugements portés contre eux, on refusera également de leur faire justice, le jugement leur fût-il favorable.
120* Il s’agit de la colère d’un tyran, ou bien de la colère de Dieu, que la charité apaise.
121* Commentaire : Dieu lui accordera la longévité dans ce monde, et, dans l’autre, il sera pur et glorieux.
122* Il simule l’emportement pour paraître sincère.
123* Ils comptent d’avance sur le sacrifice pour effacer la mauvaise action qu’ils vont commettre.
124* Le commentaire donne trois sens différents : 1° Le faux témoin périra, mais celui qui rapporte fidèlement ce qu’il a entendu subsistera ; 2° Le châtiment du faux témoin doit toujours être cité, pour servir d’avertissement ; 3° Le faux témoin périt, mais l’homme qui écoute Dieu, subsiste.
125* Pour ne pas imiter ce méchant, pour le ramener au bien, ou pour prendre une leçon du châtiment qui l’atteint.
126* C’est-à-dire : Dieu n’a pas besoin d’acquérir tout cela, car il en est la source. D’après une autre leçon : Il n’y a ni sagesse, ni intelligence, etc.. en face de Dieu, c’est-à-dire qui tiennent contre lui.
127* Commentaire : Le riche doit faire du bien au pauvre et le pauvre ne doit pas être jaloux du riche.
128* Litt. : De grosses aiguilles.
129* Au sens propre et au sens moral.
130* Par les hommes et par Dieu.
131* Les rois mêmes recherchent son amitié.
132* Les paroles des choses à éviter, c’est-à-dire les injures et les insultes.
133* Litt. : des rois, terme qui désigne en arabe des livres supérieurs.
134* Saadia voit, dans ces versets, l’exposé des cinq sources de la connaissance : 1° les sens, comme l’ouïe et la vue (v. 18) ; 2° l’intelligence (v. 19) ; 3° l’Écriture (v. 20) ; 4° la tradition (v. 17) ; 5° le raisonnement (v.21).
135* Le sens caché est : Avec un homme qui s’est attiré la colère de Dieu.
136* C’est-à-dire : On ne doit pas changer les usages établis, non plus qu’enlever à quelqu’un les fonctions dont il a été chargé par les prédécesseurs.
137* Peut-être : et tu auras gaspillé tes amabilités.
138* C’est-à-dire : Ce qu’on ne peut comprendre qu’au moyen de la raison. Il faut parler aux sots simplement et se mettre à leur portée.
139* Commentaire : À plus forte raison n’entre pas, etc.
140* Commentaire : L’homme se précipite comme dans un puits, profond et étroit, d’où il est bien difficile de se tirer, et la femme sera punie pour des pièges qu’elle tend.
141* L’homme ne doit pas se laisser séduire par l’odeur du vin (fin du v. 30), ni par sa couleur, ni par son goût (v. 31), car la raison de l’ivrogne se trouble et son caractère change ; il devient insensible aux coups et ne redemande qu’à boire.
142* Commentaire : Parce qu’elle produit l’abomination et le péché.
143* Qui arrive à autrui.
144* Quand tu en auras besoin pour toi-même.
145* « Nous ne connaissons pas la personne qui est en danger » ou « nous ne connaissons pas le moyen de la sauver », ou « nous ne savons ce que nous gagnons à la sauver. »
146* Tu seras assuré du monde futur.
147* C’est-à-dire le roi qui est le représentant de Dieu sur la terre.
148* Commentaire : C’est-à-dire ceux qui rejettent l’unité chez Dieu ou dans le gouvernement. Le mot hébreu schonim peut avoir aussi d’autres sens : 1° ceux qui sont changeants ; 2° ceux qui retombent dans leurs fautes ; 3° ceux qui racontent ce qu’ils ne font pas.
149* Celles qui suivent.
150* Commentaire : Le juge qui donne tort à celui qui a tort : 1° sera favorisé par Dieu ; 2° il sera béni par celui à qui il a donné raison ; 3° celui à qui il a donné tort doit considérer sa décision comme un baiser, puisque le juge lui épargne une injustice.
151* C’est-à-dire : Ne te marie qu’avant d’avoir assuré les besoins de la famille que tu pourras avoir.
152* Il s’agit de celui qui fait de son prochain un éloge immérité, soit pour le flatter, soit pour le récompenser des éloges qu’il a lui-même reçus de celui-ci auparavant. »
153* Le sens est, d’après le commentaire : Comme la majesté divine est infinie, parce que nous ne pouvons comprendre Dieu, de même, nous ne devons pas limiter la gloire royale. Saadia donne encore deux autres sens : 1° la majesté de Dieu consiste à cacher ses œuvres, tandis que le roi montre les siennes : 2° devant la majesté divine, l’homme n’est pas obligé de s’étendre sur ce qu’il désire, devant le roi il faut être explicite.
154* Commentaire : L’administration du roi doit être aussi bonne que possible, et si l’intelligence du roi est insuffisante, il faut que son entourage y supplée.
155* D’après Saadia, le verset 9 expliquerait le premier hémistiche du verset 8, et la précipitation consiste à sortir de l’affaire pour insulter l’adversaire et révéler ses secrets. Celui qui agirait ainsi risquerait : 1° d’assurer le triomphe de l’adversaire, qui ne parlerait que de l’affaire en question ; 2° d’être blâmé par le juge ; 3° de subir à sou tour les outrages de l’adversaire.
156* Le commentaire s’étend sur les règles que l’on doit suivre dans l’écriture, dans la parole et dans la pensée.
157* C’est-à-dire : Apaise la colère.
158* C’est-à-dire : Bien qu’il puisse mal user de tes bienfaits ou les prendre en mauvaise part.
159* Saadia paraît rattacher ce verset aux versets 16 et 17, sans qu’on puisse, grammaticalement, expliquer le suffixe de kebôdam. Le sens est : Si l’on accepte toutes les marques de bienveillance des amis, ils finissent par réclamer la pareille, et, si on ne le fait pas, ils deviennent des ennemis.
160* D’après un ms. : De même, les honneurs ne conviennent pas au sot. Les deux autres mss. reproduisent l’hémistiche du verset 8.
161* Il n’est pas sûr que le mot arabe par lequel Saadia traduit derôr דרור signifie l’hirondelle.
162* Cf. Sabbat 30 b.
163* Litt. : Qui boit la violence.
164* Comme l’ivrogne enfonce l’épine au lieu de l’ôter, de même le sot ne profite pas du peu de science qu’il a acquis et n’en devient que plus insupportable ; en outre, il est tellement fier de sa science qu’il la considère comme un trésor et refuse d’en faire part à personne.
165* Le sot se corrigera de son ignorance plus facilement que lui.
166* Commentaire : Le nombre sept du texte hébreu désigne une quantité indéterminée, ou bien il fait allusion aux sept conseillers des rois perses.
167* C’est-à-dire : Quand il sera seul avec toi.
168* Litt. : Produit le moyen de pousser.
169* D’après une seconde explication : et non ta bouche seule.
170* Litt. : Est une noyade. Dans le commentaire : La colère fait qu’on se jette sur quelqu’un et qu’on le noie.
171* Commentaire : L’amitié cachée, c’est celle qui n’ose parler avec franchise, ou qui ne s’exerce pas dans l’intérêt de la religion et n’ose s’avouer.
172* D’après d’autres manuscrits : « font horreur ».
173* Commentaire : Il ne faut pas attrister sou frère par le spectacle de sa misère, ou bien il ne faut pas attrister même son frère.
174* Commentaire : Les mots proche et éloigné signifient présent et absent, ou bienveillant et malveillant, ou proche de Dieu et éloigné de lui.
175* Commentaire : En me faisant des reproches à ton sujet.
176* Parce que ce salut, au lieu d’être agréable, lui rappelle les obligations qu’il a contractées.
177* La fatigue atteindra sa droite.
178* C’est-à-dire que l’homme peut diriger comme il veut sou cœur, soit dans ses rapports avec le prochain, soit dans ses propres affaires morales ou matérielles.
179* De même que la valeur de l’or et de l’argent contenus dans un minerai se vérifie après qu’ils ont passé dans le creuset, de même l’homme doit tacher de justifier la réputation qu’il possède, en sorte qu’il puisse sortir à son honneur d’une épreuve à laquelle ou le soumettrait.
180* C’est-à-dire les meilleures.
181* Commentaire : Il faut faire attention à ceci, que les troupeaux sont sujets à toutes sortes d’accidents et que les avantages qu’on eu retire dépendent de la végétation qui elle-même dépend de la pluie, et celle-ci de la volonté divine ; c’est donc en Dieu qu’il faut avoir confiance.
182* C’est-à-dire il sera atteint par un malheur qui lui enlèvera le peu qu’il possède.
183* Nous avons traduit ainsi deux mots arabes, répondant à deux mots hébreux que Saadia explique sommairement, en se référant sans doute à Baba Mesia V, 1.
184* Il doit distribuer en bonnes œuvres le bien mal acquis, s’il ne peut pas le rendre à ses possesseurs.
185* Non seulement ses supplications personnelles, mais même la prière rituelle.
186* Commentaire : Celui qui a une supériorité, par exemple, celle de l’argent, veut avoir toutes les supériorités. Le verset s’applique aussi à un homme instruit dans une branche de la science, et qui croit tout savoir. Il pourra être confondu par quelqu’un, qui, bien qu’étant inférieur en cette branche, lui sera supérieur dans les autres branches.
187* Dans le premier cas, on ne craint pas d’être dépouillé ; dans le second, on cache sa fortune.
188* Sans doute pour ne pas être mis à mort par ceux qui l’accusent faussement.
189* D’après Saadia, les versets 16, 17 et le premier hémistiche de 18 se tiennent. Le dernier hémistiche ne paraît pas avoir, pour lui, de rapport avec ce qui précède et signifie, en général, que de deux maux il faut choisir le moindre.
190* 4:4) Le verset est placé dans la bouche de Dieu.
191* Litt. : Celui qui a le ventre large, c’est-à-dire qui n’est jamais satisfait.
192* Litt. : Sera engraissé.
193* D’après Saadia, sous les pieds de celui qu’il trompe, et sous ses propres pieds, parce qu’il sera puni de sa tromperie.
194* Saadia fait observer que le mot beaḥôr, qu’il traduit par « avenir», peut s’appliquer aussi au fait passé, qui a motivé la colère.
195* Comparez ci-dessus, 22:2.
196* C’est-à-dire sa dynastie.
197* Tu n’auras pas à redouter les suites de sa mauvaise conduite.
198* Litt : Un serviteur (de Dieu).
199* La révélation complète l’œuvre de la raison, mais ne saurait être comprise que par elle.
200* Sous-entendre : Alors que ces affaires sont blâmables.
201* Faite à un témoin ; cf. Lévit., 5:1.
202* Saadia divise ce chapitre en sept paragraphes : — I. L’homme est impuissant à pénétrer le mystère de la création ex nihilo et de la nature des quatre éléments (le ciel représentant le feu) ; il ne doit donc pas s’en occuper (1-4) ; mais il peut étudier les préceptes rationnels ou révélés. Il lui est interdit d’y rien ajouter, et à plus forte raison de les abandonner (3-6). — II. L’homme ne doit désirer ni richesse, qui le fasse renier Dieu, ni pauvreté, qui le pousse à tromper et à parjurer (1-9) — III. Les hommes ne doivent pas rejeter les traditions authentiques de leurs ancêtres, car ils arrivent d’abord à les maudire eu les accusant d’avoir menti et à prétendre ensuite que leurs doctrines sont impures ; puis à s’enorgueillir d’avoir de nouvelles doctrines ; enfin à mépriser ceux qui ne pensent pas comme eux, et à rejeter même les lois rationnelles (10-14). Ils seront punis par quatre genres d’anéantissement : la stérilité de la femme, la mort, l’aridité de la terre et le feu de la géhenne, et en outre par deux supplices, l’un d’avoir les yeux crevés, l’autre d’être dévorés par les aigles (15-17). — IV. L’homme doit se garder de la débauche et de l’adultère, et ne pas croire que ce sont -des choses sans importance, parce qu’elles n’ont pas de trace visible. En effet, l’aigle, le serpent et le vaisseau ne laissent pas de trace de leur marche, et ce mouvement a pourtant des conséquences considérables (18-20). — V. L’homme ne doit pas aspirer à une situation dont il n’est pas digne, et où on ne le supporterait pas (21-23). — VI. L’homme doit, pour son bonheur dans ce monde et dans l’autre, imiter à l’aide de sa raison ce que font certains animaux par instinct (24-28). — VII. Les hommes doivent obéir à leur prince comme les bêtes sauvages se soumettent au lion, les oiseaux à l’aigle, et le menu bétail au bouc (29-33).
203* D’après Saadia, Agour, fils de Yaqé, est un disciple autrefois connu d’un certain Itiel. Il cite aussi l’opinion des docteurs d’après laquelle Agour, Itiel, Lemouel (XXXI, 1), seraient des surnoms de Salomon, et Yaqé celui de David.
204* C’est-à-dire : Comment se fait-il que chaque élément n’ait pas la nature qui est propre aux autres éléments, et que, par exemple, l’on ne puisse monter et descendre sur le feu comme sur la terre ?
205* Commentaire : Si, dans les temps anciens, il y avait eu quelqu’un qui possédât cette science, il l’aurait transmise à ses descendants ou à ses disciples, et il en resterait une trace.
206* La parole fausse, c’est l’infidélité à Dieu, et le mensonge, c’est le parjure.
207* C’est-à-dire : Ne prétends pas que ceux qui ont transmis les traditions des prophètes les ont faussées.
208* Saadia choisit cette signification comme cadrant le mieux avec le contexte.
209* C’est-à-dire celui qui rejette les traditions sur lesquelles les ancêtres sont unanimes.
210* C’est-à-dire que tu te taises et t’éloignes de lui, quand sa conduite ou ses manières te déplaisent.
211* C’est-à-dire celui qui ne sait pas plaider sa cause.
212* D’après le commentaire, ce mot signifie que le juge doit considérer les plaideurs comme des gens de passage qu’il ne connaît pas, ou bien qu’il doit savoir qu’on ne peut plus revenir sur l’arrêt, une fois passé, ou bien qu’il doit passer en revue les lois du code pour savoir dans quelle catégorie il peut faire rentrer le cas présent.
213* La femme vertueuse est, pour Saadia, l’image de celui qui est préoccupé de gagner sa vie, du savant qui veut étendre ses connaissances, et de l’homme pieux qui cherche à multiplier ses bonnes œuvres.
214* Ce mot désigne différents vêtements, couvrant une partie ou la totalité du corps. Voyez Dozy, Vêtements, s. v.
215* Litt. : Dans les places (où se tiennent les marchés et les tribunaux).
Tafsir Rasag : Version arabe des Proverbes dans : Œuvres complètes de R. Saadia ben Iosef al-Fayyoûmî, publication commencée sous la direction de Joseph Derenbourg continuée sous la direction de MM. Hartwig Derenbourg et Mayer Lambert. Volume Troisième. Paris : E. Leroux, 1893. [Version numérisée : archive.org].
Traduction du texte hébraïque : La Bible – traduite du texte original par les membres du Rabbinat français sous la direction de M. Zadoc Kahn Grand Rabbin. Tome II : Derniers Prophètes – Hagiographes. Paris (Durlacher), 1906. [Version numérisée : National Library of Israel].