Fondement de la Foi  | ראש אמנה

Chapitre 24. Objection importance faite contre l’explication précédente — Réfutation de cette objection

Traduction R. Benjamin Mossé (1884)


On a fait une objection contre notre précédente argumentation. On a dit que nos Docteurs ont fixé des principes à la Loi divine, dans la première Mischna du chapitre Héleq (Traité Sanhédrin, XC), en ces termes :

« Tous les enfants d’Israël auront part au monde futur, selon ce texte :

« Ton peuple tout entier est composé de justes qui pour toujours auront la terre en héritage » (Isaïe, l. X). Voici, toutefois ceux qui n’auront point de part au monde futur :

1° Celui qui prétend que la Loi n’enseigne pas la Résurrection des morts ;

2° Celui qui prétend que la Loi ne vient pas du Ciel ;

3° L’Épicurien.

Le rabbin Akiba ajoute :

4° Celui qui lit des livres étrangers et hostiles à à notre croyance ;

5° Celui qui, à-propos d’une plaie, prononce des enchantements, en invoquant ces paroles divines : « Toutes les plaies que j’ai mises sur l’Égypte, je ne les mettrai pas sur toi, car, je suis l’Éternel, ton médecin ! » (Exode, XV, 26).

Abba Saül ajoute encore :

6° Celui qui prononce le nom de Dieu avec les lettres qui le composent »1.

À propos de celui qui nie la Résurrection des morts, la Guémara explique « que c’est parce qu’il nie cette Résurrection, qu’il n’y sera pas compris, le Saint-béni-soit-il donnant à ses créatures selon leurs œuvres et les rétribuant selon leur conduite. »

Il résulte de ces paroles de nos Docteurs, continue l’auteur de l’objection, qu’il l’a dans la Loi des principes fondamentaux, tels que ceux dont la négation est punie, d’après eux, de la privation du monde futur, et que c’est, guidé par cette conviction, que notre grand Docteur, dans son Commentaire sur la Mischna en question, a énoncé les treize principes qu’il a formulés, en déclarant que c’était là le lieu convenable de les exposer.

Quant à moi, en méditant cette Mischna, je suis arrivé à y faire des objections auxquelles n’ont songé ni Raschi, dans ses explications, ni notre grand Docteur, dans son Commentaire.

Je crois devoir les rapporter ici et y répondre : Ce sera la complète solution de l’objection précitée :

Première objection : La Mischna dit : Tous les enfants d’Israël auront part au monde futur. Le terme part au monde n’est pas ici bien appliqué. La Mischna aurait dû dire : Tous les enfants d’Israël auront leur part du monde futur, ou : sont les enfants du monde futur ; ou enfin : sont aptes à là vie du monde futur. Pourquoi se servir du terme : part au monde futur ?

Seconde objection : Pourquoi la Mischna, n’ayant en vue que les négateurs et oubliant les fidèles, ne désigne-t-elle que ceux qui n’auront point de part au monde futur et néglige-t-elle de désigner ceux qui l’auront part.

Si la pensée des Docteurs de la Mischna avait été ici de formuler les principes fondamentaux de la Loi, auxquels tout fidèle doit croire, ils auraient dû énoncer et formuler ceux que l’on doit croire pour y trouver la vie et mériter par eux une part au monde futur, de même qu’ils ont formulé, dans cette hypothèse, les principes niés par l’incrédule, lorsqu’ils ont dit : « Voici ceux qui n’auront point de part au monde futur. »

Tel a été le procédé du grand Docteur, dans l’exposé des principes qu’il a formulés : il a cité ceux que le fidèle doit croire pour être digne de la vie future et que l’incrédule doit se garder de nier pour ne pas commettre de péché.

Troisième objection : La Mischna cite six cas où l’incrédule perd sa part de la vie future ; six cas, dont trois pris dans la catégorie des croyances, savoir : 1° Nier que la Résurrection des morts soit enseignée par la Loi ; 2° nier que la Loi vienne du Ciel ; et 3° être épicurien ; et trois pris dans la catégorie des actes, savoir : 1° Lire des livres étrangers à notre croyance ; 2° faire des enchantements, à propos d’une plaie, d’après Akiba ; et 3° d’après Abba Saül, lire le nom de Dieu, en prononçant les lettres qui le composent.

Or, pourquoi la Mischna ne cite-t-elle que ces six cas ? Pourquoi ne mentionne-t-elle pas, parmi les croyances, celles de l’Unité de Dieu, de la Création du monde, de la Connaissance de Dieu, de sa Surveillance, de la Rémunération, de la Venue du Messie ; et, parmi les transgressions pratiques, l’idolâtrie, l’inceste, etc. ?

Quatrième objection : Elle porte sur l’ordre illogique qu’ont suivi les Docteurs de la Mischna dans leur énonciation.

Ils placent en première ligne celui qui nie la Résurrection des morts ; en seconde ligne, celui qui nie que la Loi vienne du Ciel ; et troisièmement, l’Épicurien.

Or, bien que l’on ait expliqué, dans la Guémara, que par l’Épicurien, les Docteurs de la Mischna entendent celui qui méprise les Sages, il n’est pas douteux que ce mot ‘étranger s’applique à ceux qui suivent la doctrine d’Épicure, ce Sage (de la Grèce), qui niait l’Existence de Dieu et les autres principes rationnels, tels que l’Unité de Dieu, sa Connaissance du monde et sa Surveillance, selon que Maïmonide le rapporte au XIVe chapitre du IIe livre du Guide des Égarés.

Si la Guémara applique ce nom à celui qui méprise les Sages, c’est que nul homme n’atteint de soi-même le principe de l’Existence de Dieu ; nous en recevons la connaissance soit par la tradition, soit par la démonstration qu’en font les Docteurs, de sorte que celui qui méprise ces derniers qui proclament et font connaître l’Existence de Dieu aux autres hommes, nie par cela même l’Existence de Dieu qui est l’objet de leurs enseignements, et mérite ainsi le nom d’Épicurien.

Cela admis, l’ordre dans lequel ces croyances ont été rapportées dans la Mischna est étonnant. Les Docteurs auraient dû mettre en première ligne l’Épicurien, puis celui qui nie que la Loi vienne du Ciel, et enfin celui qui nie la Résurrection des morts.

Ainsi a procédé Maïmonide quand il a placé à la fin des principes qu’il a formulés, celui de la Résurrection.

Cinquième Objection : Cette objection porte sur ce que la Guémara exprime son étonnement, à propos du grand châtiment dont la Mischna menace celui qui nie la Résurrection des Morts, tandis qu’elle n’exprime pas son étonnement qui serait bien mieux justifié sur le même châtiment annoncé à celui qui fait des enchantements sur une plaie, et à celui qui prononce le nom de Dieu avec les lettres qui le composent.

N’y a-t-il pas lieu de s’étonner, au contraire, que ces deux derniers coupables soient privés de leur part à la vie future, et subissent ainsi un châtiment si grand, si peu en rapport avec leur crime ?

Réponse aux cinq Objections précédentes.

Pour répondre aux cinq objections que je viens de faire, je dirai que la Mischna en question nous enseigne que tout enfant d’Israël, soit qu’il ait pratiqué peu de préceptes, soit qu’il en ait pratiqué un grand nombre, aura une part au monde futur, car, par la pratique d’un seul précepte quelconque, il mérite la suprême récompense du monde spirituel, selon la réponse faite par les Sages de la Guémara (Abada Zara, ch. i, f. 17), à cet individu qui s’écriait : « Que suis-je pour être digne de la vie du monde futur ? », et auquel ils répondirent :

« N’as-tu pas observé un seul précepte ? » Ils lui apprenaient par cette réponse que par la pratique convenable d’un seul précepte, il avait mérité la vie du monde futur. Ils auraient pu le rassurer davantage par cette déclaration rapportée au Traité Hiroubin (ch. n, f. 19) : « Nul circoncis n’aura l’enfer en partage ! »

C’est, conformément à ces principes que nos Docteurs, ont enseigné « que tout enfant d’Israël aura part au monde futur. » Cet enseignement embrasse la nation tout entière et signifie : que quiconque porte le nom d’Israël est digne de la vie de l’âme.

Mais, comme la récompense du monde futur n’est pas égale pour tous les justes, chacun la recevant proportionnée à ses œuvres, selon ces paroles de nos Sages : « À chacun on fait une demeure conforme à sa dignité », ils ont employé ces termes : « Aura part au monde futur », pour dire que soit grand, soit petit, chacun recevra la bénédiction de l’Éternel proportionnellement à ses œuvres et aura une part dans la récompense suprême. Cet enseignement, ils l’ont déduit de ces paroles du Prophète : « Ton peuple est tout entier composé de justes qui pour toujours auront la terre en héritage », ce qui veut dire : que parce qu’ils sont le peuple de l’Éternel, ils sont tous au rang des justes, et qu’ils auront en partage la région de la vie, c’est-à-dire, le monde futur.

On peut encore expliquer ces paroles : Auront part au monde futur, en les rapportant à l’âme intellectuelle, parce que les méchants pendant leur vie sont appelés morts, — leur âme périssant avec la ruine du corps et n’ayant point de survivance ni d’éternité, — tandis que les enfants d’Israël, étant justes, grâce à leurs croyances et à leur Loi, ont une part préparée et servie d’avance, qui sera leur héritage au monde futur: cette part, c’est la survivance et l’éternité de leur intelligence et de leur âme. C’est ce qui explique pourquoi nos Sages ont dit : Auront part au monde futur ; et non : dans le monde futur.

Par là se trouve résolue ma première objection.

D’autre part, nos Docteurs n’ont pas eu besoin d’énumérer ceux qui auront part au monde futur, ni les principes auxquels il convient que les fidèles ajoutent foi, pour mériter cette part, puisque déjà ils avaient déclaré, au commencement de la Mischna, que tout enfant d’Israël aura part au monde futur.

Cela confirme mon opinion déjà rapportée, à savoir : qu’il n’est pas besoin de formuler dans la Loi divine des principes que doive croire tout enfant d’Israël pour mériter la vie future — ce qu’ont fait cependant Maïmonide et ceux qui l’ont imité⁻, — car, la Loi tout entière, et chaque verset, et chaque mot, et chaque lettre, sont des principes fondamentaux que nous sommes tenus de croire.

Voilà pourquoi nos Docteurs ont dit qu’il suffit à l’homme pour arriver à la vie future, d’être au nombre des enfants d’Israël qui marchent selon la Loi de l’Éternel et qui portent ainsi en soi leur récompense : le juste trouvant la vie dans sa foi.

Néanmoins, bien qu’ils déclarent que tout Israël aura part au monde futur, ils reconnaissent que doivent en être privés ceux qui pèchent en leurs âmes, à savoir : ceux qui prétendent que la Résurrection des morts n’est pas enseignée par la Loi ; ceux qui nient que la Loi vienne du Ciel, et l’Épicurien ; car, ceux-là, se mettant au rang des pécheurs d’Israël, perdent un immense bonheur et ne méritent point la vie future.

Et s’ils ne mentionnent que ces trois croyances et les trois transgressions dont elles sont l’objet, c’est que celui qui nie les croyances qui concernent la Loi, porte sa négation sur le Créateur-béni-soit-il qui lui a donné la Loi, et, par là, adopte la doctrine d’Épicure qui nie l’Existence de Dieu, son Unité, sa Puissance, sa Connaissance du monde, sa Surveillance, sa Justice, méprisant et raillant les Sages qui enseignent ces vérités ; ou bien, il porte sa négation sur la Loi elle-même, affirmant qu’elle ne vient pas du Ciel : car, tout en professant l’Existence de Dieu, son Unité et ses autres attributs, il nie que la Loi de Moïse soit divine et ait été donnée par l’Éternel du haut du Ciel ; ou bien, enfin, il porte sa négation sur celui qui reçoit la Loi, sur l’homme, lui contestant la Survivance de sa personne, par cette déclaration : « Que la Résurrection des morts n’est pas enseignée par la Loi », ce qui revient à dire : que l’âme, avec la force matérielle, périt en même temps que le corps, et n’a point de survivance, ni de résurrection après la mort.

Le négateur fonde sa négation sur l’absence de promesses spirituelles dans la Loi qui n’annonce qu’un bonheur matériel, et sur la spéculation rationnelle qui s’oppose à la croyance de la Résurrection. Or, la Loi n’enseignant pas cette croyance, il en résulte nécessairement pour le négateur, que cette croyance n’est pas véridique et qu’elle est sans fondement.

Il est donc évident que la Mischna a mentionné ces trois négations, en raison de leur côté rationnel, soit touchant le promulgateur de la Loi, soit touchant celui qui reçoit la Loi, soit touchant la Loi elle-même.

Et si elle a rapporté en première ligne la négation qui porte sur celui qui reçoit la Loi, c’est que l’homme étant plus près de soi que de personne, la Mischna rapporte premièrement comment le négateur a péché contre soi-même, s’étant fait le destructeur de son âme ; puis, elle rapporte la seconde négation qui est intermédiaire et qui porte sur la Divinité de la Loi ; enfin, elle rapporte la négation qui atteint Dieu lui-même et qui est comprise dans la désignation d’Épicurien.

Quant à Rabbi Akiba, il enseigne que non seulement sera privé de la vie future celui qui partage la doctrine d’Épicure, mais encore celui qui lit les livres étrangers à notre croyance, à savoir : les livres des hérétiques, selon l’explication de la Guémara, qui dit à ce propos : « Ce châtiment est dû à son engouement pour la doctrine des hérétiques et à son éloignement de l’Éternel.»

Rabbi Akiba ne fait ici qu’ajouter un trait de plus au caractère distinctif de l’Épicurien.

Il enseigne encore que par négateur de la Loi, on doit entendre non seulement celui qui prétend qu’elle ne vient pas du Ciel et qui en nie ainsi la Divinité, mais encore celui qui la dégrade en faisant des enchantements sur une plaie, au moyen de ces paroles de la Loi :

« Toutes les plaies que j’ai mises sur l’Égypte, je ne les mettrai pas sur toi, car je suis l’Éternel, ton médecin. »

Celui-là, d’après Akiba, n’aura, non plus, point part au monde futur, car, bien qu’il ne nie pas la Divinité de la Loi, il la déconsidère.

Déjà, la Guémara avait enseigné que ce pécheur sera privé de la vie future, parce qu’il invoque le nom de Dieu à propos d’une plaie, qu’il se livre à des actes qui engendrent le mépris de la Loi divine, et enfin qu’il exploite la couronne de la Loi : toutes choses qui impliquent la négation de la Divinité de la Loi, car, s’il croyait véritablement et parfaitement que la Loi est divine, il la traiterait avec respect et convenance.

Nous pouvons encore dire que le cas de l’enchanteur d’une plaie, rentre dans celui du négateur de la Résurrection des morts, parce que l’enchanteur a la prétention de ressusciter les morts et de guérir les malades par le souffle de sa bouche, ce qui est une négation concernant la Résurrection, d’après cet enseignement de nos sages (Traité Taanith, i, 2), à savoir: que la clef de la Résurrection des morts n’a été livrée à aucun messager ; Dieu lui-même a dit : « C’est moi qui fais mourir, qui fais revivre, qui frappe et qui guéris ! » (Deut. XXXII, 30).

Quant à Abba Saül, voyant que Rabbi Akiba ajoutait de nouvelles négations aux deux premières, à celles de la Résurrection des morts et de l’Épicurien, il a voulu, à son tour, en ajouter à la troisième, c’est-à-dire, à celle de la Non-Divinité de la Loi, et il a enseigné que non seulement serait privé des délices du monde futur celui qui nie la Divinité de la Loi ou qui la traite avec mépris, mais encore celui qui en découvre les secrets en se servant des paroles divines et du nom consacré de Dieu : tel est le sens des paroles d’Abba Saül que voici :

« Celui qui prononce le nom de Dieu avec les lettres qui le composent. »

« Celui, explique la Guémara, qui prononce le nom de Dieu en langue étrangère, hors du sanctuaire, dévoilant ainsi les secrets de ce nom ; ce qu’il ne fait que parce qu’il partage la croyance des adeptes d’Épicure, ou des négateurs de la Divinité de la Loi : croyance qui le porte à manquer de respect au nom consacré de Dieu, en le prononçant en langue étrangère et hors du lieu où il est sanctifié.

Il est donc évident que Rabbi Akiba et Abba Saül n’ont parlé que de choses qui se rapportent aux négations antérieures, énoncées par le premier Docteur de la Mischna, et qui y sont contenues, de sorte que, d’après eux, ceux qui nient la Résurrection, la Divinité de la Loi, le respect qui lui est dû, celui qui est dû aux croyances divines et aux noms consacrés de Dieu, seront également privés de leur part à la vie future.

Quant aux autres transgressions dont on peut se rendre coupable, le châtiment qu’elles méritent est écrit dans la Loi, ceux qui les commettent ne sont pas privés de la vie spirituelle, cette privation n’étant infligée qu’aux négateurs et aux criminels mentionnés dans la Mischna.

Ainsi se trouvent résolues à la fois la seconde, la troisième et la quatrième question que j’ai formulées.

Réponse à ma cinquième question

Dans la Guémara, qui explique la Mischna de Sanhédrin, où l’on énumère ceux qui n’auront point de part à la vie future, nos sages font cette question : Pourquoi infliger un si grand châtiment à celui qui nie la Résurrection des morts ?

Il est incontestable aux yeux de nos Docteurs: 1° Que celui qui nie l’Existence de Dieu et sa Divinité, n’aura pas en partage la vie du monde futur, qui est la récompense accordée par Dieu à ceux qui l’aiment et qui adorent son nom ; 2° non plus que celui qui prétend que la Loi ne vient pas du Ciel ; l’homme n’arrivant d’ordinaire à la vie future que grâce à la Loi, celui qui nie la Loi, ne peut mériter la récompense qui en découle.

Mais celui qui ne nie que la Résurrection des morts, c’est-à-dire, qui croit à l’Existence de Dieu, à son Unité, à son Incorporalité, à la Création du monde, à la Connaissance de Dieu, à sa Surveillance, à sa Justice, à la Divinité de la Loi, à son Éternité, à la Supériorité de notre maître Moïse et à tous les autres principes de la Loi, sans exception, et qui, néanmoins, croit en même temps que les morts ne retourneront pas à la vie, pourquoi celui-là aura-t-il un si grand châtiment qui le privera de sa part au monde futur et qui retirera à tous ses mérites et à sa foi leur prix et leur récompense suprême ?

La même objection a été renouvelée par l’auteur du livre des principes contre Maïmonide qui avait compté la Résurrection des morts au nombre des principes fondamentaux de la Loi, selon que cela a été expliqué aux chapitres trois et quinze du présent ouvrage.

Il n’est pas question, dans cette objection, de celui qui lit des livres étrangers à notre croyance, de celui qui fait des enchantements sur une plaie, ni de celui qui prononce le nom de Dieu avec les lettres qui le composent, parce que ces trois cas entrent dans les négations précitées et y sont compris, selon que je l’ai expliqué.

La réponse à cette objection est faite par la Guémara elle-même, en ces termes : « Celui qui a nié la Résurrection des morts ne doit pas avoir part à cette Résurrection. »

Ainsi se trouve résolue ma cinquième question.

Quant à connaître la nature du lieu appelé Monde futur ; quant à savoir, si c’est le Monde des âmes où l’homme s’élèverait immédiatement après la mort, si c’est l’époque même de la Résurrection des morts, ou bien l’époque ultérieure et suprême qui suivra la Résurrection et le Jour de Jugement ; quant à savoir, encore, comment le châtiment infligé au négateur de la Résurrection est conforme à la justice ; ce sont là des questions dont la solution exige une étude approfondie et qui ont soulevé les discussions des savants, dont je parlerai avec étendue dans le livre de Justice éternelle (Isédek-Olamim), que je compose.

Il ressort de tout ce qui précède que les Docteurs de la Mischna n’ont point posé de principes au sujet de la Loi, qu’ils n’y ont pas même songé, et que ce n’est que sous forme d’avertissements qu’ils ont mentionné les Négations qui privent l’homme de la vie du monde futur.

C’est dans le même sens que les Docteurs de la Guémara ont dit (Traité Rosch-Haschana, ch. I, 17) : « Que les hérétiques, les renégats, les épicuriens, les traîtres, les négateurs de la Résurrection des morts, ceux de la Divinité de la Loi, ceux qui s’écartent de la communauté d’Israël, ceux qui inspirent de fausses alarmes à leurs semblables qu’ils dirigent, dont ils sont les chefs ; ceux qui entraînent le public dans leurs crimes, tels que Jéroboam, fils de Nébat, et ses amis, tous ceux-là descendront dans l’Enfer, et y recevront une condamnation séculaire, etc., selon ce texte d’Isaïe, ch. LXVI : « Les justes sortiront et verront les cadavres de ces hommes qui pèchent contre moi, car le ver qui les dévorera, ne mourra jamais, et le feu qui les consumera, ne s’éteindra point, et ils seront un objet d’abjection pour toute chair. »

Il est donc évident que nos Sages n’ont pas rapporté les cas précités, comme principes fondamentaux de la doctrine du Judaïsme, mais seulement parce que ce sont là des transgressions graves, des actes coupables, qui obscurcissent l’intelligence, affligent l’âme, chassent l’homme du patrimoine des saints, de la vie du monde à venir.

Ainsi se trouve résolue entièrement l’objection en question, et ainsi se trouve confirmée l’opinion que j’ai formulée, à propos des Principes de la Foi, et qui a fait l’objet de ce livre.

Gloire et Louanges éternellement au Dieu Suprême et Béni !!

Amen ! Amen !

Bénie soit la Miséricorde divine qui m’a soutenu dans ce travail !

Ce livre : Rosh Emouna : Principe de la Foi, a été terminé le vendredi 22 Sivan 5327 de la Création, à Crémone.

Imprimerie Vicenso Conti.


1Ce qui n’était permis que dans le sanctuaire, où le Grand Prêtre bénissait le peuple en prononçant le nom de Dieu tel qu’il est écrit.

Le principe de la foi ou la discussion des croyances fondamentales du Judaïsme par Don Isaac Abarbanel. Traduit par M. le Grand Rabbin Benjamin Mossé. Impr. Amédée Gros (Avignon), 1884. [Version numérisée : Google].

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